Chapitre 24

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Passer une journée sans internet, sans télévision et sans moyen de communication ? Possible mais interminable. Bien que je ne passais pas tout mon temps sur les écrans à la maison, je trouvais toujours quelque chose à faire comme écouter de la musique, lire un livre ou regarder un film. Ici, il n'y avait rien à faire. Alors, j'avais proposé à Alexander de faire le ménage, histoire de me défouler un petit peu.

Au début, comme tout hôte qui se respecte, il avait refusé puis devant mon insistance, il avait fini par céder. Alors j'avais balayé les pièces une par une et nettoyé les couverts que nous avions utilisé avec un plaisir non dissimulé. Thadée m'avait suivit comme un petit chien qui attendait une récompense. Je ne vais pas vous mentir, il était gênant. Je me retournais, il était là. Je ramassais les poussières, il était là. Bien sûr, il avait proposé de m'aider mais j'avais refusé. Je préférais m'en occuper moi-même.

Dans l'après-midi, au lieu d'attendre que le temps passe, j'avais demandé à prendre une douche, ne supportant plus ces microbes sur ma peau. A nouveau, le beau brun avait proposé de m'accompagner et j'avais refusé les joues infusées de rouge. Je ne savais pas s'il se rendait compte des mots qui sortaient de sa bouche ou si justement, il faisait semblant d'être innocent. J'allais le découvrir bien assez tôt...

La tête sous le pommeau de douche, je repensais à ma situation actuelle. Je me demandais ce que pouvait bien faire ma famille, si je lui manquais autant qu'elle me manquait. Je n'avais jamais passé la nuit en dehors du foyer alors ces jours-ci étaient vraiment une découverte pour moi. Le pire dans tout ça c'est que je ne pouvais même pas prendre de nouvelles. Je ne savais même pas si elles allaient bien... Et si elles avaient été attaqué par la sorcière ? Je secouai négativement la tête à cette idée. Il fallait vraiment que j'arrête de penser au pire.

Je m'essuyai les cheveux puis le corps après cette pluie de bien-être. Je m'habillai d'un pull et d'un pantalon avant de me brosser les dents. Je ne m'étais jamais senti aussi bien.

En sortant de la salle d'eau, je manque de percuter Thadée qui m'attendait sagement devant la porte. Je ne pus m'empêcher de grimacer face à l'odeur qu'il dégageait. A cet instant, il n'avait rien d'un prince charmant, je le désignerais plus comme un crapaud. Oui, un crapaud à l'odeur fétide. Je pris une grande inspiration pour dire de calmer mes nerfs et l'invitai à rentrer à l'intérieur de la pièce. Avant qu'il ne puisse faire demi-tour, je refermai brusquement derrière lui.

Je faisais ça pour son bien. Il pouvait attraper toute sorte de maladie avec ces taches de poussières et ces croûtes de saletés. Quand il sentit l'odeur de savon, il comprit mon manège et s'éloigna de moi, les yeux grands ouverts.

- Je vais te laver les cheveux et tu feras tout le reste, d'accord ?

- Mais--

- Et tu n'as pas ton mot à dire.

J'avais plus l'impression d'être une mère qu'une jeune femme de 17 ans. Il n'y avait que Thadée pour me vieillir de cette manière. C'est à se demander si nous pourrions un jour être plus que ce statut pour le moins bizarre. J'avais déjà entendu parler de la « friendzone » mais alors là, jamais de la « Momzone ».

Son regard chocolat tentait de m'attendrir mais je tins bon. Sa santé était ma première priorité. Je l'intimai à retirer ses vêtements. Il hésita un instant avant de suivre mes directives. Bien sûr, je l'empêchai d'enlever ses sous-vêtements.

Il entra dans la cabine et je lui montrai comment régler la température. Il comprit vite le mécanisme et s'aspergea d'eau. Contrairement à l'attitude qu'il montrait avant de commencer, il semblait s'amuser. Il prenait tellement de plaisir à jouer que je dus arrêter le jet pour lui laver les cheveux. Au début, il était difficile de manipuler sa longue crinière mais au fur et à mesure, je parvins à la rassembler pour en faire une touffe de savon blanc. Alors que je finissais de lui masser le cuir chevelu, je lançai un regard sur le visage du jeune homme. Ce dernier avaient les yeux levés au Ciel, ne laissant apparaître que le blanc de ses yeux. J'éclatai de rire devant cette expression de bonheur absolu. Il rouvrit les siens pour voir ce qui me faisait rigoler comme une folle.

Les Âmes MauditesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant