Les voleurs de couronne

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J'avoue avoir été quelque peu choqué par cette réponse si violente. Elle me fit l'effet d'un coup de poignard.

- Vous... vous êtes sûr ? tenta Glinfen alors que j'étais incapable de parler. Il n'y a vraiment rien à faire ? Vous n'avez aucune solution ?

- Non, répondit Folshean. Moi non.

Il observait d'un air pensif les pierres plates élevées tandis que nous attendions tous une idée miraculeuse ou au moins un indice, quelque chose.

- Les Prophètes de Mëos sont là depuis des siècles et des siècles, fit Folshean, toujours aspiré dans sa contemplation. Ils représentent ce que l'on nommait : le Conseil des Anciens. Une assemblée de grands mages, certainement les plus puissants et les plus sages d'entre eux. Peut-être que cet endroit est une sorte d'autel magique, on ne sait pas. Cela remonte à très longtemps. Au temps où l'ordre régnait partout à Feurëlfia, avant que les magiciens ne se retirent dans leur montagne et avant que toutes les espèces ne se fassent la guerre.

- Alors il existait vraiment un temps où l'on vivait en paix les uns avec les autres ? demanda Laufern.

- Bien sûr, mais c'était il y a si longtemps que plus personne ne s'en souvient. Il ne s'agit désormais plus que de légendes.

- Excusez-moi, intervins-je au milieu de toute cette histoire qui ne m'intéressait pas le moins du monde. Quel est le rapport avec le fait que je sois coincé dans cette fichue forêt ? Parce que je ne vois aucun lien entre ma situation et un groupe de vieux et leurs pierres magiques !

- J'y viens Monsieur Will, ne vous inquiétez pas. Ce que je veux vous faire comprendre c'est qu'il y a un grand nombre de chose que nous ignorons aujourd'hui mais que nous connaissions hier. Il y a des savoirs et des secrets que les siècles ont engloutis. Peut-être que les réponses que vous cherchez Monsieur Will se tr...

À peine son discours commençait-il à devenir intéressant, que l'on fit tous les cinq emportés dans les airs. Il s'agissait d'un grand filet qui devait être dissimulé sous nos pieds et qui, par un ingénieux système de poulies accrochées dans un arbre, nous avait soulevés et enfermés les uns sur les autres. Je pensais que ça ne se voyait que dans les films ce genre de chose mais ces derniers temps, entre ce que je pense et ce qu'il se passe... il n'y a plus vraiment de cohérence.

- Bren, ça va ?

- Oui ! Laufern ?

- Ça va, Monsieur Will ?

- Très bien !

- Folshean ?

- Folshean ?

- Quelqu'un voit Folshean ?

- Je le vois, répondis-je. Il a l'air assommé !

- Merde, il faut qu'on descende de là !

Étant immense par rapport à mes amis, ils se trouvaient tous écrasés par mon corps qui prenait toute la place dans le filet.

- Vous voilà à votre place, vermines !

Des petites créatures surgirent de nulle part et nous encerclèrent. Elles n'étaient pas plus grandes que les leprechauns mais avaient une silhouette plus fine et surtout, elles avaient des ailes. Je compris assez rapidement qu'il s'agissait des fées. C'étaient apparemment des fées "hommes" qui portaient une sorte d'armure verdoyante et nous menaçaient avec des petites lances.

- Vous êtes faits prisonniers par ordre du roi Elsarinn ! nous lança un des soldats fées.

- Quoi ? Pourquoi ? protesta Glinfen.

- Je ne peux rien vous dire, vous devrez répondre de vos actes devant le roi ! Vous et votre grand ami, quel qu'il soit, serez conduit à Elenínn sur le champ !

- Vous savez à qui vous vous adressez ! Je suis Glinfen ! Fils d'Erendeen ! Chef des leprechauns ! Vous faites un grave erreur !

- Non, justement.

Glinfen ne put contester davantage car nous fûmes soulevés par les soldats fées et emportés tels quels, dans notre filet.

Nous traversâmes la forêt toujours emprisonnés et sans pouvoir bouger. Je me dis que les fées devaient être sacrément fortes pour soulever mon poids avec leurs petits bras même s'ils étaient une quinzaine à porter le filet.

- Monsieur Will, lança Laufern. Pouvez-vous décaler votre jambe ?

- J'essaie !

- Comment va Folshean ?

- Toujours dans les vapes.

- Ils vont nous le payer ! gronda Glinfen. C'est moi qui vous le dis !

Après environ une heure à traverser la forêt dans des positions très inconfortables, nous arrivâmes enfin à Elenínn. J'avais appris durant ce long voyage qu'il s'agissait du royaume des fées. C'était un grand village perché dans les arbres, chaque habitation était semblable à une fleur et tout était relié par des ponts suspendus faits en bois et en feuillage. C'était réellement magnifique. C'était comme si le village d'Elenínn faisait partie intégrante de la forêt, comme s'ils avaient poussé ensemble.

Les fées nous déposèrent devant ce qui devait être le palais royal, une grande structure de bois, de végétation et de tissus en soie claire. Nous étions sur une plateforme à plus de 50 mètres du sol et j'allais tout faire pour ne pas y penser.

Les soldats nous ligotèrent les poignets avant de nous faire pénétrer dans le palais. J'ai évidemment dû m'agenouiller et il a fallu modifier la structure de la grande porte pour que je puisse rentrer. Nous nous trouvions dans une immense salle où se tenaient bon nombre de soldats ainsi que deux trônes entourés par ce qui devait être la cour. Il s'agissait de fées habillées très somptueusement de robes et de costumes en étoffes légères.

On nous nous fit avancer jusqu'aux trônes où étaient assis deux fées, un "homme" et une "femme". Il étaient vraiment magnifiques. Leurs vêtements et leur prestance ne laissaient aucun doute quant à leur rang, il s'agissait du roi et de la reine des fées.

- Elsarinn ! s'écria Glinfen. Vous...

D'un signe de la main du roi, un soldat mit un coup derrière la tête de mon ami. Ce n'était pas un coup assez violent pour l'assommer mais suffisant pour le faire taire et ne pas lui donner envie de recommencer.

- Vous êtes en présence du roi, lança Elsarinn, ainsi que de sa reine, Alrása ! Alors comportez-vous convenablement ! Tout d'abord, sachez que l'on s'occupe de votre ami blessé. Ne vous inquiétez pas. Ensuite, vous êtes qui vous ? Ou plutôt, vous êtes quoi ? Un elfe ?

Il s'adressait très clairement à moi.

- Non monsieur... Elsarinn.

- Sire !

- Sire ! repris-je. Je suis un homme et je sais que vous ne savez pas de quoi il s'agit. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé ici mais je n'ai rien à voir avec toutes vos histoires. Moi, tout ce que je souhaite, c'est rentrer chez moi.

Elsarinn leva un sourcil.

- Intéressant, fit-il d'un ton monotone. Vous étiez avec les leprechauns, vous serez donc traités comme eux.

- Super...

Je pris à mon tour un coup derrière la tête.

- Bon, poursuivit le roi, venons-en à notre affaire. Où l'avez-vous cachée ?

Nous nous regardâmes avec un air d'incompréhension la plus totale.

- De quoi vous parlez ? demanda Bren.

- Ne jouez pas aux idiots bande de voleurs ! Où avez-vous caché la couronne de la reine ?!

Les Contes Fantastiques de Will Murphy - Saison 1 : FeurëlfiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant