2 | PARTIE UNE

259 33 34
                                    

P R É C É D E M M E N T

« Je gisais à terre, roulée en boule, et des larmes brûlantes coulaient sur mon visage. Elle avait gagné. Malgré la douleur, je me mis à rire. »

THÉTORIS, SKHIRA, les terres brumeuses11 jours plus tard

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

THÉTORIS, SKHIRA, les terres brumeuses
11 jours plus tard

YUMI SAÏGO

MON KATANA EN MAIN, J'OBSERVAI LE SANG âcre s'écouler du cou rompu de la chimère, tâchant progressivement la neige. Le souffle haletant, j'entendis les pas de Kyon derrière moi, toujours calme et avenant. Le vent souffla, mais, habituée aux températures glaciales qui demeuraient à la surface des terres de Thétoris, je n'esquissai pas le moindre geste.

« Il s'agissait de la dernière. » Lui intimais-je, et dans un bruissement lorsqu'il m'effleura la joue, je le sentis hocher la tête.

« Bien. » Approuva-t-il. « Rentrons, je dois de nouveau inspecter ta plaie. » Il grogna en désignant la tâche rouge qui imbibait grassement mon tee-shirt.

Depuis l'ascension que Mariko avait passé avec brio et la plaie qu'elle m'avait infligée, j'avais du mal à remplir mes devoirs d'éclaireuse, et de gardienne, dans la mesure même où ma blessure m'empêchait toute confrontation aux démons majeurs, me cantonnant aux chimères dénuées de tout sens distinct. Ces chimères, la plupart du temps, restaient concentrées dans les zones sombres et peu fréquentées des villes, là où le désespoir favorisait et confortait leurs statuts démoniaques, et contrairement aux véritables démons, ne ressentaient pas le besoin de se nourrir. Un lieu habitable pour elles étaient synonyme de mort pour un humain lambda. Si mon statut d'héritière aînée et déchue du clan Saïgo pouvait m'apporter quelques avantages, je n'étais pas moins qu'un membre dispensable et utile pour purifier les zones corrompues de la capitale de Thétoris, qui ne devait pas nécessairement rester en vie.

« Je ne crois pas que cela soit nécessaire. La coupure est presque refermée.

— La coupure, comme tu la qualifie si bien, est une blessure infligée par une lame presque aussi tranchante que celle que tu tiens en main, et a failli te tuer. Je n'ai pas envie de revenir à la horde et de devoir annoncer ton décès à Mariko. »

Je tournai les yeux vers Kyon, et son air sérieux éclairé par la demi-lune qui trônait dans le ciel clair faisait reflet au mien. Du haut de mes vingt-trois ans, je faisais presque la même taille que Kyon, qui frôlait pourtant la trentaine.

Je m'approchai.

« Ne s'agit-il que de Mariko, après tout ? »

J'aimais ma cousine plus que tout. Elle était la personne qui m'avait donné l'amour que ma mère n'avait pas pu m'apporter, et aujourd'hui encore, l'unique devoir que je m'étais fixé était de la protéger. C'était une jeune femme généreuse, douce, et ces qualités que je jugeais inestimables étaient celles qui avaient failli lui coûter sa place. Elle était encore jeune, et les règles du clan Saïgo l'avaient empêchée de profiter de cette jeunesse, au profit de cette vertu que je ne possédais plus depuis bien longtemps.

SOUL OF GLASSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant