10- L'envie d'aimer

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Shireen rouvre ses yeux. Ses paupières sont lourdes, ses bras restés au dessus de sa tête son ankylosés et l'impression qu'un cheval lui est passé dessus de toute ses forces n'aident en rien à lui donner envie de quitter son support chaud et agréable: Amaï et ses bras de rêve.
L'homme n'a pas bougé d'un iota et reste debout sans broncher, sans même un soupire ou une grimace. Il a simplement posé son front contre le mur au dessus de la belle et semble endormi. Cette vision paraît d'ailleurs totalement impossible aux yeux de la sorcière, mais l'épuisement a du gagner le corps du mercenaire après leur ébats et ça, elle peux le comprendre.

- Amaï, tu vas bien?

Il ouvre un œil, l'obscurité enveloppant toujours autant les deux amants. Dans l'ombre il sourit, mais il a la vague impression que ses paupières pèsent une tonne chacune.

- Je vais bien. Tu as mal?

La douceur dans sa voix est infinie.
Shireen aimerait lui dire la vérité, qu'elle a encore quelques douleurs et qu'elle a saignée, mais ne peux s'y résoudre. Cela tacherai son étiquette de dure à cuire!

- Non, tout va bien. Tu peux me poser?

Amaï défait son étreinte délicatement. Il choisit des mouvements amples et réfléchis pour ne pas risquer de se blesser ou encore d'assommer sa partenaire.
Quand les pieds de Shireen touchent le sol humide, c'est un frisson désagréable qui parcours le long de sa colonne vertébrale. Elle qui était au sec et au chaud, s'apprête à retourner dans le froid et l'ombre d'une solitude sans fin.

- Skäldrün, un peu de lumière ne serait pas de trop, prononce la belle d'une voix basse.

Aussitôt, les veines d'Amaï se mettent à scintiller faiblement, d'une lueur jaune-orangée et recouvrant l'intégralité de son corps.
L'homme n'est pas aveuglant, le rayonnement n'est pas violent et offre une lumière tamisée, dévoilant les corps nu des deux amants.
Amaï est musclé, mais de vieilles cicatrices plus ou moins profondes et anciennement viennent parcourir sa peau tendue et sans autre défaut.
« Un bon partenaire, acceptable », pense Shireen qui ne regrette pas de l'avoir choisi pour Ça.
Elle aussi est nue, mais pas de plaie en vue. Pas de gras, pas d'imperfections, juste une minceur peut-être trop prononcée et des courbes bien dessinées, sur une petite poitrine remontant vers le ciel.

- Cela pourrait me donner de nouvelles idées à te voir ainsi, commente Amaï en se moquant un peu de Shireen.

- Je n'ai peut-être plus de pouvoirs pour le moment, mais je te rappel que mon dragon vit en toi et que je peux m'en servir, menace la belle en découvrant un sourire malicieux.

Le mercenaire rit, tout en découvrant un sourire radieux.

- Tu as raison, d'ailleurs, j'aurais bien besoin de lui pour nous sortir de là. L'affreux c'est caché quelque part en moi et refuse de communiquer depuis que nous avons réussi à sortir de ce château.

- Surveille ton langage, Skäldrün est de loin le plus respectable et le plus admirable des dragons, gronde Shireen en scrutant le torse de Amaï.

- Ton maudit Écailleux m'a tout de même lâchement laissé tomber quand j'avais le plus besoin de lui...

- Tu aurais pu éviter de me poursuivre avec ton regard de possédé, cela l'aurait peut-être motivé à te venir en aide, plutôt que de vouloir ma peau à tout prix?

Amaï, vexé, fait la moue. Ce visage subitement enfantin amuse la sorcière qui ne se prive pas de se moquer tout en riant.

- Assez, arrête donc de glousser! Je te rappelle que le temps joue contre nous et qu'il faut que je sorte de là... un petit coup de pouce ne serait pas de trop, si tu vois ce que je veux dire.

Cœur de ronces Où les histoires vivent. Découvrez maintenant