Witches' Legacy

II

  Des rivières de souffles blancs et bleus scintillent dans les cieux, je regrette que maman et les autres soient incapable de voir ce que je vois présentement. C'est tout simplement magnifique et ça l'est encore plus à la nuit tombée. Dans le train, je regarde davantage le ciel plus que je porte attention à ma famille. J'entends maman me dire que je n'ai pas tellement changé finalement, que je suis toujours dans ma bulle. Je ne savais pas trop si c'était un compliment ou bien autre chose, mais son sourire me rassura bien vite. Je m'excuse tout de même de mon impolitesse, me disant que je devrais un peu plus parler avec eux. Au fond, je ne sais pas non plus quoi dire et je soupçonne maman de le deviner. Après tout, elle me connaît mieux que personne d'autre. Ma tante m'a demandé comment j'allais m'en sortir, au niveau de mes études. Maintenant que j'y pense, le grand changement avait eu lieu un mois et demi avant les premières épreuves de bac. Au début, lors de mon séjour au camp, je me demandais comment j'allais m'en sortir au niveau des études, si un jour, je sortais du camp. Je ne savais même pas s'il m'était possible de rattraper un examen du bac, encore moins si le micro-lycée allait m'accepter de nouveau comme élève, surtout depuis que je suis une sorcière. Mais l'armée m'a fait une proposition que je ne pouvais décidément, guère refuser, déjà pour mon propre bien et puis aussi pour mon avenir. J'explique à ma tante qu'elle n'a pas à s'en faire, que l'état avait mis en place une sorte d'institution pour les magos dans ma situation. Je pense que je pourrais repasser le bac là-bas, mais ce n'est qu'une théorie. En vérité, je ne sais rien de cette institution, juste qu'elle va me permettre de replonger dans les activités de la société et de nouveau dans le monde scolaire. Maman semble enthousiaste à l'idée de me voir reprendre ma vie en main, je la comprends d'une certaine manière.

J'ai toujours pris ma vie au second degré, parce que je ne savais pas vraiment quoi faire de ma vie en question, et cela, depuis que j'ai redoublé ma CM2. J'ai enchaîné des situations où chaque fois, j'empruntais de mauvais chemins, et ce, à cause de choix contestable. Mes erreurs m'ont conduit à quitter le lycée à cause d'une filière que je pensais facile et drôle, mais qui s'est avérée chiant et pas du tout adaptée à ma mentalité. Ce que je voulais pour moi, c'était de suivre ma passion plus que mon devoir. J'ai passé plus d'une année à multiplier mes soirées sur la console, à surfer sur le web à partir de l'ordinateur portable, à mentir à maman à propos du fait que je chercherais du boulot, alors qu'en réalité, ce n'était pas le cas. Ce n'était pas que je ne voulais rien faire, mais plutôt que je n'avais pas la volonté de faire quoique ce soit. Du moins, il y avait une chose qui m'intéressait vraiment, le problème, c'est qu'il fallait de l'argent pour pouvoir le réaliser. L'ironie dans l'histoire, c'est que je ne faisais rien pour travailler et du coup, j'étais trop fauchée à l'époque pour réaliser mon seul rêve. Je voulais devenir acteur et pour cela je devais avant tout passer par la case « apprendre à être un bon comédien dans un théâtre ». Le truc sympathique avec le théâtre, c'est qu'il faut payer tous les mois une somme équivalente à trois-cents euros ou plus, pour pouvoir exercer sa passion. J'avais appris qu'il y avait des cours de théâtre donné gratuitement grâce à des associations, mais je n'ai jamais réussi à en trouver une. Non, je mens, j'en ai trouvé une qui était en plus proche de ma commune, mais le délire que c'est que l'inscription m'a cassé la tête et j'ai abandonné avant d'avoir commencé. Je suis une personne difficile, le pire, c'est que j'en ai conscience. Mais j'ai quand même réussi à trouver une proposition avec l'aide de mon ancien lycée qui m'a recontacté pour savoir où j'en étais.  

  Après leur avoir expliqué ma situation, les responsables du lycée m'ont aidé en faisant des recherches, en appelant les bonnes personnes. Ils m'ont dit que le meilleur choix qu'il y avait pour me venir en aide, c'était de m'inscrire à un conservatoire qui enseignait le théâtre. C'était super, je pouvais enfin faire un truc qui me plaît et qui pourra m'aider à réaliser mon rêve, c'est-à-dire devenir un acteur dans le monde du cinéma. Double ironie dans l'histoire, la condition pour être reçu dans le conservatoire, était d'avoir au moins le premier niveau du bac avant l'inscription, ce que je n'avais pas. J'avais une vie de merde à mes yeux et c'était entièrement de ma faute, je ne voulais pas faire d'effort de rendre celle-ci meilleure. Pourquoi faut-il être recadré à l'image de la société pour faire ce qu'on croit vouloir faire, alors qu'on a déjà perdu en cours de route notre véritable objectif ? Moi, je voulais être libre de mes choix, ça personne ne voulait ou pouvait le comprendre, pas même ma mère d'après moi. Voyant qu'au final, je finissais par emmerder mon monde, j'ai décidé de rentrer dans les rangs de la société comme tous pantins qui se respectent. Bien sûr, en faisant en sorte que cela me convienne tout de même. Alors, j'ai cherché et j'ai trouvé l'annonce du micro-lycée au Bourget. J'avais choisi une filière en littérature qui m'aurait permis d'avoir un bac, un bac qui lui m'aurait permis une inscription dans un conservatoire. Cependant, un mois et demi avant l'épreuve du bac, il y eu le passage de la comète rouge. Bref... On met au moins plus d'une heure à arriver enfin à la maison, voir l'appartement au loin provoqua en moi un intense sentiment de nostalgie. C'est après tout l'endroit où j'ai grandi, et même si j'ai vingt ans aujourd'hui, je ne suis pas pressée de quitter la maison. Pendant la marche, maman me propose avec ma tante d'aller sortir s'amuser, en rajoutant « entre filles » à la fin. La proposition me fit beaucoup rire et j'acceptai.

On ira probablement dans une des boîtes antillaise qu'elles ont l'habitude de fréquenter, là où les célébrités antillaises font souvent leur petit concert pour notre bon plaisir. Chris soupire derrière moi, puis dit haut et fort, faussement déçu, que lui aussi voulait venir. Alors qu'on sait tous que ce n'était pas son truc ce genre de soirée où il y a pratiquement que des personnes âgée, rarement jeune, c'était plutôt la génération de nos mères. Il peut bien sûr y avoir des exceptions comme quelques personnes de mon âge, mais c'est rare. Et puis monsieur est encore un an trop jeune, il faut être majeur pour venir et il n'a que dix-sept ans. Alors qu'on traverse la rue qui nous mène du côté de notre bâtiment, une voiture klaxonne au même moment. Ma tante est la première a râlé, alors que c'est nous qui traversons comme des délinquants, ce qui me fait rire, maman et Chris y compris. Malgré que nous étions désormais sur le trottoir, la voiture klaxonne de plus belle, celle-ci s'étant en plus arrêtée à notre niveau. On se retourne tous vers le véhicule, ma tante soupire, tandis que maman demande ouverte dans un créole ce qu'il veut, ennuyé. Chris et moi restons perplexes, lorsque je vois qu'à l'intérieur de la décapotable, une femme agitait ses bras comme signe de salutation dans notre direction. Il me faut encore un instant pour reconnaître sous les lunettes de soleil, l'une des amies. Bon Dieu, il n'y a qu'une folle comme elle, pour rouler en décapotable et lunette de soleil en hiver. Bon, il est vrai qu'il y a du soleil aujourd'hui, remercions le réchauffement climatique, mais tout de même. J'agite les bras à mon tour et j'annonce à ma famille qu'il s'agit de ma meilleure amie, elle était dans le camp de Sarcelle elle aussi et que donc, c'est une sorcière. Elle se nomme Yuna, c'est une cinglée, mais je l'adore, avec elle en rigole toujours. Si elle n'avait pas été présente dans le même camp que moi, je me serais certainement laissé engloutir par un vrai sentiment dépression.

