COMBAT MYSTIQUE 2

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En ville, MAKAMBO reçut la visite de l'un des sept grands sorciers de son village ''WANAI''. Laid, comme tous les sorciers, il avait une mine grincheuse. C'était un vieux maigre, habillé d'un boubou marron déchiré qui dépassait à peine ses genoux. Sous lequel était décalé un pantalon blanc, troué un peu partout que l'on croirait beige à première vue : à cause de la poussière et du manque d'hygiène. Son bonnet et ses sandales noires tous sales. Sur son épaule, était accroché le fil du sac en tissu rouge qu'il portait.

- Bonsoir ! s'exclama-t-il d'une voix rock.

- Bonsoir papa ! que désirez-vous ? Lui demanda une femme.

- Je cherche une femme du nom de MAKAMBO

- Ah, ... MAKAMBO ?

- Oui, la connaissez-vous ?

- Oui, bien sûr. C'est par là. Lui pointa-t-elle du doigt une porte en bois peint en gris.

- Merci ma fille. Merci ! disait-il en avançant vers la porte. Il mit un pied dans le salon. Le temps pour lui de mettre l'autre pied, MAKAMBO cria :

- Qui se permet de rentrer chez moi sans taper à la porte ?

- Désolé MAKAMBO. Répondait-il en retirant son pied du salon. Puis-je ?

Sans pour autant répondre, elle se dirigea vers la porte pour découvrir de qui s'agissait-il.

- Ahhhh ... vieux TOUNDé ?

- Oui, c'est bien moi. Répondait-il. Puis-je entrer maintenant?

- Non ! s'exclama-t-elle sèchement.

- Pourquoi donc ma fille ? je viens direct du village et le voyage m'a exténué. Je ne tiendrai pas longtemps sur mes pieds.

- Est-ce moi qui t'es forcé à entreprendre ce voyage à ton âge ?

- MAKAMBO ?? ... s'écria TOUNDé.

- Quoi ? Laisse-moi te sortir un tabouret pour que tu t'asseyes. Parce que je ne veux pas que tu salisse ma maison. Regarde un peu comment t'es sales ? lança-t-elle avec une mine insolente.

- C'est à moi que tu t'adresses ainsi ? C'est bien avec moi que tu te comportes ainsi ? S'exprimait-il en se tapant la poitrine.

- A qui d'autres je parle ici, si ce n'est toi ?

- Tu as vraiment bu du ''vin rouge'' (parlait-il de sang en camouflage).

- Oui, et alors ? lança-t-elle avec un orgueil démesuré.

- Alors rien ! mais tu as la mémoire courte. Tu oublies que c'est nous qui avons fait de toi ce que tu es aujourd'hui. La sermonnait-il avec air serein.

- Tchiiiiiip, tiens ça ! jeta-t-elle le tabouret au vieux en se pinça le nez à cause de l'odeur répugnante qu'il dégageait.

Le vieux TOUNDé releva le tabouret, prit place et lui demandait :

- Ne m'offres-tu pas quelques choses à manger ? parce que j'ai un gros trou dans l'estomac.

- T'as-t-on dit que c'est moi qui nourrissais les affamés de la ville ? lui demandait-elle en le regardant du coin de l'œil, les mains sur les hanches.

- Donne-moi donc de l'eau à boire.

- Il n'y a pas d'eau ici. Prend ça. Elle lui lança un billet de 500 cent franc. Paye-toi de l'eau avec et profites-en pour rentrer d'où tu viens.

- MA-KAM-BO ! MAKAMBO qu'on a façonné. D'accord ! ne veux-tu donc pas savoir pourquoi j'ai quitté depuis le village pour te rendre visite ?

- Non ! ton odeur empeste les lieux. Tout ce que je veux, c'est que tu t'en ailles d'ici. Je ne veux pas qu'on dise que je garde des fous chez moi.

