Un son aigu et un flash bleu

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Alors... Je ne sais pas vraiment comment débuter cette histoire à vrai dire. Il s'est passé beaucoup de chose depuis le... "début". Mais je vais essayer d'être le plus clair et précis possible car, au moment où j'écris ces mots, déjà il s'est passé pas mal de temps et ensuite j'ai encore du mal à réaliser que tout ce qui m'est arrivé soit bien réel.

Je me souviens très bien de la première nuit passée là-bas. Je n'arrivais pas à dormir, évidemment. J'étais monté sur une colline au petit matin afin d'observer le levé du soleil. En réalité, pas du tout. C'était surtout pour me remettre les idées en place. Après tout ce que j'avais vu et entendu, difficile de tout digéré en si peu de temps. Je respirais profondément cet air matinal, brumeux et plutôt frais. On aurait pu être en automne je dirais, si je me trouvais encore chez moi. Les premières lueurs or-orangé chassaient les dernières traces des ténèbres. Si je n'avais pas rencontrés ces petites "personnes" et entendu autant de chose, j'aurais pu croire être encore dans mon monde. Mais ce n'était pas le cas.

Pourtant, la journée de la veille avait commencé de manière tout à fait banale. C'était le weekend et j'avais pris la route pour rejoindre ma famille. Il devait être aux alentours de midi, j'était passé par la petite route de campagne, c'était plutôt calme. Mais j'ai du m'arrêter. Pourquoi ? Que ce serait-il passé si je m'étais retenu ne serait-ce que quelques minutes ? Beaucoup de questions qui allaient me hanter durant de nombreux jours après ça. En tout cas, j'ai haï cette décision de m'arrêter pendant longtemps.

Je descendis de la voiture et m'enfonçai quelques mètres dans la forêt. J'ai toujours été un peu pudique, même s'il n'y avait pas l'ombre d'une voiture à l'horizon. Je choisis un arbre et commençai à faire ce que j'avais à faire quand j'entendis un bruit. Une sorte de souffle aigu et continu. Je tournai la tête mais impossible de trouver l'origine de ce son étrange. C'était comme s'il sifflait tout autours de moi. Les feuilles des arbres se mirent à s'agiter, une brise m'enveloppa et alors que le souffle aigu s'intensifiait, un puissant flash bleu m'aveugla d'un seul coup. Je perdis l'équilibre et me retrouvai par terre.

Je mis une minute ou deux avant de retrouver l'usage de mes yeux. Le flash bleu avait duré une fraction de seconde mais m'avais mis K.O. Je clignai des yeux pour retrouver une luminosité et une mise au point acceptables. Je me rendis compte que le vent était retombé, que le sifflement aigu avait disparu avec le flash et que j'étais défroqué au milieu d'une forêt. Pas très plaisant comme situation. Comme pour ce qui seront susceptibles de lire ceci, je ne comprenais absolument rien à ce qui venait de se passer. Alors que je remontais mon pantalon, j'essayai de comprendre d'où avait bien pu provenir ce flash bleu. Mais, comme pour le souffle, il n'y avait aucune explication. Et pourquoi tout s'était arrêté en même temps ? L'esprit quelque peu embrouillé, je remontai à ma voiture et... où était la voiture ? Et la route ?? Je me retournai pour évaluer les distances. Je n'avais pas marché aussi loin ? J'étais bien descendu par là ? Je partis dans une autre direction, puis une autre en essayant de retrouver l'endroit d'où j'étais descendu mais impossible de tomber sur cette fichue route !

Je n'avais aucun point de repère. Même l'arbre où j'avais... même l'arbre, je ne savais pas lequel c'était. Je cherchai mon téléphone dans ma poche... Bon, pas dans cette poche-là, dans ma veste... La poche arrière ? Bon, il est dans la voiture.

- Merde.

Je me hais. J'ai toujours mon téléphone sur moi hein, comme tout le monde, même aux toilettes, mais là non ! Il devait être dans le porte-gobelet entrain d'envoyer de la musique dans la voiture, à se décharger inutilement. Je ne portais pas de montre puisque, comme tout le monde encore une fois, j'utilise mon téléphone pour savoir l'heure ! Bref, impossible donc de savoir l'heure qu'il était. Étais-je resté longtemps dans les vapes ? M'avait-on déplacé ? Je ne reconnaissais plus rien. Je me rendis compte que les arbres autours de moi ne me disaient rien non plus. Il y avait bien plus de feuilles par terre non ? Mais c'était impossible. Le flash n'avait fait que m'aveugler quelques instants. Je n'étais pas parti complètement dans les pommes. Non. Mais dans ce cas, où était la voiture ?

J'essayais de réfléchir posément, sans me laisser envahir par le stress, la panique ou même la colère. Mais dans une situation pareil, c'était difficile. Alors que je tournais en rond dans cette maudite forêt, une petite voix sortit de nulle part :

- B... Bonjour.

Je me retournai en sursaut, le cœur battant. Mais il n'y avait personne.

- Qui... QUI EST LÀ ? hurlai-je, cherchant entre les arbres et derrière les buissons l'origine de cette interpellation.

- Ici ! En bas !

Je baissai la tête.

- HA !

- HA !

Mon interlocuteur avait également sursauté, certainement dû à mon propre cri. J'avoue que la vision de ce petit homme, la première fois que je le vis, m'avais profondément surpris. C'était un petit bonhomme, qui ne m'arrivait pas au genoux, le visage rond, une barbe et des cheveux roux et en broussaille. Impossible de lui donner un âge précis. Il portait un petit costume en tweed et des petites chaussures en cuire. Il s'épousseta et me fixa d'un air surpris et sévère. En réalité, je devais avoir à peu près le même regard.

- Qui... que... qu'est-ce que vous êtes, vous ? demandais-je.

- Moi ? Et vous, vous êtes quoi ? Un elfe ?

-  Quoi ? Un elfe ? Mais qu'est-ce que vous racontez ? Je suis un homme !

Il plaisantait ou quoi ?

- Un homme ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

Le petit homme me scruta de bas en haut, les sourcils froncés. Il avait une voix rocailleuse et quelque peu agressive. Je ne comprenais rien à ce qu'il me disait.

- Vous êtes... un nain ? lançai-je au hasard.

Il était en réalité beaucoup plus petit qu'un nain (de mon monde, je précise). On aurait simplement dit un homme, tout ce qu'il y a de plus banal mais rétréci et portant de vieux vêtements. Mais cette question, qui était la seule qui m'était venue, ne sembla pas du tout plaire à mon petit interlocuteur.

- UN NAIN ? MOI ? MAIS ÇA NE VA PAS ? Nous n'avons rien à voir avec ces mineurs bourrus des montagnes ! Non Monsieur ! Vous avez devant vous un véritable leprechaun pure souche !

- Un lepre... quoi ?

Les Contes Fantastiques de Will Murphy - Saison 1 : FeurëlfiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant