Le fô m'a choisie!

III.

C'est quoi ce bordel?!! Je rêve ou il viens d'orienter son doigt vers moi? Ah non je ne rêve pas y'a des gardes qui se dirigent vers moi. Il pointe aussi Margo qui est prise de panique et ne bouge pas, oh non non non. Ils peuvent pas me prendre non!!!

Les gardes arrivent vers nous et l'un empoigne Margo, mon coeur fait un saut vers ma bouche et j'ai l'impression que je vais le vomir. Je me met à courir dans l'autre sens et les gens me regardent mais je n'y prête pas attention. Je suis morte de peur, je peux pas me marier à ce vieillard non, j'ai ma vie en ville qui ne fait que commencer non!!

Je cours, je cherche mon père, il a toujours été une figure de protection je me suis toujours senti sûr avec lui. Je l'aperçoit où je pensais le trouver dans la délégation des grands notables du village, je cours à toute allure vers lui avec les gardes à mes trousses et me jette dans ses bras.

-papa, papa non ils peuvent pas, dit leur que non, non !! Dis-je en m'accrochant à son habit. Il me prend par les bras et essaie de me calmer
-Aria arrête, calme toi. Me dit-il en me secouant légèrement, j'ai les larmes aux yeux et suis essoufflée, il lance un regard aux gardes arrêtés derrière moi et reporte son attention sur moi

-Aria, le chef t'a choisie c'est un honneur, je suis content vas-y et sois une bonne fille.

Quoi?!! Il n'a pas dit sa si?!
-papa, tu peux pas me demander de...tu...  J'en perd la parole, les larmes s'échappent et je sais qu'elles ne vont pas s'arrêter. Il pose un bisous sur mon front et regarde les gardes derrière moi en hochant légèrement la tête, mais qu'es ce qu'il fait??! Je vois un air triste traverser son visage et il me lâche pour que deux mains rugueuses m'étreignent les bras.

-non, non, non, papa non, je me tue si vous me forcez je me tue! Tu sais que j'en suis capable je me tuerais et tu aura ma mort sur la conscience! Je me tuerais!!!
Crié-je alors que les deux gardes qui m'avaient suivi me portent carrément, j'essaie de me débattre mais pas moyen. Comment un père peut-il accepter que sa fille de 17 ans soit prise en mariage par un homme qui est son aîné de 50 ans au moins?!!

Les gardes m'emmènent jusqu'à la chefferie et m'orientent vers une case ou je retrouve Margo et les autres filles qu'on a emmené aussi. Margo est en larme et je la rejoins; à part une fille qui pleure aussi comme nous les 5 autres filles ont l'air surexcité. Elles m'énervent même.

-comment il peut les laisser faire ça?! Demandé-je à Margo et elle n'a pas besoin de plus d'éclairage pour comprendre que je parle de notre père. Elle lâche un sanglot en seule réponse, et je pose ma tête sur mes mains ramenés sur mes genoux. Les larmes sont passées maintenant je pense à ce que je vais faire, s'il nous a prises à 8 c'est qu'il veut faire un choix parmi, maintenant il faut savoir ce que je ferais s'il me choisis moi.
Je me tue! Je me tue! Je me tue! N'arrête pas de revenir en boucle dans ma tête. Je me tuerais avant de laisser ce porc imaginer m'appeler sa femme. J'ai envie de vomir rien que d'y penser. Ils m'ont carrément enlevé l'envie de continuer ce pourri festival.

~

Ça doit faire 4h de temps que nous sommes ici et personne n'est venu nous voir. Ça commence à être pesant même pour les autres filles qui étaient surexcitées toute à l'heure.

La porte s'ouvre pour laisser entrer deux gardes suivis du «fô»; le chef ici se fait appeler comme ça ou par d'autres noms comme «namtchema», «mbelong» ou autres. Avec lui il y'a son frère qui lui sert de bras droit et deux jeunes hommes. L'un à l'air d'être de ma tranche d'âge peut-être plus jeune mais y'a que son visage qui dit sa, il est super grand et large d'épaules. L'autre à l'air un peu plus âgé et est encore plus imposant que le premier, ce sont les fils du chef, je les ai remarqué ce matin mais n'ai pas prêté attention et je ne compte pas le faire maintenant non plus ; ils ont tous le visage fermé, c'est super intimidant de voir ces bâtiments face à moi. Ils s'alignent là et le fô prend la parole.

-j'ai pu remarquer que certaines d'entre vous n'étaient pas très enthousiasmés par leur venu ici. Je peux comprendre que l'idée de vous marier à votre grand père ne vous enthousiasme pas et je ne suis pas un pédophile donc rassurez-vous. (Il a une voix imposante, et une prestance!! S'il ne m'énervait pas à ce point je l'admirerais, en plus il a l'air d'un intellectuel).

-si je vous ai choisies aujourd'hui c'est pour mon fils que voici. Continue-t-il en posant une main sur l'épaule du jeune homme qui a l'air plus âgé. Là la pression redescend d'un cran, il est plutôt beau, avec sa mâchoire carrée, ses épaules super larges, il porte un vêtement traditionnel qui le couvre quand même mais on voit bien qu'il a un corps bien sculpté. Il a un teint frais, je dirais qu'il vis à l'étranger. Mais c'est pas pour autant que je veux l'épouser, il a déjà un air renfrogné, comme si lui non plus ne veux pas être là.

-vous resterez dans ma concession pendant un temps au cours duquel vous serez observées, je déciderait de quand et qui épousera mon fils; vous serez orientées vers des cases qui seront vos chez vous pendant votre séjour ici.

Il fini de parler et les filles se prosternent en se tapant dans les mains, signe de respect, moi je reste assise et le chef me fixe longuement avant de partir. Je rêve ou il vient de sourire? Bon s'était plus l'ombre d'un sourire mais tout de même!!

On nous dirige vers des cases et je me retrouve seule dans la mienne, il y'a un salon comme première pièce, et deux chambres, c'est tout. Les toilettes sont à l'extérieur.

A voir les cases de l'extérieur on penserait qu'il n'y a pour seul mobilier que des chaises et lits en rotin ou en paille mais ici c'est pas le cas. Il y'a des fauteuils en cuir marron brun, une table vitrée, les lits sont en bois rouge vernis avec de bon matelas, une belle literie et des serviettes dans les placards en rotin avec les portes miroir.

La décoration est composée de masques, sculptures et objets traditionnels. Je me met dans un fauteuil et commence à réfléchir. Il faut qu'ils me remarquent négativement, ça va pas être bien dur vue mon «caractère de cochon» comme maman dit souvent.

Ça me fait mal de penser à elle, elle doit être anéantie, perdre deux de ses filles pour épouser un vieillard dont elle même ne voudrait pas, ça doit être dur.
Je dis un vieillard parce-que je suis sûr que les autres ne savent rien de ce que le fô nous a dit. Et j'espère bien qu'elle a fait une belle scène à mon père pour avoir laissé faire sans broncher. J'arrive toujours pas à croire qu'il ait accepté une telle chose. C'est juste incroyable.

Je commence à somnoler et ne tarde pas à me laisser emporter par morphée. Demain sera un nouveau jour... Meilleur j'espère.