8 | PARTIE UNE

184 25 3
                                    

P R É C É D E M M E N T
« Pourtant, lorsque je saisis la pierre autour de mon cou, elle était froide, et Mariko avait disparu.
Des cris se rapprochent dans mon dos.
Dans les cendres et dans le sang, je hurlai. »

DELPHES, KASYR

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

DELPHES, KASYR

YUMI SAÏGO

TREMBLANTES, MES MAINS parcoururent le marbre brûlant où se tenait, quelques instants auparavant, le feu bleuté par lequel Mariko et les titans s'étaient enfuis. Il n'y avait plus rien. Elle avait disparu, et je n'avais pas été capable de la protéger. Levant les yeux, j'aperçus alors le désespoir et le chaos. Des hommes et des femmes jonchaient le sol, agonisants dans leur propre sang, dans leur propre mort.

Lorsque mes doigts se refermèrent autour de la pierre qui ornait mon cou, elle était tiède. Cette pierre, bien plus qu'un ornement, était la magie qui enchaînait mon âme à celle de Mariko. Celle qui m'obligerait à donner ma vie à la place de la sienne. Prise de nausée, je m'écroulai. Je ne parvenais plus à supporter les râles et les pleurs autour de moi.

Si je n'avais pas réussi à la sauver, alors tout ce pour quoi j'avais été élevée, toutes ces années, n'avait servi à rien.

Lorsqu'une douleur lancinante parcourut mes jointures, brisant mes phalanges, j'extirpai mon poing du mur.

J'avais échoué.

Je frappai encore une fois, mais la douleur dans ma main me parut insignifiante. Insignifiante par rapport à la sienne.

Mariko m'avait sauvée alors que j'étais destinée à la potence ; elle avait pris ma place, avait donné sa vie pour épargner la mienne alors que nous n'étions que des enfants, et je l'avais laissée se faire capturer par des monstres.

Par des dieux. Des dieux si puissants que tu n'aurais rien pu faire, même en pleine possession de ma magie.

La voix d'Artémis, impériale, résonna dans ma tête. Ces monstres... ces titans étaient des dieux. Je m'étais battue, mais il n'y avait eu aucune chance pour que j'empêche cela, dès le début. Je sentis une déferlante de magie affluer dans mes membres.

Le mur se fissura.

N'utilise pas ma force.

Soudain, des mains hâlées m'empoignèrent les épaules, lorsque mes yeux rencontrèrent le bleu glacé de ceux de Taren Von Andreï. J'esquissai un mouvement pour me dégager, mais sa prise s'avéra bien trop forte. Son regard, lorsqu'il le posait sur moi, manifestait un mépris et un sang-froid que je n'étais pas sûre de supporter.

SOUL OF GLASSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant