Prisonniers

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Encore une situation bien pourrie dans laquelle je me trouvais sans n'avoir rien demandé à personne.

- Tout le monde va bien ? m'inquiétai-je tout de même.

- Ça va !

- Oui.

- Très bien, je vais nous sortir de là.

Danaginn s'envola hors du trou et ne revint pas. En revanche, nous fûmes sortis de là par ce qui devait être les gobelins. Ils étaient plus grands que les leprechauns et les fées, ils devaient m'arriver au niveau de la taille je dirais. Ils étaient extrêmement moche. Ils avaient un long nez, de longues oreilles, des dents noirs, la peau vert pâle et se tenaient voûtés. Ils étaient très violents. Même moi qui faisait le double de leur taille, ils m'ont extirpé du trou et envoyé directement dans une cage montée sur roues. Il faut dire qu'ils étaient nombreux et que nous étions toujours attachés. Dans la cage, nous retrouvâmes Danaginn.

- Je n'ai rien eu le temps de faire, expliqua-t-il.

- Que vont-il faire de nous ? demanda Glinfen.

- Je ne sais pas.

Nous fûmes transportés plus profondément dans la forêt des Serres, tirés par deux gros cochons. Drôle de moyen de locomotion mais que voulez-vous ? Qui peut se vanter d'avoir été transporté dans une cage tirée par des cochons ? Eh bien moi !

Nous nous arrêtâmes dans un petit campement certainement monté par les gobelins. Il s'agissait ni plus ni moins que quelques toiles de tente et un feu. Les gobelins, qui en tout devaient être une trentaine, s'affairaient à couper du bois et à préparer à manger car la nuit commençait à tomber. Ils ne se souciaient pas de nous.

- Que va-t-on faire ? demanda Laufern dont j'avais oublié le son de la voix.

- On va attendre qu'ils s'endorment et trouver un moyen de s'échapper, répondit Danaginn.

Nous patientâmes durant des heures. Ce fut très long.

- Dis-moi Laufern, fit le fils du roi des fée. Pourquoi n'es-tu pas resté au palais d'Elenínn à la place de l'autre leprechaun pour veiller sur votre ami blessé ? Tu aurais été plus près de Nëlsínn et pour des raisons tout à fait acceptables.

Laufern ne répondit pas. Était-ce un piège tendu par Danaginn pour lui faire avouer sa relation ? Mieux valait ne rien dire.

- C'est moi qui ai proposé à Brenlow de veiller Folshean, intervint Glinfen. Je suis le fils du chef des leprechauns je te rappelle, ce n'est pas dans mon intérêt non plus qu'un leprechaun côtoie une fée. Cela ne ferait qu'aggraver davantage la discorde entre nos peuples.

Danaginn garda le silence. Glinfen avait bien parlé. Quant à Laufern, il se contenta de fixer ses pieds.

Alors que les gobelins finissaient leur repas, je pus saisir un morceau de conversation entre deux d'entre eux qui se trouvaient non loin de notre cage.

- Encore des êtres du petit peuple. C'est la deuxième fois cette semaine !

- Et l'autre il est où ?

- Il a voulu s'échapper, l'idiot.

Je me retournai vers mes amis (et Danaginn, qui n'était pas vraiment encore un ami à ce moment là).

- Vous avez entendu ? lançai-je. Un autre leprechaun ou bien une fée a été capturé !

- Tu parles le gobelin "homme" ? fit Danaginn. Décidément, tu es bien surprenant !

- Pas du tout, ils parlent la même langue que vous et moi ! Et ils ont parlé d'un être du petit peuple qui serait passé par ici il y a peu de temps.

- Oui, c'est soit une fée, soit un leprechaun. Curieux... Et où est-il ?

- Je ne sais pas, ils n'en ont pas parlé.

J'essayais encore d'écouter les deux gobelins lorsque je les ai vu arriver. Une pognée d'homme (enfin, ils ressemblaient à des hommes) montés sur des chevaux débarquèrent au beau milieu du campement, l'épée à la main. Certains gobelins sortirent leurs armes, d'autres s'enfuirent tout simplement dans les bois. La bataille ne dura pas longtemps, les cavaliers eurent tôt fait de mettre l'ennemi à sac. L'un d'entre eux descendit de son cheval pour nous libérer. Il faisait à peu près ma taille et ressemblait fortement à un homme avec une barbe et de longs cheveux mal peignés. Il avait un peu de terre sur le visage et sur ses vêtements faits de cuirs et de fourrures.

- Merci beaucoup, lui dis-je en sortant de la cage. Qui êtes-vous ?

- Nous sommes des inlendis, un de nos éclaireurs vous a vus être capturés par les gobelins. Nous sommes donc venus vous libérer.

- Monsieur Will ! s'exclama Laufern. Vous parlez également l'inlendi ?

Alors, deux choses : la première, c'est que je savais enfin qui étaient les inlendis ! La seconde, c'est qu'apparemment je parlais plusieurs langues sans même m'en rendre compte.

- Interrogez donc un gobelin au sujet de la couronne ! me lança Danaginn.

- Nous recherchons une couronne que les gobelins auraient dérobée aux fées, informai-je l'inlendi.

- Nous en avons capturé un, me répondit-il, si vous parlez le gobelin, peut-être parviendrez-vous à obtenir des informations.

Le gobelin en question était tenu en respect par deux inlendis très similaires au premier.

- Avez-vous la couronne des fées ? questionnai-je. Est-ce vous qui l'avez volée ?

- Non, me répondit l'immonde créature. C'est la fée qui nous l'a apportée.

- Comment ça ? Quelle fée ?

- Rien ! Laissez-moi partir !

- Pourquoi il s'énerve ? demanda un des inlendis. Qu'est-ce qu'il dit ?

- Vous ne l'entendez pas ? répondis-je. Vous ne comprenez pas ce qu'il dit ?

Tout le monde me fit signe que non : fée, leprechaun et inlendi. Personne ne comprenait.

- Il ne veux pas parler, poursuivis-je.

- Ah, si ce n'est que ça !

Un inlendi appuya sur une des blessures du gobelin.

- AAAAARGH !

- Alors ? Quelle fée ?

- Il y a deux jours, une fée est tombée dans l'un de nos pièges, tout comme vous. Il avait sur lui une couronne. Nous l'avons torturé pour savoir ce qu'il comptait en faire. Il savait quelques mots de notre langue et nous a fait comprendre qu'il comptait la vendre à des nains.

- C'est une fée qui l'a dérobée ?

Je me tournai vers Danaginn mais, de toute évidence, il ne comprenait pas ce que j'étais entrain de dire.

- Où est-elle maintenant ? La couronne !

- Trois gobelins sont partis hier au point de rendez-vous, pour vendre la couronne aux nains.

- Où est le point de rendez-vous ?

- À la ville abandonnée des Costes.

- Très bien, et où se trouve la fée qui avait la couronne.

- Ha ha ha ! Vous trouverez son corps près des enclos à cochon là-bas.

Je résumai rapidement la conversation à Danaginn.

- Quoi ? Non ! C'est impossible ! Où est-il ?

- Près des enclos à cochon.

Danaginn se précipita vers les enclos. Il se jeta à coté de la fée visiblement morte et poussa le cri le plus effroyable que je n'ai jamais entendu.

Les Contes Fantastiques de Will Murphy - Saison 1 : FeurëlfiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant