LA LETTRE

Chapitre 8

Un Sébastien métamorphosé sonna à la porte. Avant notre rupture, il avait les cheveux courts, pas de barbe, des pantalons comme les jeunes, c'était un adolescent dans sa tête. Et il revient, méconnaissable, les cheveux jusqu'au cou, un petit peu de barbe, et un pantalon en velours, tel un homme du troisième âge. Il avait tellement changé, Audrey se demandait même, si c'était bien son père. Moi qui le connaissais bien, même s'il avait eu un masque je l'aurai reconnu. Sa façon de marcher comme un pingouin le rendait unique. Audrey lui sauta dans les bras en lui disant qu'elle l'aimait et qu'il lui avait manqué. Peut-être qu'un jour je serai à la place de Sébastien, qui sait, la vie est imprévisible.

Il me regarda, je le regardai, on se regardait, je souris, il baissa la tête, j'allai lui parler.
« Salut Seb, comment vas-tu ? Lui demandai-je.
- Si cela ne te dérange pas, je m'occupe un peu de notre fille, le temps était long sans la voir, et quand elle ira se coucher, on reparlera de tout ça. »

Pendant que Sébastien jouait avec Audrey, je les regardais, impuissante face à l'amour d'un père pour sa fille. Comment dire que je me sentais exclue, abandonnée, délaissée, et que je ne souhaitais à personne cette situation plus qu'inconfortable.

Il était l'heure de coucher Audrey. Elle était très fatiguée, elle s'est endormie comme un bébé. Il était temps pour moi d'avoir une réelle discussion avec Sébastien.
« Bon, tu commences ou je commence ? Me demanda Sébastien.
- Vas-y, je t'en prie, lui répondis-je.

- OK, si je suis monté sur Paris, c'est pour voir Audrey, elle me manquait terriblement, quand tu m'as dit qu'elle s'était enfuie, j'ai eu très peur, maintenant que je sais que tu l'as retrouvée, puis-je savoir où elle était ?

- Eh bien, ce matin en me réveillant, elle n'était plus là, j'ai fouillé l'immeuble de fond en combles, aucune trace d'Audrey, je suis sortie et la boulangère m'a affirmé qu'elle était partie avec un petit garçon vers le Sacré Cœur, j'y suis allé mais je ne l'ai pas trouvé, c'est le petit garçon qui était avec Audrey qui est venu me chercher, c'était notre voisin, il m'a dit que notre fille était chez lui avec sa mère, nous avons fait connaissances, ce sont des personnes très sympathiques.

- D'accord, il faudra faire on-ne-peut-plus attention dorénavant. Sinon pour nous deux...

- Je t'aime et je ne veux pas te perdre, s'il te plaît pardonne moi, je m'en veux d'avoir rompu ! Que dois-je faire pour me faire pardonner ? Lui demandai-je. »

Il resta sans voix, il ne dit plus un mot, il fut muet comme une carpe, il s'avança. Il m'embrassa. J'étais plus que ravie, non seulement il m'a pardonné, mais aussi il m'a dit qu'il m'aimait. Notre relation sera plus fragile qu'avant mais nous serons plus soudés que jamais. Nous nous aimons : voilà ce qui compte le plus. Nous allâmes nous coucher, lits séparés.