« LES DIEUX SAUVERONT CEUX QUI SE LÈVERONT Á LEURS CÔTÉS. »
Lorsque Pandore ouvre la boîte confiée par Zeus, libérant les maux et un fléau enfoui depuis des millénaires sur la terre, les dieux se doivent de prendre des mesures. Après un malheureux c...
"A goddess of black veils and dark prophesies, a goddess of night sighs." — Velimir Khlebnikov
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THÉTORIS, SKHIRA
YUMI SAÏGO
MARIKO SECOUA LA TÊTE, car sa vision se brouillait sûrement. Elle se redressa et brandit sa perche comme une épée, tandis que je commençai à tourner autour d'elle. Alors que je bandai mes muscles, elle fut prise de nausée. Elle serra les dents et cligna des yeux. Elle retournerait sa force contre moi.
Je la chargeai plus vite qu'elle ne s'y était attendue. Mariko riposta par un coup sur le plat de la lame pour en éviter le tranchant, puis recula en entendant grincer le bois de sa perche. Je frappai alors si vite qu'elle ne put l'esquiver, et la lame se logea dans le bois. Elle devait en avoir douloureusement ressenti l'impact. Sans lui laisser le temps de réagir, je lui arrachai son arme de la mienne et me ruai sur elle. Elle ne put que bondir en arrière en parant le coup avec la pointe en fer de sa perche.
Mariko s'écarta avec un grognement, faisant appel à tout son savoir et à toute son énergie. Passant à l'offensive, elle me porta un coup violent, que je parai avec adresse. Elle abattit sa perche sur la lame de mon katana, faisant voler des éclats de bois.
Le martèlement de son cœur retentissait jusqu'à mes oreilles.
Elle attaqua de nouveau, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Je ris, et elle faillit hurler de rage. Dès qu'elle levait le pied pour me faucher, dès que l'on se rapprochait l'une de l'autre, elle devenait maladroite et je l'esquivais, car après toutes ces années d'entraînement, je pouvais presque lire en elle. Mariko devait avoir l'impression exaspérante que je jouais avec elle, qu'elle était la victime d'une farce incompréhensible. Elle visa mon cou, qui était à découvert, mais je parai, et quand elle pivota pour me frapper à l'estomac, je bloquai le coup. Elle me porta un grand coup au flanc, ricana quand je me pliai en deux, puis me faucha, m'expédiant brutalement à terre.
Bien.
Elle brandit sa perche, mais ses muscles se relâchèrent. Elle sembla, soudain, vidée de toute énergie.
Je fronçai les sourcils.
Je fis dévier son coup comme si c'était une chiquenaude et elle recula tandis que je me relevais. C'est alors que j'entendis un rire – un rire féminin, léger et féroce –, celui d'Ako. Mariko vacilla, mais se redressa et jeta un regard à notre cousine, puis aux bouteilles posées devant elle sur la table. Avant notre affrontement décisif et l'ascension de Mariko, nous avions effectué un dernier entraînement. Ako, notre cousine, qui, d'ordinaire, ne se mêlait jamais à ces derniers, avait pourtant insisté, cette fois-ci, pour nous assister. Elle nous avait observé, avait donné de l'eau à Mariko, qui s'était rapidement épuisée, et dont la couleur m'avait semblé étrange. Désormais, Ako affichait un grand sourire, à la fois cruel et déstabilisant. Elle avait toujours convoité le titre d'Élue, mais sa quatrième position dans l'arbre des héritiers Saïgo, et son tempérament relativement mauvais l'avait tenu éloigné de cet honneur.