- Moi, fou ? D'accord ! je m'en vais. Et tu peux garder ton argent. Je me débrouillerai très bien sans toi. Surtout, bonne chance à toi !

- Ouais, c'est çà ! grogna-t-elle en lui claquant la porte au nez.

TOUNDé se leva, prit son sac et se dirigea en silence vers le portail.

De retour au village, le vieux TOUNDé se dirigea vers les autres sorciers de WANAI afin de leur faire le compte rendu.

Au fond fin de la forêt maudite, se trouvait une grotte dont l'entrée était masquée par les feuillages d'arbres qui y avaient poussé tout autour. TOUNDé entra dans la grotte où régnaient : une obscurité totale, une odeur désagréable, des cris de chauve-souris et leur battement d'ailes. Les parois qui étaient recouvertes d'algues formés par les eaux douces qui s'infiltraient entre les roches qui la composaient se voyaient à peine à l'aide de la flamme qui se dégageait du fagot de bois qu'il tenait. Il avança vers le tambour qui se trouvait au beau milieu de la grotte. Il tapait dans le tambour tout en frappant le sol de ses pieds à pas cadencé et rythmé du son du tambour.

- WOFA-WOFA TOUNDé GÖNGOLY FÂ !!! chantait-il.

Subitement, six personnes apparues tous ensemble autour de TOUNDé. Torses nus, leur visage était recouvert de masques fais en bois, en fibre végétales, en peau d'animaux, de coquillages et de perles. Chaque masque, en fonction des matières qui la composaient, de la forme ou de la sculpture représentait une sacralité. Un pouvoir que seul la personne qui la portait l'incarnait.

TOUNDé leur fit le compte rendu sur sa visite dramatique chez MAKAMBO. Ils furent déçus. Ils lui avaient envoyé l'un des leurs pour l'avertir de ne rien entreprendre de mal contre MARIA. Car ils avaient senti le réveil des pouvoirs de cette dernière.

En effet, MAKAMBO était l'élue des sorcières de WANAI. Et, seule sa sœur de sang pouvait mettre fin à ses jours. C'est d'ailleurs pourquoi elle avait éliminé toutes ses sœurs.

Trente-six ans avant, BOULAYE, un sage homme du village avait épousé MAGNAN  après dix ans de mariage avec MAMA qui n'arrivait pas à concevoir.

Deux ans après son mariage, MAGNAN s'était vendu aux sorciers de WANAI afin d'honorer son mariage et d'éviter d'être la risée du village. C'est dans ce pacte qu'elle fit grosse de MAKAMBO. Pour éviter que MAKAMBO, en plus d'être sorcière ne possède les pouvoirs du génie protecteur de son père, tous les génies protecteurs du village se donnèrent la main afin de mettre au monde un enfant capable de terrasser ce futur enfant démoniaque. C'est ainsi que MAMA tomba également enceinte de MARIA.

Ce jour là, vers 18h moins, une éclipse solaire se manifestait pendant que les deux épouses de BOULAYE enfantèrent au même moment. Deux filles : l'une laide et noire comme la nuit et l'autre belle et clair comme le jour. Quelques mois plus tard, MAGNAN sous l'emprise des sorciers empoisonna son mari et sa coépouse afin de pouvoir malmener MARIA à sa guise. Mais la mère de BOULAYE vint récupérer aussitôt sa petite fille et l'éleva avec son mari. Elle savait que c'était MAGNAN qui avait tué son fils. Elle l'avait pourtant prévenu avant qu'il ne l'épouse. Elle s'était farouchement opposée à leur mariage dès le début. Mais pour une fois, son fils ne s'en fit qu'à sa tête. Il l'avait épousé pour être quiet avec sa conscience. Car après l'avoir accidentellement défloré, il se doutait que personne ne voudrait dorénavant d'elle; compte tenu de sa laideur. Il l'avait épousé tout en sachant la malédiction familiale qu'elle trainait. 

Sorcellerie AfricaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant