Chapitre 15 : La rééducation d'Alysson : Aaron

5K 451 28
                                    

   Faire émerger Alysson de son profond sommeil aurait dû figurer parmi les douze travaux d'Héraclès. Vulgaire, elle ne tarit pas d'insultes à mon égard, j'en ai entendu tellement que je ne m'en rappelle même pas du quart. Son vocabulaire cru, son aisance à déblatérer des injures et son entêtement à rester sous ses couvertures auraient dû me rebuter sauf que d'un caractère aussi borné que le sien, je ne m'arrête que lorsque ses yeux sont grands ouverts.

Ravi de ma victoire, je lui tire un sourire satisfait, accueilli par un regard assassin.

- Prépare-toi, lui intimé-je. On y va dans quinze minutes.

Scandalisée, elle émerge enfin du royaume de Morphée.

- Trente !

- Vingt et ce n'est pas négociable.

- Je te déteste, maugrée-t-elle en se hissant sur son fauteuil roulant.

Je propose de l'aider mais cette dernière refuse catégoriquement mon aide.

- On se retrouve au salon dans ce cas.

Je sors de sa chambre et avale rapidement les pancakes préparés par Savannah.

- Ils sont vraiment délicieux, la complimenté-je tandis qu'Alysson sort enfin de son antre.

- Merci.

- Tu te sens prête ? demandé-je à l'égard de la nouvelle arrivante.

- Non, j'ai envie de dormir.

- Tu dormiras en voiture, viens à présent, tu mangeras en voiture également.

Je lui emballe des pancakes dans un Tupperware et la presse à me rejoindre, nullement désireux de rater son rendez-vous.

Le trajet en voiture commence plutôt bien, je me contente de conduire tandis que les yeux d'Alysson étudient avec minutie les paysages qui défilent devant elle. Dans cet habitacle, l'atmosphère est sereine et j'apprécie le silence qui plane sur nous.

- Pour être honnête, commence-t-elle en brisant le silence. Je n'ai pas grand espoir de remarcher un jour.

- Pourquoi dis-tu cela ?

- Je ne sais pas trop, répond-t-elle pensivement. J'ai l'impression d'avoir en face de moi une montagne infranchissable.

- Détrompe-toi Alysson, la contré-je. S'il y a bien une personne capable de franchir une montagne c'est bien toi.

- Comment peux-tu en être aussi sûr ?

- Il n'y a qu'à voir la combativité dont tu fais preuve, ton insolence, ta manie de ne jamais te laisser faire. Tu es une force de la nature alors ne baisse pas les bras.

- Je ferai de mon mieux.

- C'est ce que je voulais entendre.

Nous continuons à rouler en silence. Il y a bien longtemps que j'aie accepté le fait que cette femme faisait naître en moi une myriade de sentiments contradictoires. D'une fougueuse attirance à une sourde colère, passant par un besoin inexplicable de la protéger, je ne comprends même plus ce que je ressens.

J'ai abandonné l'idée de poser une étiquette sur les émotions qui me tourmentent, je profite simplement du présent, certes contrarié qu'elle ne se soucie pas de moi comme je le souhaiterai mais tout de même content de passer du temps avec elle.

- Et si on mettait un peu de musique ? propose-t-elle.

- Fais-toi plaisir.

D'un geste, je lui tends mon téléphone. Son expression confuse me laisse dubitatif.

Aime-moi (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant