Chapitre 1

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Je ne me souvenais plus du moment où je repris conscience. Ma première sensation me vint de l'herbe qui gisait sous mon corps. J'aurais pu ouvrir les yeux sur ce calme olympien mais un mal de tête fulgurant m'obligea à prolonger ce moment de plénitude. En temps normal, je ne me serais jamais permise de m'allonger ainsi sur la terre que je trouvais absolument dégoûtante, sans y compter les insectes qui y vivaient. Seulement,les hurlements qui résonnaient à l'intérieur de mon crâne me persuadèrent du contraire.

Je ne pouvais ni reconnaître ni différencier les voix féminines et masculines tellement elles étaient nombreuses. Je subissais littéralement ces râles et ces cris qui ne cessaient de me demander des comptes sur une situation qui m'échappait totalement. Heureusement, ces derniers finirent par disparaître, me laissant tout le loisir d'ouvrir les paupières sur mon environnement.

Un ciel d'azur se dessina devant moi. La clarté de celui-ci m'obligea à couvrir mes yeux de ce spectacle absolument splendide. Je me redressais mécaniquement pour voir dans quel endroit je me trouvais exactement. Des terrains composés uniquement d'herbe me firent face et je me demandais où est-ce que j'avais bien pu mettre les pieds. Je ne reconnaissais pas du tout ce nouvel environnement. Mais ce ne fut pas cette vue qui retint mon attention, oh non... Mon corps dépourvu de vêtement m'arracha un cri de stupeur. Je me couvrais automatiquement mes parties intimes, et inspectais la région à la recherche de regard curieux.

Dans un tel accoutrement, il était peut-être mieux pour moi de ne croiser personne. Imaginer mon derrière en contact avec la terre et ceux qui y vivaient, m'obligea à me relever prestement. La situation dans laquelle je me trouvais était pour le moins inconfortable. A cet instant, j'aurais voulu un arbre ou des buissons afin de dissimuler ce qui devait justement le rester aux yeux de tous. J'avais tellement honte de me tenir ainsi dans un environnement inconnu. Cela allait à l'encontre de ma nature pudique et le besoin de me cacher dans un trou ne se faisait que plus ressentir. Il y avait cette première alternative qui semblait plutôt difficile à accomplir, puis il y en avait une autre qui se présentait sous la forme de vêtements. Et ce fut cette dernière qui finit par me convaincre d'avancer.

Cette chasse pour me couvrir devint presque vital pour moi parce que je ne pouvais pas penser à autre chose qu'à mon corps dénudé. Par ailleurs, j'avais toujours du mal à croire que je me baladais en ce moment même complètement nue. C'était surréaliste !

Au cours de la prochaine heure, je ne trouvais pas un seul vêtement. Sur mon chemin, je ne croisais aucune âme-qui-vive ce qui déclencha des sentiments contradictoires à l'intérieur de moi. Je voulais à la fois rester seule dans mon coin jusqu'à ce que je trouve de quoi me vêtir, et rencontrer quelqu'un pour confirmer le fait que je n'étais pas seule au monde.

Dieu m'accorda un moment de répit sous la forme d'une rivière à la couleur suspecte. Le pourpre qui se reflétait à travers l'eau me dissuada complètement d'y goûter ne serait-ce que pour étancher ma soif. Cette découverte, plutôt étrange, renforça mon sentiment de malaise. Je me demandais si la vie que j'avais mené jusqu'à présent m'avait menée droit en Enfer.

J'étais peut-être condamnée à errer dans cet endroit où la solitude me tuera à nouveau. Ma plaie avait disparu. Ma vie s'était envolée. En ce moment même, je ne savais même plus par quel terme me désignait.Est-ce que comme dans ces légendes, je n'étais plus qu'une âme en attente d'un jugement positif ? Il était évident que je rejoigne le paradis et pas cet endroit sans arbre ni vie. Non, je ne pouvais imaginer cette issue.

Je repris ma route avec une détermination nouvelle : trouver quelqu'un. Peu importait ma nudité, il ne pouvait plus rien m'arriver dans la mort. C'était du moins ce que j'essayais de me convaincre.

Au dessus de ma tête, le ciel était toujours aussi bleu et aussi calme. Il n'y avait pas un nuage susceptible de rompre cette harmonie parfaite. Une chose que j'avais remarqué était le manque de soleil. Pour une raison qui m'échappait, la luminosité des lieux n'était pas alimentée par l'étoile qui nous servait d'ampoule sur Terre. Cependant, je me poserais cette interrogation plus tard : j'avais des problèmes bien plus importants à régler.

Les Âmes MauditesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant