Chapitre 3 : Un duc solitaire : Aaron

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Je m'ennuie ferme.

Les jours qui se succèdent se ressemblent inlassablement entre eux. Rien ne sort de l'ordinaire. Rien ne se démarque du lot. C'est une boucle infinie, un mauvais film qu'on revit chaque jour, une chanson qu'on écoute en boucle et qui un jour, finit par nous lasser.

Je sais que n'ai pas le droit de me plaindre : je vis dans un immense château perché le haut d'une falaise et qui se dresse fièrement contre des montagnes enneigées s'étendant à perte de vue.

Lorsque je prends le temps d'admirer cette nature farouche et inchangée, je sens naitre en moi une agréable sensation d'impuissance, je me soumets face à cette nature sauvage de mon propre gré, étourdi par la grandeur de la vie.

J'apprécie cette solitude, vivre reclus ne me dérange en aucun cas, sauf que parfois, étendu sur mon lit, entouré d'un assourdissant silence avec pour seule compagnie les battements erratiques de mon cœur, je me sens affreusement seul.

Il y a des moments où perdu dans mes sombres pensées, je me demande si El Castillo d'El León (château du lion) sera un jour empli de cris de bonheur et de joie, peuplé d'une ribambelle de petits bambins qui courent dans les jardins et qui s'amusent d'un rien, insouciants du monde qui les entoure.

Le château est une très ancienne bâtisse, gardée à l'entrée par deux imposantes statues de lions en bronze, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même, sinistre, cafardeuse, qui repousse presque tout individu désireux de s'approcher de près ou de loin de l'endroit.

Parfois, les gens s'imaginent que quelqu'un qui vit dans une aussi sombre demeure ne peut être que monstrueux, ils se mettent alors à ragoter, à inventer de folles rumeurs pour nourrir la curiosité que l'endroit leur inspire, que je leur inspire également.

C'est déprimant.

- Tu peux partir, lancé-je avec lassitude à Mercedes allongée à mes côtés.

Elle me regarde avec une incompréhension totale au fond de ses yeux opaline. Elle fait la moue puis s'accroche à mon cou dans un ultime geste de désespoir.

Je la rejette sans ménagement.

- Pourquoi ? demande-t-elle incrédule. J'en veux encore.

J'arque un sourcil, flatté par la vue cette femme fatale, totalement soumise à mon emprise. Elle est si belle que pendant plusieurs jours, je l'ai courtisée sans relâche, hypnotisé par la lueur féline au fond de son regard, embobiné par les courbes sensuelles de son corps de déesse.

Elle est sûre d'elle, confiante, ambitieuse. Mercedes est mon genre de femme : une femme fatale, capable d'ensorceler un homme d'un simple regard.

Pourtant, s'il y a bien une chose que je hais plus que tout, c'est le fait qu'on me tienne tête. J'aime l'autorité, j'aime le fait qu'on obéisse à mes ordres, les femmes insistantes ne font jamais bon ménage.

- Je vais travailler, lancé-je en baillant.

- Je peux rester avec Amadea, tente-t-elle une nouvelle fois.

- Amadea ne t'aime pas, l'informé-je en m'étirant bruyamment puis remarquant sa grimace, je lui lance : ne fais pas ta surprise.

Je me lève de mon lit puis agrippe une chemise noire que j'enfile, suivie d'un pantalon de la même couleur. J'ignore Mercedes puis entreprends de remettre mes cheveux en ordre.

Au bout de plusieurs minutes et sentant sûrement que je commence à perdre patience, elle se décide enfin à se rhabiller, pour mon plus grand bonheur.

Aime-moi (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant