Bonjour à toutes et à tous! J'espère que vous avez passé de joyeuses fêtes :) Voici l'avant dernier chapitre de Virée nocturne, que je suis très contente de poster. Profitez-en bien ! Gros bisous et merci à ceux qui suivent et prennent le temps de lire mes histoires, c'est très motivant quand une passion est partagée ;)
La chaleur a été suffocante aujourd'hui. Je suis complètement passée à côté des cours, vu que les discours des profs me parvenaient déformés par un épais coton flou, aux barrières de mes oreilles. Je suis restée immobile durant des heures, la tête appuyé sur la main et les sourcils froncés, à tenter en vain de me concentrer sur ce qu'ils racontaient.
De toute façon, je n'ai plus le courage de me forcer à faire quoi que ce soit depuis longtemps... l'avantage, c'est que mes parents ont l'air beaucoup plus compréhensifs, et mes petits frère et sœur, bizarrement, sont plus calmes.
Je sais que mes parents sont inquiets, et qu'ils essayent de former un climat encourageant autour de moi.
Nous sommes bientôt arrivés à la fin de l'année scolaire et plus personne n'en a rien à faire du lycée, désormais. Il n'y a que moi pour flipper sur mon année de terminale à venir et sur mon bac qui sera, je le sens, un vrai fiasco si je ne me réveille pas et me remets à bosser pendant les vacances. Je suis très stressée.
Bref, ce soir, j'avais besoin de sortir décompresser un peu.
Il y a quelque-chose d'étrange et d'inhabituel dans l'air... je me demande si ce n'est pas à cause des vapeurs méphitiques des pots d'échappements qui remontent du sol, en même temps que l'humidité étouffante, pour venir me coller à la peau. Des ondes de chaleur émanent du béton pour lécher mes chevilles, et mon regard s'arrête un moment sur l'asphalte sombre, dont les bords ne vont pas tarder à fondre, si ça continue.
Devant moi, des gens qui se pressent pour regagner la fraîcheur de leur domicile me jettent des oeillades étonnées. Je suis bien la seule qui semble profiter de cette drôle d'ambiance.
Un homme d'affaire qui braille au téléphone me heurte l'épaule en me dépassant, et se démène avec sa veste imprégnée à sa chemise trempée de sueur.
Je sors ensuite un élastique de la poche de mon short pour relever mes cheveux, et ainsi apporter un peu d'air à ma nuque.
Comme à mon habitude, je ne sais pas où je vais, mais j'y vais.
Mon esprit tout comme mon corps flânent, pendant que défilent des rues plus ou moins animées, des passages piétons et des devantures de boutiques, pour touristes essentiellement. Des effluves des restaurants gastronomiques et des tacos du coin se mêlent en un cocktail unique et diversifié, comme la population cosmopolite qui se déverse sur les trottoirs.
Le ciel est dégagé, et malgré toutes les illuminations synthétiques de la ville nocturne, je parviens à distinguer le firmament étoilé d'encre. J'ai l'impression que les étoiles me suivent.
Mes pas me portent inconsciemment -ou peut-être pas tant que ça !, vers ce quartier...
Ce quartier silencieux où je m'étais égarée, quand tout avait commencé.
Et, fidèle à lui-même, je n'y trouve pas un chat.
Malgré moi, j'espère apercevoir une tête blonde émerger au loin...
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la certitude que ce soir, c'est différent. Je le sens... je le sens tout près.
Je me mets à ricaner. Je suis stupide. L'été naissant aura eu raison de moi. Je dois avoir le cerveau qui fume.
Et au moment où je songe à tout ça, la chaleur paraît prendre un degré de plus. C'est sûrement psychologique, mais j'aimerais tellement prendre de l'altitude, pour échapper à ces vapeurs !
En relevant la tête pour observer les étoiles, mes yeux se posent soudainement sur les toits du quartier, telles les ailes d'un oiseau. Ils me surplombent avec un air hautain.
Et si j'osais ? Ils n'ont pas l'air si hauts...
Louise, yamakasi en herbe. Décidément, on n'arrête pas le progrès.
Mon choix se porte sur le toit d'une maroquinerie fermée, qui sera ma victime. Mais c'est plutôt moi qui serais sa victime si je me gamelle...
L'excitation du danger réveille mes terminaisons nerveuses avec autant d'efficacité qu'un troisième café matinal.
Je repère des marches sur le côté. Pratique.
Je grimpe au sommet, puis commence à me hisser sur les tuiles à l'aide de la gouttière. Heureusement qu'il n'y a personne ici, je dois avoir l'air ridicule !
Mais c'est plutôt amusant. Il y a quelques failles dans le mur de pierres, et je profite de ces prises pour sécuriser mes pieds.
Enfin, je m'affale sur le rebord du toit comme un cachalot qui s'échoue sur une plage abandonnée.
Je me relève avec le peu de dignité qui me reste et m'approche lentement du vide...
C'est assez impressionnant. De là où je me trouve, je peux voir toute la ville s'étendre sous mes yeux ébahis, pareille à une mer de béton, de pierres et de tuiles piquetée de points brillants. C'est incroyable comme de simples changements de repères peuvent bouleverser notre vision du monde !
Je fais tout le tour du toit, la bouche ouverte, émerveillée. La beauté du décor urbain m'hypnotise.
Sur le dernier rebord, je me stoppe brusquement.
Il y a quelqu'un.
J'esquisse un petit sourire. Visiblement, je ne suis pas la seule qui ait eu envie de m'évader. Je scrute les contours de cette silhouette tranquille, dissimulée dans l'ombre des cheminées voisines.
Je décide de me rapprocher. Je ne sais pas pourquoi je halète autant. Est-ce la faute de la montée du mercure ou de cette présence mystérieuse ?
La personne est vêtue d'un débardeur blanc et d'un jean.
Mais ce ne sont pas ces détails qui me coupent brutalement la respiration.
Ce sont ces cheveux. Blonds aux mèches dorées.
« Louise ? »
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Virée nocturne
Mystery / ThrillerV ous savez, ce que j'aime le plus dans la vie, c'est la nuit en ville. Je suis I ntrépide, comme le dit ma mère, car dès que le ciel prend des teintes de R ose et d'orangé, je me sens attirée par les ruelles et l'air frais, E t je ne peux m'empêche...