2 ans.
Elle aurait eu 10 ans.
C'est long sans elle, c'est long tout court même.
Des journées qui se répètent, c'est toujours pareil mais avec quelque chose en moins, un manque irremplaçable.
Ce jour là tout c'est brisé, je lui demande pardon chaque jour en regardant l'ciel mais c'est pas quelque chose qu'on pardonne.Je me lève et me prépare machinalement pour me rendre à la salle des fêtes que ma mère a loué.
Je fais pas d'effort à mettre une chemise et une cravate j'ai pas envie de ressembler à un pingouin c'est pas un mariage non plus, je me contente d'un tee-shirt noir et d'un jean de la même couleur.J'arrive après 30min de métro.
Toute ma famille est là, des faux sourires collés sur leur visage.
Je vais saluer ma mère et quand j'arrive devant mon père et que je lui tend ma main il me regarde avec dédain et me contourne.Ça annonce déjà l'ambiance de la journée même si au fond je m'y attendais.
Je pars m'asseoir sur une chaise un vers d'alcool dans la main en regardant tout le monde s'amuser.
Ils ont de la chance d'avoir réussi à faire leur deuil à ce point.
Alors que moi je suis là à ressasser un peu tout les jours cet événement 2 ans après.
Je me sens tellement coupable que je me le pardonnerais jamais.Un de mes cousins avec lequel on sait jamais vraiment aimé vient s'asseoir à côté de moi et me regarde en souriant.
- Pas trop dur de vivre avec la mort de ta petite sœur sur la conscience ? J'espère que tu culpabilises pas trop.
C'est partie tout seul...
Tout le monde se retourne surpris par le bruit de son corps qui a résonné sur le sol.
Ils se précipitent tous vers lui en m'ignorant et je décide de me lever et de sortir.
Mais c'est sans compter sur ma mère qui m'interpelle.- ÇA VA PAS ? TU CROIS ALLER OÙ COMME ÇA MATTHIEU ? TU VIENS T'EXCUSER IMMÉDIATEMENT AUPRÈS DE TOUT LE MONDE !
- Plutôt crever.
- Matthieu excuse toi tout de suite, pourquoi t'as fait ça ? Il t'a rien fait !
- Qu'est ce t'en sais qu'il m'a rien fait, et pis toute façon qu'est ce que vous en avez à foutre de mes excuses ?
- Arrête de faire n'importe quoi !
- Allez tous vous faire foutre.
Je pars de la salle et me dirige vers la bouche du métro par laquelle je suis arrivé.
Je regarde mon téléphone qui vibre depuis tout à l'heure, c'est sans étonnement que j'ai déjà 3 appels manqués de ma mère et 1 message de Lenny qui me demande si ça va.
J'ignore tout ça et me concentre sur la fenêtre du métro.
Les yeux dans le vides je réfléchie à ce que je suis devenu.
Un pauvre gars froid, sans émotions, complètement renfermé sur lui même que la culpabilité ronge.
J'ai plus envie de rien, je vois ma vie et le temps défilé sous mes yeux et pourtant je fais rien, j'ai plus de but.Toute façon à quoi ça sert quand on déçois tout ceux qu'on aime ?
Je me sens si petit quand je regarde l'immensité du ciel, je suis rien.
Je repense aux mots tranchants de mon père qu'il a débité trop calmement en me regardant droit dans les yeux.
C'est de ta faute.
Tu l'as tué.
T'es qu'un gamin irresponsable.
T'es plus rien.
Qu'est ce qu'on a mérité pour avoir un fils comme toi.
Tu nous as apporté que des emmerdes.
T'es plus mon fils.
Comment j'ai pu t'aimer.
T'aurais mieux fait de crever à sa place.Il avait raison sur toute la ligne.
Je leur ai toujours ramené des emmerdes, je travaillais pas à l'école, je traînais tout le temps mais je voulais pas faire mal je voulais juste vivre.
Je voulais pas faire partie de leur système scolaire qui nous sous estime continuellement, des génies dans la rue et des abruttis dans les bureaux comme on dit.
Je voulais pas non plus qu'on me donne d'ordre je voulais faire ce que j'avais envie parce que je trouvais ça plus important, on est voué à une mort certaine qui peut arriver du jour au lendemain, il faut profiter chaque jour de notre putain de vie, on a pas le temps pour les regrets.Mais bon c'est des principes qu'apparement j'ai mis de côté puisque je passe mes journées à regarder le temps passé, en attendant patiemment que quelqu'un vienne me sauver même si inconsciemment je sais que je suis le seul qui a se pouvoir.
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La fille du balcon
RandomJ'avais une passion pour observer les gens depuis mon balcon qu'apparemment elle avait aussi.