FUNÉRAILLES 3

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Stupéfaite, MAKAMBO oublia de rejoindre sa place. RITY jouissait avec délectation de l'embarras dans lequel MAKAMBO se trouvait. A quoi devait-elle penser en premier ? ce malaise causé par MARIA ? Ou l'irrésolution dans laquelle cette dernière l'avait mise à se demander : si MARIA l'avait traité de sorcière sur un coup de nerf ou si elle l'avait dit en connaissance de cause? si elle le savait, qui a bien pu le lui dire ? Et, qui et qui doivent présentement être au courant ? Et si tout le monde ici le savait ? elle releva la tête, regarda autour d'elle. Elle sentait le regard des gens peser sur elle ; voyait des chuchotements se transformer en murmures ; soudain, elle entendu d'une voix grave : « sorcière !!! ». C'était celle de son mari. En cris, elle courra et alla s'enfermer dans sa chambre.

**Le visage de RITY s'illumina un instant.**

Chaque jour de plus devenait plus pénible et plus chiant pour le voisinage. Vrai ou faux, ils ne demandaient qu'une chose : bien dormir la nuit. Leur sommeil était complètement perturbé par les scènes que MAKAMBO les imposait.

Au début, ils s'intéressaient à elle. Prenaient la peine de sortir de leur lit et aller lui demander : ce qui n'allait pas, ce qui lui était arrivé, quel cauchemar avait-elle fait encore ? ...

- Il est venu me chercher ! Répondait-elle toujours entre deux cris désespérés, toute en sueur et à bout de souffle.

- Qui ? l'interrogeaient-ils inquiets.

- Il est là, il est venu. Lança-t-elle essoufflée. Dites-lui de me laisser en paix.

Elle ne nommait jamais la personne. Mais les voisins se doutaient bien de qui pouvait-il s'agir. Quand elle commençait ses crises, plus personne ne sortait à son secours. Ils la laissaient à son sort même s'ils n'arrivaient pas à dormir en réalité.

**Wôoooyôooooyi**

Gbin, gbin, gbin,... frappait-elle à la porte en suppliant de venir l'aider. Cette fois ci, personne ne vint. Quelques minutes plus tard, on entendait :

**Clac-clac**

Elle réussit enfin à ouvrir la porte et s'aventura hors de la cour en pagne attaché sur sa poitrine.

- Laisse-moi, tu n'es plus de ce monde, laisse moi tranquille. Hurla-t-elle en courant et en faisant tour du quartier.

Il devait être 05 h du matin. Les gens sortaient de chez eux et la suivaient jusqu'à ce qu'elle retournait chez elle. Epuisée, elle s'étala sur le pavé de la cour en poussant des cris de douleur.

- Que l'as-tu fait pour qu'il te suive ? lança un vieux mêlé dans la curieuse foule. Un silence de mort apparu.

- Rien, je ne l'ai rien fait. Répondait elle entre deux sanglots.

- Alors, il te suivra et te frappera jusqu'à ce que tu le rejoignes. Le vieillard lui fit dos et traversait la foule quand tout à coup il entendit :

- C'est mon mari ! le vieux s'arrêta pendant quelques secondes et se retournait vers elle.

- Que l'as-tu fait ? je ne te le demanderai qu'une seule fois.

- Je, ..., je ...

- Parle ! s'écriait une femme depuis la foule.

- C'est moi qui ai ..., j'ai mangé mon mari.

**Oulouloulouuuu**

- Sorcière ! Sorcière ! Suceuse de sang !

La foule montra son mécontentement par des hueries accompagnées d'insultes.

- RITY, RITY, ...RITY !!! criait sa sœur.

- Oui ! répondit –elle en sursaut.

- N'entends-tu pas ? Je t'appelle depuis un moment et ....

- Désolée je m'étais laissé bercer par ma pensée.

- Rentrons, il se fait tard.

- Oui, ... oui, d'accord !

RITY laissa paraître un sourire à la suite de l'imagination qu'elle venait d'avoir. Croisait-elle les doigts : « Mon Dieu, faite que mon imagination soit une réalité, svp, svp ».  



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