Des voix et des éclats de rires le réveillèrent. Cale ouvrit les yeux et observa la pièce plusieurs minutes avant de pouvoir se resituer dans l'espace. Ce foutu royaume d'il-ne-savait-quoi dans lequel il était coincé depuis bien trop longtemps à son goût.
Il se redressa sur son lit et soupira. Il avait dormi dans une petite chambre de quelques mètres carrés, juste de quoi y mettre un lit, une petite table et une chaise. Le soleil était tout juste levé. Le jeune homme avait dû dormir quelques heures à peine.
Il se leva difficilement et ouvrit la porte de la chambre pour voir la raison de tout ce bruit et ne mit pas longtemps à comprendre lorsqu'il vit dans le couloir s'affoler servants, cuisiniers ou encore gardes, tous se préparant pour la journée ou s'apprêtant à se coucher après une nuit de travail. Cale réalisa alors qu'on l'avait mit dans une chambre d'employé.
Il ferma la porte derrière et lui et traversa le couloir en observant la danse du début de journée, contournant les personne qui s'arrêtaient de temps à autres pour discutter.
-Tu l'as vu ? demanda avec excitation une servante à un jeune garde à la mine fatiguée.
-Oui, elle et son ami sont rentrés tard hier soir. Il ont été ramenés par les frères géants. Il paraît qu'ils ont eu des problèmes avec les gobelins.
La servante pouffa. Puis :
-Elle est jolie ?
Le jeune garde sembla hésiter, puis son regard croisa celui de Cale et son visage tourna au rose. La servante suivit son regard puis perdit son sourire et baissa le regard lorsqu'elle vit Cale, prise sur le fait de leurs commérages.
Cale leur accorda un sourire en coin poli, et continua sa route. Il descendit quelques marches et se retrouva dans la cour intérieure. Il inspira l'odeur particulière de l'endroit, un mélange de la fraîcheur de la rosée, de crottin de cheval et de pain en train de cuir au feu de bois.
Il s'attarda quelques instants sur place, profitant du calme et observant le spectacle d'un début de journée dans la cour du royaume d'Azkadel. Le jeune homme se demanda s'il devrait se rendre utile et faire quelque chose, puis se souvint qu'il n'avait à faire dans cet endroit pour commencer, et reprit sa déambulation.
A l'opposé des grandes portes du château se trouvait un autre portail, plus petit. Puisqu'il était ouvert, Cale la passa et se trouva aux pieds des hautes murailles du château, en face des grandes prairies et y trouva les écuries.
Les gardes prenaient leur monture pour la journée, quelques jeunes garçons s'occupaient de brosser ou nettoyer les animaux pendant que d'autres personnes vétus d'un uniforme laissant entendre qu'ils étaient mieux gradés que les simples gardes, se tenaient face à un homme davantage imposant par son corps et sa musculature que par sa taille.
-Le roi Aymeric rentre aujourd'hui, l'entendit-il dire à ses hommes. Ce soir après le conseil royal Eulys, Callie et Marc vous feront un compte rendu de leur campagne au Royaume de Braekon ainsi que de ce qu'il se sera dit au conseil. Selon les événements, il se pourrait qu'on vous demande de partir dès le lendemain à l'aube alors assurez- vous que vos chevaux soient propres et vos sacs prêts.
Les hommes et femmes soldats hochèrent la tête, puis, après l'autorisation de leur chef, s'éclipsèrent en direction d'un terrain sablé, où de jeunes garçons, sûrement des écuyers, s'entraînaient au combat avec des épées en bois.
Cale continua de vagabonder, observant la vie de ces côtés-ci des remparts. Il s'accouda à la rambarde d'un enclos et observa le cheval qui s'y trouvait. Il était beau. Du moins, Cale le trouvait beau. Il ne s'y connaissait pas assez pour avoir la prétention de l'établir comme un fait, mais il trouva réellement l'animal gracieux tout en appréciant, à la façon qu'il avait de s'ébrouer, l'impression qu'il donnait de ne pas être du genre à se laisser faire. Le cheval fit le tour de son enclos au galop, puis, arrivé à hauteur de Cale, ralentit, et observa le jeune homme de loin pendant plusieurs secondes, d'un œil presque hautin, avant de s'approcher timidement mais suffisamment près pour qu'en tendant le bras, Cale puisse lui toucher l'encolure. L'animal sembla réagir au touché du jeune homme alors que sa robe d'un noir brillant frémit à son toucher.