Après le petit déjeuner dans la grande salle, Willow avait fait un nouveau tour du château avant de retourner se réfugier dans sa chambre. Elle n'avait pas réellement eu le temps de se l'approprier comme telle, ni même de réaliser qu'elle avait une chambre, ici, à Azkadel. Toute cette aventure était vraiment hors de toute logique mais elle commençait à en prendre chaque éléments comme le nouveau-normal.
Elle remit en place les draps dans lesquelles elle avait passé la nuit -si on pouvait appeler ça une nuit- et laissa ses doigts parcourir le tissu. Sur la table de nuit, les larges bougies étaient à peine brûlées, allumées seulement depuis son retour.
Face au lit se trouvait la cheminée. Dans sa pierre était gravé le blason d'Azkadel ; un ours, de profil, se tenant sur ses deux pattes arrières. Le feu qui y crépitait répandait sa chaleur réconfortante dans toute la pièce.
Willow s'assit devant sa coiffeuse, face à son miroir. Son visage était marqué par la fatigue mais reflétait quelque chose de nouveau dans son regard. Elle avait une famille. Une maison. Pas celle à laquelle elle s'attendait, mais après tout, il y avait encore quelques jours, elle pensait n'avoir rien à attendre.
Sa peau attrapait des reflets dorés face aux rayons du soleil passant par la fenêtre. Elle saisit l'un des pots en verre sur sa coiffeuse qui contenait une petite quantité de liquide. Elle souleva le couvercle délicatement et devina qu'il s'agissait d'un parfum lorsque la forte odeur de fleurs arriva à ses narines. Willow reposa le pot sans même essayer de retenir le son de dégoût -très peu digne d'une princesse- qui s'échappa de ses lèvres, au moment même où quelqu'un ouvrait la porte. Elle sursauta.
Une servante se tenait à la porte. Willow remarqua que comme toutes les autres femmes, elle portait une longue robe bleue foncée avec les cheveux maintenus en chignon serré et sophistiqué. Les hommes qui travaillait aussi dans le service du château arboraient la même couleur. La jeune fille avait remarqué que cette couleur les différenciaient de la garde, là aussi comprenant ainsi bien des hommes que des femmes, mais dont les tenues étaient entre le vert et marron, leurs cheveux couverts d'un chapeau distinctif.
-Excusez-moi votre altesse, fit-elle en faisant une légère révérence. Souhaitez-vous prendre un bain ?
Willow considéra la question. Cela commençait à faire un moment qu'elle n'avait pas été en contact avec de l'eau chaude et du savon.
-Oui, j'aimerais beaucoup s'il vous plaît. Merci beaucoup.
-Je vous en prie. Je monte et le bain et le fais chauffer. Si pouvez sortir si vous le souhaitez, ça risque de prendre un peu de temps.
La jeune fille hocha la tête. Elle ne se voyait pas rester dans la chambre, les bras croisés à regarder quelqu'un lui préparer un bain. Elle se leva pour sortir lorsqu'un son de cloche retentit. Willow se tourna vers la servante qui s'était arrêté à la tâche.
-De quoi s'agit-il ?
L'employée posa son regard sur Willow, souriante.
-Le roi Aymeric vient de rentrer en ville. Il devrait être au château d'une minute à l'autre.
Son père. Willow se précipita hors de sa chambre, essayant de tenir et manipuler les pans de sa robe afin de ne pas s'y prendre les pieds. D'un seul coup, toute la vie du château sembla s'accélérer. Les soldats de la garde et les servants s'activaient dans les couloirs alors que Willow descendait prudemment les escaliers en colimaçon donnant accès à la cour. Sa mère, la reine Isabelle arrivait en sens inverse.
-Willow, souffla-t-elle entre le soulagement et l'excitation. Il arrive.
Elle glissa son bras sous celui de sa fille et elles traversèrent la cour ensemble pour se positionner devant les grandes portes du château donnant sur la ville. Willow ne savait pas exactement ce qu'elle ressentait entre la nervosité, l'excitation ou la peur mais elle sentait son cœur battre à l'unisson des tambours de la cour. On pouvait déjà entendre les acclamations et applaudissements des habitants de la ville qui accueillaient leur roi de retour à la maison. Les gardes avaient fini de se positionner en lignes, essayant de calmer leurs montures qui semblaient ressentir l'excitation ambiante. Willow aperçu Cale au loin, les bras croisés à l'écart de tout le monde. Il semblait curieux du spectacle sans avoir envie d'y participer pour autant.