IV.

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-eh réveil toi, debout. Dit une voix féminine qui ressemble à celle de ma mère. Je sors de mon sommeil super déçue quand je vois que c'est pas elle. C'est une des femmes qui nous organisait dans les rangs avec la mafo le jour du lancement du festival. Je regarde mon téléphone qui affiche 7h pile poil. Elle me demande de la rejoindre à l'extérieur ce que je fais après avoir porté un pull.

La journée d'hier est passé si vite et si calmement que je me demande toujours si elle est passé. Je me suis levé à 8h passé et ai paressé dans ma case, ça fait bizarre de dire "ma case". Bref j'ai paressé dans ma case avec mes écouteurs vicés aux oreilles jusqu'à 13h environ. Margo est venue me chercher pour manger, j'ai juste grignoté un peu et suis retourné à ma case avec elle. Nous avons passé le reste de la journée à parler de tout et de rien et avons dormi chacune dans une chambre de la case. Margo déteste dormir avec quelqu'un elle «aime pouvoir s'étendre dans son lit sans se soucier de la personne à côté d'elle ». Et dire qu'elle rêve de se marier, je me demande qui voudra d'elle dans son lit si elle le jette par terre à coups de pieds chaque nuit.

Aujourd'hui c'est le dernier jour du festival, on nous emmène dans une case plus grande que la mienne; ici on nous prépare comme grand mère l'a fait pour le lancement du festival, on nous donne des tenus, des bijoux, des sandales que nous enfillons sans un mot. Après ça nous nous asseyons et mangeons en écoutant les chants et balafons qui proviennent de dehors. Après un moment on nous fait sortir de la case en deux lignes et nous nous mettons derrière avec les filles du chef, la même délégation qu'au lancement se met en chemin pour la place publique an chantant et dansant, nous y arrivons et il se passe une myriade de prestations et cérémonies.

Margo et moi croisons le regard de mon père et il sourit, il ose! Margo détourne le regard avec le visage fermé et continu d'observer ce qu'il se passe devant. Moi je soutiens son regard et injecte le mien de toute la déception et la rancœur que je ressens. Un air attristé traverse son visage juste avant que je ne détourne le regard moi aussi.

Il a réussi à mettre une note encore plus sombre sur ma journée. Je suis vraiment déçu par son comportement, je l'ai toujours vu comme la figure même du courage, de l'autorité, sa présence m'a toujours rassuré mais depuis deux jours c'est mort tout ça. Fini.

Après un loooong discours du chef on nous informe qu'on peut retourner à la chefferie si on veut mais toujours avec des gorilles sur les basques. Margo et moi décidons unanimement d'y retourner, en chemin nous cherchons dans la foule pour voir si on trouve un membre de notre famille mais rien, aucune trace d'eux.

C'est la poitrine lourde qu'on rentre dans ma case mais on se retrouve très vite à rire des gens qu'on a vue, et à parler de l'actualité sur les réseaux sociaux. Nous sommes comme ça ma demi soeur et moi, nous avons la capacité d'oublier une situation qui nous éprouve le temps d'un instant et de nous consacrer à tout autre chose.

La nuit tombe vite et nous nous couchons tard, avec les sons des tam-tams qui résonnent toujours dehors. Margo préfère dormir avec moi, elle partage sa case avec une "villageoise" comme elle dit, qui lui sort par les trou de nez.

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Je me lève et vais regarder dans la chambre de Margo mais elle est vide. Je ne sors pas la chercher et m'installe dans un des fauteuils ô trop confortables du salon et me plonge sur les réseaux sociaux. Je ne me rend même pas compte qu'il est déjà 17h.

C'est fou comme le temps passe vite ici; bon c'est vrai que quand il fait froid les journées sont moins longues. Mais j'aurais cru trouver le temps plus long surtout que je fais rien de la journée.

Merci seigneur pour cette compensation, je suis presque en hotage mais les minutes ne deviennent pas des heures, au contraire ce sont des secondes.

Je suis toujours sur mon téléphone quand j'entends des cris dehors. Non ce sont des pleurs, des lamentations.

-Ariaaaaaaa, Aria hooooo, Ariaaaaaaa sors, Ariaaahahaha. N'arrête pas de hurler la voix de Margo dehors, qu'es ce qu'il y'a?! Ma première réaction à été de rester figée mais là mes pieds se déplacent seuls.

Je sors et vois Margo entrain de s'enrouler dans la poussière en criant "papa, papaaa". Avec elle il y'a Erica et Victor, mes cousins. Je me rapproche avec énormément d'appréhension.

-qu'es ce qu'il y'a? Pourquoi elle est comme ça?! Demandé-je calmement à mes deux cousins qui pleurent aussi mais silencieusement.

Ils me regardent en secouant la tête et Margo n'arrête de crier papa. Les larmes me montent aux yeux, mon sang se fige l'espace d'une nano seconde et je deviens agressive. J'attrape Victor par le col et le secoue en hurlant presque

-parle, qu'es ce qu'il y'a avec mon père, dit moi! Il se contente de secouer la tête en baissant les yeux. Mais ils sont vraiment empottés ceux là, ils peuvent pas parler merde!!!

Je recule de quelques pas comme si une réalisation me frappait de plein fouet mais je ne sais pas ce que je réalise, rien ne me viens en tête. Mon regard passe sur chacun d'entre eux et ils me semblent subitement lointain.

Je ne saurais rien avec des empottés pareils de toute façon, je prend la direction de la sortie de la chefferie au pas de course, je cours comme une folle avec des larmes qui me coulent le long des joues, les gens me regardent passer comme si j'étais devenu folle mais j'en ai que faire.

J'arrive à la concession de grand mère en un rien de temps, il y'a des gens, beaucoup de gens, ils pleurent, se lamentent, mais que se passe t-il à la fin?! Je rentre dans la case de grand mère et vois maman assise sur une natte par terre avec de la famille, elle est en larmes.

Je tombe à genoux devant elle et c'est là qu'elle remarque ma présence, elle redouble d'ardeur dans ses pleures et triple même en voyant Margo toute salle qui nous rejoins par terre. Elle se jette dans les bras de maman et les deux sanglotent comme des bébés.

-mais qu'es ce qu'il y'a merde!! M'exclamé-je subitement, maman comme tous les autres dans la pièce me regardent comme ci je perdais la tête, je vais vraiment finir par la perdre si personne ne me dit rien. Maman fond dans une nouvelle vague de sanglots en disant

-il est parti, ton père nous a laissé. Elle le dit en pleurant et se lamentant en dialecte. Ses paroles me frappent comme des rafales de vent, non des baffes qui se succèdent non stop.

J'ai du mal à respirer, ma poitrine se contracte, mon coeur est trop à l'étroit il ne parviens plus à pomper mon sang, je pose ma main droite sur le haut de mon sein gauche et enfonce mes ongles dans ma peau, je passe mon bras gauche autour de mon thorax et fais pareil avec mes ongles dans mon dos.

Il faut que je me serre fort, mon coeur bat au ralenti mais je sens une pression énorme dans ma poitrine, c'est comme si j'allais exploser.

Non, je veux pas exploser!

J'ai du mal à respirer, je me retrouve assise puis couché sans savoir comment j'ai fait. C'est trop fort, mes poumons rejettent catégoriquement l'air que je m'efforce à inhaler.

Il y'a quelque chose, quelque chose qui ne vas pas, c'est pas normal toute cette pression dans ma cage thoracique, et ma tête me fait subitement un mal de chien à l'arrière, qu'es ce qu'il se passe...?!

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Coucou👐

Je publie tout de suite le nouveau chapitre...

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Le fô m'a choisie!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant