Alerta, Tome 1, la prophétie

Chapitre 8

Tout était noir. Je ne savais pas où j'étais. Tout d'un coup, une lumière apparut. Elle sortait de ma poitrine. Elle avait la forme d'une sphère. Un peu comme celle que je fabriquais avec le feu...Je l'attrapais. Elle n'était ni chaude, ni froide. Elle n'avait aucune consistance. Je pouvais passer ma main à travers. La soulever. La boule se mit à vibrer. Je ressentis une chaleur au niveau de ma poitrine. Je fermais les yeux.

Quand je les rouvris, j'étais allongée sur le sol de la salle de bal.Thomas avait sa main entourée d'un flamme bleue posée sur mon cœur. C'est cette chaleur qui m'avait fait revenir à la surface. Il essayait de me soigner. Je lui saisit le poignet pour lui montrer que j'étais de nouveau consciente.

Il me regarda dans les yeux et sourit.

Faut vraiment que tu arrêtes de trouver des prétextes pour me toucher, plaisantai-je.

Il rit.

- Si tu arrêtais de tomber dans les pommes, on pourrait s'arranger, me répondit-il.

Un cercle s'était formé autour de moi. Alana était à l'interieur avec Salina, Marion et Clarisse.

- Eleanor, qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'inquiéta Alana.

Avant que je puisse répondre, je me remis à briller. Sauf que cette fois,au lieu de m'évanouir, la lumière se transforma en boule, comme dans mon rêve. Elle se souleva de ma poitrine et alla se poser sur l'estrade. Elle prit rapidement la forme d'une silhouette. Elle portait une longue cape qui cachait son corps et une grande capuche qui cachait tout son visage sauf sa bouche. Thomas et Salina m'aidèrent à me relever et nous nous dirigeâmes tous vers l'estrade. Le reste des invités restait un peu en retrait, apeuré.

- C'est impossible, dit Thomas.

Je me tournais vers lui.

- Quoi, qu'est-ce qui est impossible ?! lui demandai-je.

Une voix puissante et envoûtante s'éleva dans la pièce.

« Durant une année au cours de laquelle le rite sacré ne sera pas perpétué,un combat de la lumière contre l'ombre va débuter. L'élu aux pouvoirs particuliers, qui, capable de créer le feu, l'eau, l'air et la terre, devra combattre pour la lumière. »

- Qui ? demanda la princesse.

Alana avait parlé d'une voix forte et assurée. Elle avait l'air de savoir parfaitement ce qui se passait.

Pourtant,la silhouette ne répondit rien

Alana se tourna vers moi.

« Les monstres endormis se sont réveillés, prêt à reprendre leur travail inachevé. »

- De quoi parlez-vous ? demanda Alana.

« De la lumière naît l'ombre et l'ombre dissimule la lumière. Sauras-tu la trouver ? Réfléchis mon enfant car elle bien cachée. »

Tout le monde resta interdit.

« Un indice ? C'est leurs disparitions qui ont marqué leur commencement »

La silhouette, que je suspectais être une femme, disparut. Personne n'osa dire mot. Alana monta sur l'estrade.

- Je vous prierai à tous de rentrer chez vous. Nous vous tiendrons informés dès que possible, dit-elle, prenant tout de suite les choses en mains.

La salle se vida rapidement. Les invités devaient être certainement  effrayés. Nous n'étions plus que trois. Alana descendit de l'estrade pour se mettre face à moi.

- Qu'est-ce que c'était ? lui demandai-je.

- Eleanor, c'était une prophétesse.

Elle marqua un temps de pause et prit une grande inspiration.

- Et cette prophétie, elle parlait de toi.

Thomas

Dès qu'elle apparut sur le centre de la scène, Alana et moi comprimes tout de suite que c'était une prophétesse. Elles vivaient dans l'ancien temps, et ne possédaient pas les mêmes dons que nous, à notre époque. Elles disparurent durant la guerre contre les Orlandos. Elle n'avait répondu à aucune question. Le message avait dû être créé il y a longtemps et la magie avait permis de le conserver.

Alana avait congédié tous nos invitées et s'était empressée d'aller faire chercher nos parents.

Nous attendions, dans le grand salon, l'arrivée de mon père et de ma mère. J'observais Eleanor du coin de l'œil. Depuis que ma sœur lui avait appris la nouvelle, elle était devenue blanche comme un linge et n'avait plus prononcé un mot. Elle était assise sur un fauteuil près du feu, le regard perdu dans ses flammes, mordillant sa lèvre inférieure. Les doubles portes s'ouvrirent pour laisser place à un roi et à une reine couronnés, en robe de chambre.

- Que se passe-t-il ? entama mon père.

Alana se releva pour faire face à nos parents.

- Nous avons un problème. Durant la fête, une prophétesse est apparue, lui expliqua Alana.

- Comment ça ?

Mon père était encore à moitié endormi et avait l'air totalement perdu.

- Je crois qu'Eleanor est l'élue dont parle sa prophétie, continua-elle.

- Quoi ? Quelle prophétie ?

Ma mère se dirigea vers Eleanor et s'agenouilla face à elle.

- Eleanor, ma belle, vous allez bien ? lui demanda-elle, posant sa main sur son genou.

Elle tourna la tête vers elle. Elle avait un regard vide. Elle se redressa.

- Oui, je...ça va, ne vous inquiétez pas, lui répondit-elle.

Personne n'était très convaincu mais ma mère décida de la laisser tranquille.

- Explique moi ce qui s'est passé Alana, demanda-t-elle à ma sœur.

Celle-ci s'empressa de lui raconter tout ce qui s'était produit ce soir.Elle leur dit aussi que le dernier pouvoir d'Eleanor était apparu.Elle raconta l'ensemble du déroulement de la soirée, sans oublier aucun détail. Mon père essayait d'analyser la situation. L'air pensif, il avait le regard dans le vide et frottait sa barbe. Il passa sa main sur son visage en soufflant bruyamment.

- Je crois que nous devons nous rendre aux archives, dit-il.

- Comment ça, les archives ? lui demandai-je.

 - J'ai déjà entendu parler de cette prophétie. Mais avant de vous en dire plus, nous allons avoir besoin de toutes les informations nécessaires. Donc demain après-midi, nous nous rendrons aux archives.

- Très bien papa... répondit ma sœur.

Nous étions tous un peu perdus et tous très fatigués. Mon père avait une bonne idée en reportant tout ça à demain. Je me tournais vers Eleanor et m'agenouillais en face d'elle. Son regard s'accrocha au mien.

- Tu vas bien ? lui demandai-je, inquiet

Elle avait vraiment l'air au fond du trou. Ses yeux reflétaient unetelle tristesse et une telle peur que mon cœur se brisa un peu.

- Je pense que je vais aller me coucher, me dit-elle comme seule réponse.

Je compris qu'elle ne comptait pas en dire plus. Je la comprenais,elle devait avoir tant de questions qui trottaient dans sa tête. Je me relevais et reculais. Elle se leva à son tour et se dirigea vers la porte. Au moment de sortir, elle se retourna.

- Je vous souhaite une bonne nuit, vos majestés, conclu-t-elle.

Elle fit une petite révérence et repartit vers sa chambre. Après quelques instants de discussion avec mes parents et Alana, je fis de même. Mais sans parvenir à trouver le sommeil.