Même si l'adrénaline fait son effet, Joyce sait parfaitement qu'ils finiront vite par les rattraper... Alors lorsqu'elle est sure qu'ils ne peuvent pas les voir grâce aux arbres et à l'obscurité elle attrape férocement Milo par le bras et plonge en un clin d'œil sous un tronc d'arbre arraché du sol par les racines, sans doute à cause d'une tempête lointaine. Mais la jeune femme se réceptionne mal et tout son poids s'appuie sur sa main droite, lui faisant malgré elle pousser un gémissement de douleur. Mais à la seconde même, Milo se jette sur elle et lui plaque une main sur la bouche pour la faire taire. A peine un instant plus tard ils entendent courir leurs trois bourreaux passer à quelques mètres d'eux, toujours hurlants de rages. Milo retient sa respiration, des gouttes de sueur perlant sur son front.
Lorsque leurs cris et leurs rugissements s'estompent enfin dans la noirceur de la forêt et de la nuit son cœur se calme quelque peu et il lache Joyce.
-Ta main... ça va?
Ils ne voient presque rien étant donné qu'à présent ils n'ont pour seule source de lumière que les étoiles, et par conséquent Milo ne voit pas à quel point la main de son amie est devenue violette et gonflée.
-Je vais bien. Mais il ne faut pas rester ici.
Elle se relève, regarde une dernière fois derrière elle dans la direction où Sean et les deux autres sont partis mais ne voit rien. Elle décide de partir dans la direction opposée, espérant trouver quelqu'un même si elle sait bien que la route la plus proche est à trois heures de marches et même en courant, dans leur état ils n'y seront pas avant au moins deux heures. Malheureusement c'est leur seule et unique chance.
Elle veut se remettre à courir mais Milo la retient par le bras.
-Joyce... -Quoi? Il faut partir! Maintenant! -Je suis désolé pour... ce qu'on a fait. -Ne sois pas désolé. On n'avait pas le choix et de toute façon c'est moi qui t'ai convaincu de le faire. Mieux vaut ne plus en parler. -Je... je t'ai fait... mal? -Je viens de te dire de ne plus en parler Milo! S'apitoyer sur notre sort est la dernière chose à faire. Maintenant viens!
Elle glisse sa main gauche dans la sienne et ensemble ils se remettent en route, mi-trottinant, mi-courant à la moindre entende d'un bruit suspect.
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Cela doit faire une cinquantaine de minutes qu'ils se sont enfuis et plus ils s'éloignent du campement plus l'espoir naît peu à peu en eux.
Ils continuent de trottiner même si l'épuisement et la fatigue essayent de prendre le dessus. Ils ne se lâchent pas la main, sachant tous les deux que se soutenir mutuellement est la chose la plus importante s'ils espèrent réussir.
Soudain Milo la lache et s'effondre sur le sol, un hurlement strident lui sortant du fond de la gorge. Joyce se tourne vers lui à la vitesse de la lumière et voit avec horreur malgré l'obscurité ambiante, le mollet de Milo, broyé par un piège à loup. Il continue de hurler à se rompre les cordes vocales, à moitié allongé sur le sol et se tenant la jambe qui pisse le sang et qui tremble instinctivement.
Joyce est agenouillée près de lui, les mains déjà couvertes de son sang ne sachant pas quoi faire. Et d'un coup, tout l'espoir qui avait naquit en elle s'évapore en une fraction de seconde et la première pensée qui apparaît alors dans son esprit est: peut être qu'après tout... c'est notre destin de mourir ici, et que quoi que nous fassions nous n'y échapperons pas.
