Chapitre 12 : La femme qui criait au loup : Aaron

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   Savannah et David sont heureux ensemble et cela crève les yeux.

Le bonheur se lit dans le regard, quelques clins d'œil volés, des œillades complices. Le bonheur se traduit dans un petit rire, un sourire adorateur, dans les simples petits gestes du quotidien. Il se voit à la contemplation de l'autre comme s'il était notre tout et qu'absolument rien autour n'avait d'importance.

Le bonheur est une bulle qui fait des envieux dans mon genre, des malades d'amour qui sont témoins plus qu'acteurs et qui n'arrivent plus à supporter le poids pesant de la solitude.

Mon regard glisse inconsciemment vers la porte de la chambre d'Alysson, enfermée depuis plusieurs instants à présent, sûrement occupée à ruminer les évènements de la matinée. Dire que j'ai eu mal en la voyant dans un tel état est un vulgaire euphémisme. La personne que j'ai vue n'était pas Alysson, non, la femme qui se trouvait face à moi n'était qu'un concentré de haine et d'animosité, une personne tourmentée qui cherchait à se faire du mal afin de vainement se soulager, poussée par le désespoir et un profond malheur.

Je ne l'ai pas reconnue et durant un court instant, j'ai souhaité me tromper. Pourtant, la vérité était bien en face de moi, amère, sale, injuste. Je me souviens de la vive déchirure au cœur que j'ai ressentie en la regardant, je voulais l'étreindre, la protéger, la rassurer. Je voulais la voir sourire, la faire rire. Je voulais lui arracher son chagrin, la rendre heureuse.

Alysson n'est pas celle qu'elle prétend être, j'en suis intimement convaincu et parmi toutes les personnes réunies ici, elle est celle qui mérite le plus d'être heureuse, en paix.

- Arrête d'attendre, me lance doucement David.

- J'ai vraiment envie qu'elle se joigne à nous.

- Elle viendra lorsqu'elle se sentira prête, affirme mon ami. Alysson a besoin de beaucoup de temps, sa vie n'a jamais été facile.

- Elle a besoin d'aide aussi, ajouté-je. Si seulement elle n'était pas aussi têtue.

David acquiesce.

- Elle a besoin que quelqu'un soit patient avec elle. C'est une personne qui ne supporte pas le changement et sa vie a radicalement changé.

- Je comprends, dis-je.

Nous nous taisons quelques temps, je regarde avec lassitude l'écran de mon téléphone, décidé à répondre aux messages de ma sœur, enragée que j'aie pu l'abandonner à noël. Je ne pouvais pas faire autrement, ce sont les affaires qui m'ont conduit ici et je n'aurai pas pu annuler mes réunions, quand bien même j'aurai préféré passer noël avec Amadea.

- Et si tu déménageais à New-York, balance soudainement David.

Je ris.

- Amadea fera de moi de la pâtée pour chien, plaisanté-je à moitié. Et puis El Castillo d'El León est mon chez moi, c'est l'endroit où je me sens le plus à l'aise.

- J'ai toujours su que ce château comptait pour toi.

Alysson sort enfin de la chambre, l'air morose. Elle n'est plus aussi énervée mais son humeur semble tout aussi massacrante qu'à l'accoutumée. Je lui décroche un maigre sourire lorsque nos regards s'accrochent. Elle étudie les traits de mon visage puis à ma grande surprise, ses lèvres s'étirent imperceptiblement et elle m'offre ce que je crois être l'ombre d'un sourire.

Mon cœur rate un battement au creux de ma poitrine, épris d'une euphorie nouvelle. Comment un moindre sourire peut-il provoquer une telle émotion en moi ?

- Ça va mieux ? chuchoté-je à son égard lorsqu'elle prend place à mes côtés.

- Je suppose.

- C'est déjà un bon début, acquiescé-je, bien content de la savoir légèrement soulagée.

Aime-moi (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant