7 ❤ Réflexion du soir

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Le soir même, Pauline repensa à la journée mouvementée qu'elle avait eu. Elle repensa à sa mésaventure et au fait qu'elle lui avait permis de finir la journée dans les bras rassurants et protecteurs de Valentin. Elle s'y était sentie tellement bien.. son odeur, son coeur battant à un rythme régulier, ses mots rassurants, sa voix merveilleuse.. tout était si bien à ses côtés. Elle en avait oublié sa panique, ses pleurs, elle avait oublié la course et même le monde. Plus rien n'existait qu'elle et lui.

Mais... ses pensées dérivèrent vers ce qu'il s'était passé un peu plus tôt. Le baiser d'Inès. Elle s'était surprise à apprécier de se faire embrasser par une fille. UNE FILLE. L'idée devrait être repoussante.. et pourtant.. elle continuait d'effleurer ses lèvres du bout des doigts, se remémorant la douceur d'un tel baiser.. et espérant sans se l'avouer qu'elle aurait l'occasion de connaître à nouveau cette sensation. Elle visualisa une à une toutes les filles du groupe et se demanda ce que ça ferait d'embrasser chacune d'elle. Puis rougissant, elle chassa ces pensées aberrantes et obscènes. Embrasser des filles ? Non, c'était inenvisageable. Ce qui s'était passé avec Inès n'était qu'un accident, ça ne se reproduirait pas.
Elle s'endormit sur cette pensée.. alors qu'au fond d'elle, le doute persistait. 

Le lendemain, Pauline alla en cours comme d'habitude. Elle retrouva ses amis, comme d'habitude. Ils s'amusèrent, comme d'habitude. Mais au fond, quelque chose n'était pas habituel. Ophélie le remarqua. Alors que tout le groupe allait s'acheter à manger à l'extérieur, elle resta auprès de Pauline.

- Tu ne vas pas avec eux ?, demanda celle-ci

- Non, j'aimerais discuter avec toi, répondit Ophélie

- Ah ?

- T'as l'air préoccupée depuis hier... Val m'a raconté ce qu'il s'était passé entre toi et Inès.. c'est ça qui te tracasse ?

Pauline savait qu'elle ne saurait pas la contredire, et, pour une fois, elle n'avait pas envie de mentir.

- Entre autres... 

- Je suis désolée, on aurait dû te prévenir... et.. si je m'étais pas gourée dans mon plan foireux, ça ne serait pas arrivé..

- Non, je...!! C'était pas.. si désagréable...

- Comment ça ?, demanda Ophélie sans comprendre

- C'est justement ça le problème..., soupira Pauline en rougissant, ce n'était pas désagréable du tout.. j'ai.. j'ai même apprécié..

Ophélie garda le silence un petit instant puis finalement éclata de rire.

- Et où est le problème alors si tu as aimé ?

Pauline la regarda avec des yeux ronds. Comment ne pouvait-elle pas comprendre le problème ?

- Bah... je suis amoureuse de Valentin, pas d'Inès et..

- T'as pas besoin d'être amoureuse pour apprécier un baiser..

- Et de toute façon je suis pas attirée par les filles !! Je suis.. hétéro.., ajouta-t-elle sur un ton moins assuré que ce qu'elle aurait voulu

- Tu n'as pas l'air sûre de toi.., objecta Ophélie, mais tu sais, que tu sois hétéro ou bi, y a rien de grave à ça. Je vois pas pourquoi tu te prends la tête..

- Parce que..!... euh... parce que...

Pauline chercha la raison de son tracas. Il est vrai que ça ne changeait pas grand chose. Elle ne risquait pas de perdre ses amis à cause de ça, ils étaient tous atypiques à ce niveau-là et ils s'acceptaient tous les uns les autres. Alors.. qu'est-ce qui embêtait vraiment Pauline ?

- Je crois... je crois que j'ai juste peur de bousculer toutes mes certitudes.. J'étais quelqu'un de normal.. simple.. et.. du jour au lendemain, je me retrouve à me poser des questions compliquées.. je dois me ranger dans une case compliquée et j'aime pas ça !

- Hey Pauline, du calme... y a rien de compliqué là-dedans.. T'aimes embrasser des filles c'est tout, ça ne change rien au fait que tu sois amoureuse de Val par exemple. Et pis tu pourrais avoir plus compliqué comme situation. Là, assumer une bisexualité qui d'ailleurs n'est peut-être même pas ça.. tu pourrais simplement être bicurieuse et apprécier embrasser des filles sans forcément vouloir coucher avec. Bref, y a de multiples possibilités mais t'as pas besoin de te prendre la tête. Contente-toi de laisser couler et tu verras bien ou ça te mène..

Ophélie ponctua sa dernière phrase d'un sourire radieux comme elle savait si bien les faire. Pauline ne sentit apaisée par ses paroles. C'est vrai.. pour le moment rien n'était compliqué... Elle se dit qu'il ne coûtait rien de tout laisser couler. Si ça se trouve ça n'était que passager.

Tout irait bien finalement... N'est-ce pas..?

Poly-neOù les histoires vivent. Découvrez maintenant