Les Âmes Maudites

Chapitre 29

Nous nous arrêtâmes finalement au pied d'une vallée quisurplombait la ville. A bout de souffle, je peinais à ne pasm'effondrer au sol. La course que nous venions tout juste determiner m'avait complètement épuisée. Jason, tout jeune qu'ilétait, avait du mal à reprendre une respiration correcte. Lebandage qui recouvrait son poignet était devenu rouge écarlate,véritable preuve de la douleur qui le tiraillait en ce moment même.

- Je vous donne la pierre et je vais sauver mes parents.

Alors que Callie était en train de forcer le petit paquet dans lesmains de sa cousine, Jason la retint de son unique main. Ses yeux luidictaient de rester. Mais la jeune sorcière était bien plus têtueque n'importe lequel d'entre nous. Elle n'eut donc aucun mal à sedégager de son emprise. Le gringalet se raidit devant l'agressivitédont elle faisait preuve. Le malheureux n'était toujours pas habituéaux frasques excessives de notre jeune amie.

- TOI, tu ne me touches pas !

Le dégoût qu'elle employait dans ses mots attira mon attention. Jene la comprenais plus, ou plutôt, je ne comprenais plus rien encette histoire. Quand j'avais souhaité avoir un peu plus de pimentdans ma vie, je ne m'attendais pas à ce qu'on me donne le poivre etle wasabi en même temps ! J'aurais aimé pouvoir appuyer surpause afin de réfléchir correctement. Mais mon esprit étaittoujours présent dans la cabane magique. Je n'arrivais même plus àformer des sentences correctes dans ma tête. Pour le moment, toutema concentration se portait sur mes poumons qui peinaient àralentir. Je me promis qu'à partir de demain (ou après-demain), jecommencerais le sport.

- Qu'est-ce que je t'ai fait ?

- J'ai vu comment tu la reluquais, répondit-elle en grinçant des dents.

Sa jalousie maladie était la source de nombreux problèmes dans sesrelations passées. Sauf que dans ce cas, elle n'avait absolumentaucune raison d'en éprouver : ils ne sortaient même pasensembles ! A moins qu'ils n'aient eu le temps de discuter etd'approfondir le sujet concernant un possible rapprochement pendantque j'étais sous la douche ? Cela me semblait fort peuprobable. Jazz était bien trop timide pour entamer quoi que ce soit.D'ailleurs, si j'en croyais l'expression de son visage à ce momentprécis, il était très intimidée par celle qu'il convoitait. Iltenta de se justifier avant d'être arrêter d'un mouvement sec parCallie :

- Nicole, je te confie la pierre. Ne la donne surtout pas à ces « briseurs de couple » !

Avant que je ne puisse penser à l'arrêter, elle était déjà entrain de vagabonder dans les bois. Le petit paquet reposait entre mesmains. Un artefact si puissant qu'il pouvait avaler l'âme den'importe qui, dont la mienne. Pour essayer d'éteindre ces flammesd'inquiétude qui grondaient en moi, je portais tout mon attentionsur Gabrielà concernant la marche à suivre. Cette dernière étaittrop occuper à regarder Jason pour me porter la moindre attention.Mais comme la situation était pressante, et devenait vite gênante,je me raclais la gorge aussi bruyamment que possible.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On ne peut pas rester là sans rien faire pendant que les autres courent un grave danger !

La jolie rousse inspecta les environs, à la recherche d'une solutionqui ne se manifesta pas. Il semblerait que le commandement de notrepetit groupe appartenait à la mauvaise personne. Elle étaitcomplètement perdue. Et pendant ce temps, les minutes défilaient àvive allure.

Au loin, nous vîmes une explosion de lumière décimer des arbres.Mon cœur s'arrêta momentanément de battre. D'horribles imagestraversèrent mon esprit déjà tourmenté, provoquant ainsi denouvelles larmes au coin de mes yeux. « Nous n'allions pas nousen sortir », voilà ce que je me disais devant le silenced'aplomb qui s'ensuivit l'explosion. Callie avait couru à sa perteet je n'avais rien fait pour l'en empêcher. J'irais probablement enenfer pour ça.