Alice au pays de l'encre [Tome 1] ✓

Chapitre 6 : Bacon soupe

Alice avait du mal à garder les yeux ouverts. Elle sentait qu'elle allait s’endormir à tout instant. Après tout, elle avait passé plusieurs heures à tourner en rond dans le studio avant de tomber sur un monstre d'encre. Puis il l’avait trainée ici de force et elle regardait ainsi depuis elle ne savait combien de temps des dessins animés sur Bendy, même si elle les connaissait tous depuis qu'elle était petite. Elle sourit tristement, que de vieux souvenirs enfouis en elle ! Elle jeta un coup d’œil sur le côté. Le démon était debout, accoudé sur le projecteur et regardait le cartoon avec un grand sourire. Rectification : il avait toujours ce sourire. En tout cas, Alice sentit ses yeux se fermer. La dernière chose qu'elle vit, fut le mignon petit Bendy en train de danser et de chanter, avant de sombrer dans un profond sommeil.

PDV ???

Je regardais l'écran depuis un bout de temps lorsque je vis la jeune fille s'affaisser lentement sur la chaise, sa tête ayant lentement glissé sur le côté. Je m'approchai discrètement pour ne pas qu'elle m’entende et me mis à la détailler. Elle s'était simplement endormie. Son souffle était régulier et soulevait quelques mèches de ses cheveux se situant devant ses yeux fermés. Elle était adorable… enfin non… euh.. ce n'est pas le moment d'avoir ce genre de pensées. Elle n’allait pas dormir sur une chaise toute la nuit quand même. Je la pris dans mes bras et la transportais ailleurs. Je tournai dans plusieurs couloirs, rencontrant quelques monstres d'encre qui me laissèrent passer sans poser de questions. Je m’arrêtais puis ouvris une porte avec un coup de pied. Je rentrais et déposais mon fardeau, faut dire qu'elle pesait son poids quand même, sur le lit dans la pièce. Je lui mis une couverture et plaçai sa tête correctement sur l’oreiller. Je soupirai. Ce n’est pas croyable. Elle arrivait à dormir paisiblement dans de telles conditions. Même moi, je n'arrivais plus à dormir, voire très peu. Je sortais de la pièce afin de la laisser dormir tranquillement. En sortant de la pièce, je pris une boîte de bacon soupe et la posais sur la table. Elle risquait d'avoir faim en se réveillant. Après tout, elle était humaine, elle. Puis je sortis en verrouillant fermement la porte.

Fin du PDV de ???

Alice se réveilla d'un coup. Elle avait encore fait le même cauchemar. Elle frissonna de la tête aux pieds. Elle regarda autour d'elle. Elle n’était plus dans la salle de cinéma. Elle était désormais dans un lit sur lequel il y avait une couverture qui la recouvrait. Elle fit les yeux ronds. Pourquoi ? Comment ? Le démon l'avait déplacée jusqu'ici ? Elle se leva de son lit de fortune et entreprit d'explorer la pièce dans laquelle elle se trouvait. Lorsqu'elle sortit, elle vit une drôle de boîte posée sur la table.

Elle s’approcha, la prit, l’ouvrit et regarda l’intérieur. C’était une matière noire, entre le liquide et le gluant. Elle grimaça. Il ne pensait tout de même pas qu’elle avalerait ce truc bizarre. C’est alors qu'elle aperçut la porte. Elle se dirigea vers celle-ci et tenta de l’ouvrir. En vain. Mais est-ce que toutes les portes d'ici étaient toutes aussi difficiles à ouvrir ? Ou alors elle n’avait pas de force ? C’est là que la porte s’ouvrit d’un coup, manquant de peu de l’écraser contre le mur. Le monstre était revenu et la dévisageait.

« Tu n'avais tout de même pas l'intention de partir ?, lâcha-t-il.

-Non.. pas du tout.

-Tu mens très mal.

-Bon euh un peu..

-Sans même me dire au revoir ?, lâcha-t-il d'un ton ironique.

-…

-Tu en restes sans voix ? Comme tu veux. Mais n'imagines pas que tu vas pouvoir me filer compagnie aussi facilement ».

Alice déglutit lentement. Le démon s’avança tout en fermant la porte derrière lui pour ne pas qu’elle s’échappe. Il alla s'asseoir sur le canapé, qui se trouvait ici depuis le début et qui ne s'était pas déplacé sur ses petites papattes, s'assit et resta là à.. euh.. réfléchir ? Les gargouillements du ventre d'Alice vinrent rompre ce silence pesant.

« Tu n’as pas mangé ?, lui demanda-t-il.

-Euh non, avoua-t-elle.

-Pourquoi ? Je t’ai laissée de quoi te nourrir, dit-il en montrant la boîte.

-Euh tu parles de ce truc bizarre ? Non merci.

-De toute façon tu n’as pas le choix, c’est soit ça, soit rien.

-…

-J'imagine que tu devais bien manger chez ton père. Joey devait bien te nourrir alors, déclara-t-il d’un ton rageur.

-QUOI ?? NE ME PARLE PAS DE CE MONSTRE ! MAIS ALORS SURTOUT PAS !

-Et pourquoi ? Qu’est ce que tu vas faire ? Me foncer dedans ? T’asseoir sur moi ???, lui répondit-il d'un ton sarcastique.

-Pourquoi pas ?, fit la jeune fille très énervée en serrant les poings.

-Oh vraiment ? Je serais curieux de voir ça ! », lui lança-t-il.

Alice hurla de rage et se jeta sur le monstre d'encre. Celui-ci, légèrement surpris, et ne s’y attendant pas, eut un léger mouvement de recul, ce qui eut pour effet de le faire s'allonger sur le divan, tandis que la jeune fille lui sauta dessus. Ils se retrouvèrent dans une drôle de position. Lui, étant allongé, un bras levé ayant saisi un de ses deux bras et elle, assise à califourchon sur lui. Si quelqu’un était rentré, il se serait certainement posé des questions, néanmoins, les deux étaient bien trop occupés à se lancer des regards noirs. Alice n’arrivait pas à défaire son bras de la poigne du démon. Celui-ci resserra son étreinte afin de l'obliger à se rendre. C’est là qu'il se rendit compte de la position dans laquelle ils étaient.

« Hum.. Tu peux descendre s'il te plait ?

-Et pourquoi ? Je te gêne ?, lui cracha-t-elle au visage.

-Oui un peu..

-Je ne descendrais pas, je veux que tu arrêtes de parler de mon père, ensuite je veux que tu répondes à mes questions, que tu me dises qui tu es, comment tu me connais mon père et moi ?

-Ça fait beaucoup de questions.

-Et alors ??

-Dans ce cas, je suppose que tu n'es pas gênée par ce genre de positions.

-Qu’est-ce que ? », lâcha-t-elle avant de regarder.

Alice descendit à la vitesse de l’éclair avant de se tourner vers l’autre.

« N’y pense même pas !

-A quoi ?

-Ne fais pas l'innocent !

-Je n’ai pensé à rien du tout.

-Mais oui… »

Un silence pesant a fini par s’installer entre eux. L'une regardant la porte et l’autre fixant le mur, les bras croisés sur la poitrine, allongé sur le canapé et chacun boudant dans son coin. Alice soupira. Comment allait-elle sortir de cette situation ?