En plus de ça, elle est intelligente et fait partie des premières qui ont saisi les piliers du monde spirituel, c'est elle qui m'a guidé lors de mes débuts en magie. Oui, même si une sorcière fait un voyage astral, elle est juste capable de faire usage des pouvoirs psychiques et encore, ce n'est pas sûr. Yuna, elle, fut capable de trouver et d'utiliser des formulations pour faire appel à la magie. Si aujourd'hui, je suis capable de faire une boule de feu, c'est grâce à Yuna qui m'a appris à voir les mots invisibles cachés à travers le souffle. Quand je dis mots, il ne faut pas le prendre au pied de la lettre, c'est une expression. En vérité, le souffle renferme des souvenirs, ses souvenirs contiennent les formules. Pour qu'une sorcière soit capable de trouver des formules magiques, elle doit établir une connexion avec le monde des esprits, ce qui est plutôt difficile sans le voyage astral qui ne semble pas se renouveler. Yuna a toutefois compris que pour s'enrichir, il fallait faire des expériences et surtout connaître la physique de notre univers. « Qui aurait cru que tu habitais dans le coin, Whittier... » M'annonce-t-elle alors que j'accours vers elle pour lui faire un câlin. Elle était partie du camp bien avant moi, étant donné qu'elle avait vingt-six ans. « Tu habites dans la ville aussi ? » Lui demandais-je intrigue, elle agite négativement la tête avant de me souffler qu'elle était venue rendre visite à son oncle et que pour sa part, elle vivait à Aulnay. Ce qui en soit, n'est pas non plus très loin de Sevran là où je réside. Elle m'annonce qu'elle ne peut pas rester qu'elle a des tonnes de truc à faire, mais qu'elle me garde dans ses contacts. Me passant son numéro au passage. Tandis que j'observais son véhicule s'éloigner, je me rendis compte que je n'avais plus de téléphone, j'ignore ce qui était advenu du dernier en ma possession.  

  Nous étions rentrées, je pus remarquer que des changements avaient été faits dans certaines pièces de la maison, des meubles avaient par exemple était déplacé, rendant le tout plus homogène. « Du coup, tu peux faire une boule de feu ? C'est complètement dingue, est-ce qu'il y a une explication logique ? » Me questionne Chris, peut-être bien plus enthousiaste de me savoir sorcière que je ne le pensais. « La magie en réalité tout ce qu'il y a de plus logique lorsqu'on a finalement les éléments à notre disposition pour la comprendre » Commençais-je tout en me dirigeant vers ma chambre et je pris un moment pour contempler celle-ci, et ce, avant de me jeter sur mon lit. Mon cousin s'installa sur la chaise à mon bureau, me fixant attentivement, son regard m'incitant à poursuivre. « Imagine qu'il existe une forme de vie qui subsiste à travers toute chose : l'air, le feu, l'eau, la terre, ainsi que les êtres-vivants eux-mêmes. Une forme de vie microscopique qui réside dans les particules subatomiques d'atomes, eux-mêmes formant les molécules. C'est à ses créatures que les sorciers parlent... » M'expliquais-je avant de faire apparaître une petite flamme au-dessus de mon index. « Cette flamme par exemple ne vient pas de nul part, j'ai demandé à ces créatures d'influencer les atomes de sortes à ce qu'ils génèrent une agitation moléculaire dont la combinaison est le CO2. La sorcellerie est en réalité une science et la magie, c'est la capacité de commander au souffle, les fameuses créatures microscopiques. » D'un air joyeux, il acquiesce tout en pivotant sur le siège. C'est énorme ce que lui susciter ce que je lui apprenais. « Tu peux te téléporter ? Non, attends, est-ce que tu peux contrôler la météo. » Je me suis mis à rire devant l'expression de son visage et au ton de sa question qui le rendait presque hilarant. « Garde ça pour toi, mais je crois que la seule limite, c'est celle que nous imposant à notre esprit... Je crois qu'il nous est même possible de créer la vie. » Lui chuchotais-je, alors qu'il bondit sur place, laissant échapper à haute voix un ''quoi'' qui attira l'attention des autres. « Un problème ? » Demande maman qui entra dans la chambre quelques secondes après « Non, rien... Je lui ai juste raconté une anecdote qui l'a un peu trop surpris. » Maman repartit alors en prenant soin d'ajouter qu'elle m'avait préparé des vêtements pour la soirée et que je devais aller me préparer.

Je regarde mon cousin et j'ajoute... « Écoute, oublie ce que j'ai dit, ce n'est qu'une théorie... Il faudrait de toute façon posséder une puissance spirituelle d'ordre cosmique... Et c'est à peine si la plus puissante d'entre nous est capable de maintenir un verre en lévitation plus de cinq minutes » Un pieu mensonge, car chaque sorcière semblait avoir le potentielle d'évoluer très vite, spirituellement parlant. Certain d'entre nous, même sans avoir un corps solide et entraîner, semblait avoir un potentiel magique énorme. « Bon, je vais doucher, vas rejoindre les autres... Tu peux plus trop me voir à poil maintenant. »