Chapitre 28

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 - Euh...Merci, Jason répondit après quelques secondes d'absence.

Mon pauvre ami ne devait pas avoir l'habitude de recevoir descompliments de la part de la gente féminine. Le visage rouge, ilévitait le regard de Callie qui se faisait plus enjôleur qu'àl'accoutumé. J'observais dorénavant ce spectacle avec despaillettes dans les yeux. J'étais en train d'assister à la scènede romance présente dans tous mes romans. J'attendais que legringalet affronte ses jolies prunelles émeraudes : il nemanquait plus que qu'un échange visuel pour parfaire cette scène.Seulement, des secondes puis des minutes s'écoulèrent sans qu'aucuncontact ne se produise.

Aussi décidai-je, avec la discrétion d'un chimpanzé, de lui donnerun coup de coude dans le bras. Il fallait qu'il se ressaisisse pourconclure l'histoire sortit tout droit de mon imagination. Je nevoulais pas qu'il passe à côté d'une fille exceptionnelle commeCallie.

Quand il affronta son regard, j'eus l'impression d'entendre les angeschanter. Je laissai un soupire de soulagement m'échapper quand Jasonne détourna pas le regard au bout de 5 secondes. Il y avait duprogrès ! Thadée, qui semblait comprendre la situation àlaquelle nous assistions, se rapprocha de moi pour poser son mentonsur le sommet de mon crâne. Je ne l'avais jamais vu aussi calme etsilencieux. D'ailleurs, je constatais avec étonnement qu'il n'avaispas besoin de se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre laracine de mes cheveux.

- Nicole, pourquoi tes poils sentent-ils aussi mauvais ? Et pourquoi ils sont huilés ?

Je sentis un poids se retirer quand il s'éloigna pour s'essuyer levisage. Oui, j'avais les cheveux gras. Merci de me le rappelerThadée ! Le pire dans tout ça, c'est qu'il avait éclaté labulle dans laquelle mes jeunes tourtereaux se trouvaient. Je secouaiimperceptiblement la tête. J'étais tellement déçue parl'interruption du beau garçon que j'en perdais mon vocabulaire.

Il ne me restait désormais plus qu'une chose à faire : prendreune douche. J'avais encore du mal à croire qu'une personne quicroulait littéralement sous la saleté quelques heures plus tôtpointait du doigt l'état de mes cheveux. J'avais du mal à avaler masalive après ça. Sans compter que des démangeaisons commençaientà se faire ressentir. S'il m'avait refilée ses poux, jeprovoquerais un véritable carnage.

Sans plus de cérémonie, je m'enfermai dans la salle d'eau, prenantle soin de claquer la porte au nez de l'ancien loup. J'avais besoinde solitude après ce petit pic incongru. Mon regard rencontra lebleu de mes yeux avant de dériver le long de mes vêtementschiffonnés et sales. Et que dire de mes cheveux ? Les boucles,habituellement domptées et soignées, ne ressemblaient plus qu'àune vulgaire touffe de poils, pire encore, à un nid d'oiseaux !Je marchai en direction de mon reflet pour inspecter les dégâts.

Le reflet renvoyée par le miroir ne me plaisait pas du tout. J'avaisdu mal à croire que la jeune fille à l'apparence négligée étaitmoi. J'abandonnai mes vêtements sans remords pour me glisser sous lapaume de douche. L'eau glacée m'arracha un frisson et un petit cride surprise. Mon corps se tordit de manière à éviter le jet defraîcheur. Une fois que l'eau eut adaptée une température plusappropriée pour le corps humain, je me laissai aller à elle. Jefermai les yeux et penchai la tête en arrière pour profiter aumaximum de ce moment de calme réservée rien qu'à moi. Je balayaimes cheveux en arrière et soupirai d'aise.

J'appliquai le shampoing pour homme puis malaxai ma chevelure. Jeprofitai un maximum de mon premier instant de détente. J'essayais dene pas penser à ma famille et d'oublier les soucis. J'essayais maisen vain : la sorcière était et restera ma plus grandepréoccupation.

Une fois sortis de la douche, j'essuyai mes cheveux puis mon corps.Je m'entourai de la serviette pour passer la tête en travers de laporte et demander des vêtements à Callie. Cette dernière étaitassise sur la chaise du salon, contemplant le mur face à elle. Enmême temps, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire ici. Alorsquand je prononçai son nom, elle se retourna presque immédiatementdans ma direction. Elle se leva pour accomplir ma requête sans unmot, et revins les bras chargés d'habits.

Les Âmes MauditesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant