Cœur de ronces

17- skäldrün

« J'ai laissé les ossement de Skäldrün dans la forêt de Bagnole de l'Orne. » Avait dit Amaï tandis que chacun s'affairait à remplir les voitures d'objets diverses. « Il faut prendre tout ce qui peux servir au rituel de régénération », avait précisé Hurtos, l'ancien mage aux cinq siècles d'expérience en magie.
En effet, ils ont tout pris. L'appartement de Félix est presque vide et il a fallu trois voiture pour transporter les planches en bois, les ustensiles de cuisine, les plantes en pots et même les produits nettoyants!
La route est longue entre l'Est de la manche et l'Orne. Il aura fallu pas moins de deux heures pour enfin apercevoir le panneaux tant attendu de la ville.

   - Il paraît qu'il y a des thermes merveilleux ici, s'exclame Taéna, en voiture avec Amaï et Monique.

   L'ambiance est plus tendue du côté de Shireen qui a préférer voyager auprès de Hurtos. Pas un mot ne sort de leur bouches. La sorcière, bien que reconnaissante pour l'aide que souhaite apporter le mage et son apprentie, l'ont avant tout pourchassée pendant des siècles en lui promettant la mort et servi une cause finalement peux louable avant de se rallier à elle. Prudence est de mise envers ses deux renégats.
   Félix et Émilie, dans la dernière voiture, voyagent paisiblement, tel un jeune couple parti en excursion le temps d'un week-end. Musique, ambiance détendue et blagues à tout vas, ils rient de bon cœur et ne se préoccupent pas de ce qui les attends, au moins le temps de la route. Qui sais ce qui adviendra lorsque les deux dragons entreront en conflit? Peut-être une belle issue, peut-être la mort pour tous.
    Les trois berlines de marques différentes, entrent dans la ville, accueillis pas une épaisse verdure formant une voûte au dessus de la route. L'ambiance sauvage se mélange parfaitement avec le soleil resplendissant du jour et après quelques minutes de trajet, une ville coquette et rayonnante apparait en bout de route comme par enchantement.
   Du blanc, du vert, de l'eau, des colombages, une ambiance de village normand très authentique et chic à souhait se dévoile aux yeux de tous. Les membres du groupes ne peuvent s'empêcher d'admirer le lieu, cet endroit agréable où la paix et le farniente semblent être les rois.

   - C'est tellement beau, lache Hurtos, ébahi.

   - En effet, j'aurais donné pas mal d'or pour passer des jours tranquilles ici, soupire Shireen.

   Les deux tournent leur visages furtivement, étonnés de leur réaction, puis fuient le regard de l'autre, préférants s'accorder un sourire complice plutôt que de parler davantage.
   Les trois véhicules se stoppent dans un endroit plutôt reculé, à l'orée du bois, un escalier en bois les invitants à rejoindre le haut d'une colline et offrant une vue sans pareille sur la ville thermale.
   Sans bruit, les bras chargés, chacun avance en soufflant régulièrement par la bouche. Le sentier est abrupte, les marches pleines de cailloux peuvent tordre une cheville à tout moment et le rythme est soutenu.
   Une fois en haut, il faut encore poursuivre le chemin pendant une bonne demie heure avant de quitter le sentier battu et de se perdre au travers des branches. Enfin, l'espace se dégage. La verdure est plus clairsemée, les jeunes plantes témoignent d'un reboisement récent.

- Il est là, souffle Shireen, émue de retrouver les ossements de son précieux ami.

- C'est ici que je l'ai battu. J'ai laissé son corps intacte et l'ai protégé des pilleurs.

Amaï est tout aussi ému. Son cœur se serre en pensant à ce combat qu'il avait mené quelques siècles plus tôt, quand sa puissance lui permettait de vaincre une telle créature. Désormais il ne semble être plus que l'ombre de lui même, comme un échantillon de la force qu'il possédait autrefois.

- Avec de bons pièges, quelques mercenaires, de la magie et pas mal de folie, c'était possible de battre un dragon il y a encore cent cinquante ans, mais aujourd'hui, tout est différent... commente t'il avec regret.