Alice au pays de l'encre [Tome 1] ✓

Chapitre 4 : Retrouvailles

Elle courait à toute allure pour échapper au monstre qui la poursuivait. Elle pouvait déjà voir la bave qui dégoulinait le long du menton et ses crocs acérés se rapprocher d'elle. Sa tête difforme sur laquelle coulait de l'encre en permanence cachait ainsi ses yeux. La créature leva une patte griffue et la projeta sur elle. Elle ne sentit qu'une douleur immense et un voile noir tomba devant ses yeux.
Puis...

Elle se réveilla en sursaut. Alice reprit vite son souffle. Son cœur cognait à toute allure dans sa poitrine. Elle cligna plusieurs fois des yeux afin de se remémorer tout ce qui s'était passé. Elle avait échappé à son père, elle le fuyait depuis un an puis il l'avait retrouvée. Et maintenant, elle se retrouvait dans le studio abandonné. Son souffle était de nouveau calme et son cœur avait repris un rythme normal. Ce cauchemar était vraiment affreux. Elle frissonna, espérant que son cauchemar ne deviendrait pas réalité. Elle regarda autour d'elle. Ah oui c'est vrai ! Elle s'était endormie en dessous de la table où travaillait Henry il y a longtemps de cela.

Elle soupira, se leva et prit son sac à dos. Elle regarda les murs et continua de marcher jusqu'à s'arrêter devant une inscription sur le mur. Elle lut :

« Les rêves deviennent réalité »

Ah ben non ! Elle n'avait absolument pas envie que son cauchemar devienne réalité. Elle préférait encore le voir en rêve. De toute façon, cette phrase ne voulait rien dire. Comment des rêves pouvaient devenir vrais ? Au sens littéral du terme, ça ne fonctionnait pas. Elle reprit sa route comme si de rien n'était.

Ses pas l'amenèrent jusqu'à une drôle de salle. Sur un panneau, au-dessus de l'entrée, était inscrit « Ink Machine » et au centre de la pièce se trouvait une machine énorme et gigantesque.

Impressionnant ! Mais depuis quand cette machine était là ? Elle ne se souvenait absolument pas de sa présence lorsqu'elle était petite. La machine était grise et touchait le plafond due à sa hauteur. Le tuyau qui en sortait l'intriguait au plus haut point. Qu'y avait-il à l'intérieur ? Elle se rapprocha, pencha la tête sur le côté et jeta un coup d'œil à l'intérieur du tuyau. Bon il n'y avait rien si ce n'était un noir absolu. Que pouvait bien faire une machine à encre ici ? Elle tressaillit. Elle ignorait ce que son père avait fait ou avait eu l'intention de faire mais ce n'était certainement pas dans de bons intérêts. Elle était tellement perdue dans ses pensées qu'elle ne sentit pas l'ombre qui se glissa derrière elle. C'est lorsqu'une main se posa sur une épaule qu'Alice se retourna brusquement. Mais il n'y avait rien. Était-ce une simple impression ou quelqu'un avait réellement posé sa main sur son épaule ? Elle l'ignorait. Elle ne vit pas la flaque d'encre à ses pieds ni l'ombre se mettre derrière elle de nouveau. Celle-ci lui prit les deux épaules et la retourna de force vers elle montrant ainsi son vrai visage.

PDV Alice

Je m'étais retournée quand j'avais senti quelque chose me toucher l'épaule mais il n'y avait personne. J'avais malheureusement parlé trop vite. On me prit soudainement les deux épaules pour me forcer à me retourner. Ce que je vis fut pire que mon dernier cauchemar. Le monstre qui se tenait devant moi était complètement difforme. Son corps était composé d'encre et celle-ci dégoulinait sur son visage me cachant ses yeux. Non tout ce que je voyais, c'était ce sourire. Un sourire qui me faisait vraiment peur.

D'ailleurs j'étais complètement tétanisée. La créature, elle me fixait, (je suppose) et je pouvait sentir son souffle sur mon visage. En plus il était vachement plus grand que moi ! Moi qui faisait 1m70, lui devait au moins faire 2m. Bon j'avoue que ce n'était pas le plus important. Je réussis cependant à bredouiller un mot :

« B..b..bo..bonjour.r ».

Je crois que j'avais réussi à le surprendre ou alors est-ce qu'il ne comprenait pas un mot de ce que je disais ? Ma théorie tomba à l'encre quand il me répondit :

« Alice... »

Euh.. Comment connaissait-il mon prénom ??

« Qui.. Qui es-tu ?, demandais-je timidement.

- Tu ne me reconnais pas Alice ? »

Je faisais signe que non.

« C'est bien dommage, murmura-t-il, je ne te lâcherai pas tant que tu ne devineras pas »

Je déglutis difficilement. Sa voix était grave et profonde. Sa tête me rappelait vaguement quelqu'un. Mais je n'y arrivais pas. Mon cerveau semblait avoir effacé ce souvenir sur le coup de la peur.

« Je... je.. Je ne sais pas, avouais-je.

- Vraiment ?

- Je... suis désolée...

- Hmmm.. »

Je me demandais comment il allait réagir. Je retenais mon souffle en attente de sa réponse.

« Hé bien, dans ce cas, je devrais peut-être te rafraîchir la mémoire, ricana-t-il.

- Je.. », commençais-je.

Mais je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit que le monstre d'encre me traîna par le bras en dehors de la salle. J'avais peur des représailles. Mais quelque chose en moi me disait que je venais de retrouver quelqu'un que j'avais perdu il y a longtemps de cela.

Fin du PDV d'Alice