5- la vie de Felix

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Juste après avoir disparu dans la foule de Caen, Félix a emmené sa nouvelle et étrange amie dans les quartiers discrets et à sens unique de la ville. Une longue rue s'allonge devant Shireen qui s'impatiente d'en apprendre plus sur le jeune homme, son mode de vie, sur les nouveautés du vingt et unième siècle que devrait cacher son appartement et de regarder ces écrans, reflets de la nouvelle société: la télévision.
Ils arpentent le rue calme et longée d'un seul côté par des voitures pour arriver face à l'unique façade d'immeuble au rideau de garage baissé. Une porte en bois usé le jouxte et un digicode en privé l'accès. Félix pianote rapidement sur les touches le numéro permettant d'ouvrir le lieu. Une pièce au carrelage ancien dont les motifs on presque cent ans, en bleu et blanc se découvre, puis un escalier tout aussi vieux en bois foncé et chêne monte en colimaçon vers l'étage supérieur. Il y a deux portes, dont celle d'entrée et une autre menant sur l'intérieur du garage, un meuble d'angle sur la gauche du hall et permettant d'y ranger ses chaussures et un porte manteau en métal noir se mariant parfaitement avec l'atmosphère de cette pièce. Il y fait frais, un parfum de femme léger et un peu sucré flotte dans la pièce en se mêlant à une plus ancienne de tabac.
L'hôte de Shireen l'invite à retirer ses talons aiguille en cuir et offre à la place une sorte de pantoufles rose à moumoute dont l'intérieur doux et chaud étouffe ses pieds délicats et sensibles.

- Tu n'aurais pas quelque chose de plus... ouvert?

La question semble l'étonner dans un premier temps. Félix est un jeune homme attentionné, mais aussi maladroit.
« Dans un soucis de confort, il préfère calciner ma voûte plantaire plutôt que de la faire respirer », pense la sorcière en lui donnant l'envie de rire face à ce jeune naïf et insouciant.
Après avoir invité Shireen à gravir l'escalier, le jeune homme s'arrête et semble observer avec attention les alentours.
En haut, au premier étage, une grande pièce se dessine et deux portes ferment un espace plus petit juste à la gauche. Félix précise que ce sont deux chambres et que le coin cuisine est un peu plus loin, dans le prolongement des pièces, menant à la fenêtre immense qui fait face à notre position. D'ordinaire, elle aurait été parfaite pour amener une grande quantité de lumière dans l'appartement, mais au premier étage, face aux autre immeubles haut et proches de celui-ci, impossible d'y voir un jour un rayon de soleil.

- Maman, demande Félix avec une voix rappelant celle d'un adolescent qui chercherait à obtenir quelque chose de son ailleule.

Ce mot étonne Shireen, le jeune homme à l'allure d'étudiant vit encore chez ses parents? Mais en observant mieux la scène, quelque chose cloche. Félix semble bien trop inquiet et sa façon de chercher dans tous les recoins de la maison la laisse perplexe.
Elle s'avance d'un pas feutré après avoir abandonné ses chaussons trop chaud en bas et observe. Face aux deux portes de chambres, un petit canapé de deux place en tissus similaires à du lin dans les tons de bleus clair se fait discret. De chaque côté il y a une tablette avec des journaux rangés sur le dessous et des jeux, comme des mots croisés et d'autre. Et entre les deux portes, un petit écran plat posé sur un meuble tout aussi ridicule en vieux bois, sans aucun autre appareille moderne.
Rien, pas de traces de « maman », Félix tourne dans tous les sens en vain. Puis il stop sa folie et tout en tenant d'une main son front, il souffle bruyamment.

- Peut-être que...

Il chuchote, se parle à lui même, tente d'apaiser son angoisse naissante. La scène surréaliste aux yeux de la sorcière lui donne envie de rire, mais sans vraiment savoir pourquoi, elle se retient, comme pour respecter ce jeune homme.
Elle l'observe disparaître vers une dernière porte se tenant derrière l'escalier et limite lorsque celui-ci crie un « maman! » bien plus prononcé que les autre.
Une dame d'une soixantaine d'années, nue, s'énerve sur une bouteille de shampoing en marmonnant. Félix lui retire délicatement des mains et la rassure d'une voix très douce et protectrice.

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