Chapitre 4 (6 ème partie)

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Thomas

Je ne comprenais pas pourquoi elle m'en voulait autant. A chaque fois que je tentais d'être prévenant avec elle, Eleanor se montrait désagréable et quittait l'endroit dans lequel nous nous trouvions. J'avais quitté le jardin pour la rejoindre. Mais je ne trouvais Eleanor nulle part. J'étais passé par l'infirmerie et le grand salon. Je ne la trouvais pas. Je décidai de retourner dans ma chambre pour enfiler un haut, tout en espérant qu'elle ne se soit pas enfuie.

Je tournais au dernier angle qui menait à mon sanctuaire, quand je percutais une ombre de plein fouet. Je n'étais pas tombé, mais l'ombre si. Et par ombre, je voulais dire Eleanor.

Assise par terre elle me regardait, l'air surpris... ou plutôt gêné. Je l'aidai à se relever en lui tendant ma main, qu'elle accepta, à ma grande surprise.

-      Je suis désolée.

A mon tour d'être surpris.

-      Ce n'est pas grave, ça arrive.

Elle me regarda d'un air perplexe. En jetant un coup d'œil derrière son épaule, je remarquai la porte de ma chambre entrebâillée.

-      Oh !

-      Je ne voulais pas... je cherchais l'infirmerie... mais je me suis perdue et je me suis retrouvée dans votre chambre. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas entrée. Dès que je me suis rendue compte de mon erreur, j'ai fait demi-tour. Je ne voulais pas violer votre intimité ou autre.

Elle recommençait à paniquer et à parler sans s'arrêter. Je ne savais pas comment la calmer. Alors, je pris le vase sur le tabouret à côté de moi, retirai le bouquet de fleurs se trouvant à l'intérieur et lui versai l'eau sur la tête.

Elle arrêta de parler et me regarda dans les yeux. Le regard qu'elle me lançait me fit croire que mon heure était venue. Mais à ma grande surprise, elle éclata de rire. Je ne savais pas si elle faisait une crise de nerfs ou si c'était un rire franc, mais je ne pus m'empêcher d'éclater de rire moi aussi.

Nous étions tous les deux assis, le dos collé contre un mur du couloir. Nos rires venaient de cesser.

-      J'aimerai savoir...

Elle tourna la tête vers moi comme si elle attendait ma permission pour continuer.

-      Je t'écoute.

-      Qu'est-ce qu'il va se passer pour moi ? me demanda-t-elle, anxieuse

-      C'est-à-dire ?

-      Comme je ne peux pas rentrer chez moi, ni avoir aucun contact avec mon ancienne vie tant que je ne maîtriserai pas mes pouvoirs, où est-ce que je vais aller ?

-      Pour commencer, tu vivras ici au château.

Je vis ses yeux s'arrondirent de surprise

-      Je vais vivre au palais ? Au palais royal ? Sérieusement ?

Son expression m'amusait beaucoup

-      Oui. Tu seras logée dans une chambre du personnel et tu dineras avec eux.

-      Parce que je ne suis qu'une simple Alertis ? me demanda-t-elle.

-      Ce n'est pas ce que tu penses. Seuls les membres de famille royale ou les nobles peuvent loger dans l'étage principal et manger avec le roi, la reine et leurs enfants, tentai-je d'expliquer aussi adroitement que possible.

-      Donc, si je comprends bien, je vivrai avec les employés. Mais je ne travaillerai pas ? résuma-t-elle.

-      Exactement. Je sais que c'est injuste... commençai-je

-      Ça me plaît bien.

Je faillis m'étouffer en entendant sa réponse.

-      Ça te plaît, vraiment ?

Cette fois, c'était elle qui me regardait d'un air amusé.

-      Sans vouloir te vexer, je ne suis pas faite pour les protocoles ou autre. Ma vie me convient parfaitement. Et vivre avec les employés est ce qui se rapproche le plus de ma vie d'avant. Donc, comme je te l'ai dit, ça me plaît bien, répéta-t-elle, un petit sourire sur le visage.

-      Parfait alors.

-      Parfait...vu la situation, on va plutôt dire convenable, plaisanta-t-elle.

Nous nous mîmes à rire une seconde fois.

-      Et pour les cours ? Comment je vais faire pour tout rattraper ?

-      Tu étudieras au lycée d'Eladora.

-      Attends cinq secondes... tu veux dire que je vais étudier dans un lycée pour Alertos ? C'est une blague ? demanda-t-elle l'air légèrement paniquée.

-      Heu, non.

-      Je vais étudier avec des membres de la noblesse et de la famille royale ? C'est une blague ?

-      Heu, toujours pas.

-      Et parmi tous les lycées du royaume, je vais dans celui où se trouvent les plus puissants Alertos. Je t'en supplie, là, c'est le moment de me dire que c'est une blague.

-      Je suis désolé, mais tu étudieras là-bas.

Elle soupira et colla sa tête contre le mur, en fermant les yeux.

-      Je suis navré, mais tes pouvoirs sont instables et très puissants. Il te faut un endroit où tu pourras les exploiter au maximum. Ce lycée est le lieu parfait. De plus, la déesse nous a dit qu'ils n'étaient pas tous apparus, lui expliquai-je.

-      Pas tous apparus ? Donc, en plus de devenir une torche humaine, que va-t-il m'arriver ?

-      Nous sommes partis de l'hypothèse que ton pouvoir était issu de la création. Tu peux créer le feu. La logique voudrait qu'il en soit de même pour l'eau, la terre et l'air.

-      Tu es en train de me dire que j'ai la capacité de crée les quatre éléments, résuma-t-elle

-      C'est ça. Tu dois te rendre compte que tes meilleures possibilités sont à Eladora. En plus, ma sœur et moi y étudierons aussi.

-      Ta sœur ? Oh ma déesse ! La princesse ! Comment va-t-elle ? Je veux dire, si c'est moi qui ai eu la boule de magie qui lui était destinéé, que va-t-il lui arriver ?

Sa vie venait d'être totalement bouleversée. Pourtant, Eleanor parvenait à s'inquiéter pour ma sœur.

-      Ne t'inquiète pas pour ma sœur. Elle va bien. Alerta lui a tout de même remis des pouvoirs. Mais dans l'intimité. Tout va être annoncé demain, durant un communiqué royal.

-      Mon cas va être évoqué ?

Pour moi, n'importe qu'elle adolescente rêverait d'être sous le feu des projecteurs. Pourtant, à la place de l'envie, je perçus de l'inquiétude dans sa voix.. Elle ne voulait pas être exposée.

-      Oui, mais ne t'inquiète pas. Ils diront juste que tu es prise en charge par la famille royale. Ils ne parleront pas de tes pouvoirs.

Elle se détendit légèrement.

-      Bon, et si tu me montrais ma sublime chambre ?

-      Avec plaisir.

Nous nous relevâmes et nous nous dirigeâmes vers l'étage réservé aux employés.

-      Tu te trouveras au deuxième étage. Avec tous les employés. Ta chambre est adjacente à celle d'une femme de ménage de ton âge.

-      Merci. Mais je ne compte pas me faire d'amis. Je maîtrise mes pouvoirs et je rentre. C'est un bon plan.

-      A ta guise.

Elle me sourit. Elle ne souriait pas souvent, mais elle avait un très beau sourire. Une fois arrivé au bon étage, nous tournâmes à droite.

-      Ta chambre est au bout du couloir.

Nous marchâmes dans le silence jusqu'à sa porte.

Alerta, Tome 1, la prophétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant