Les Contes Fantastiques de Will Murphy - Saison 1 : Feurëlfia

Des sirènes et des négociations

- Si je comprends bien, les sirènes c'est dangereux ?

- Exactement Monsieur Will, lança Glinfen complètement paniqué.

Le petit bateau était secoué dans tous les sens. Je pris une rame, me penchai par dessus bord et attendis d'apercevoir une de ces créatures. Soudain, une sirène sortit de l'eau mais replongea immédiatement. Je devais être très rapide. Lorsqu'une seconde arriva à la surface, j'abattis la rame sur son visage. Il faut dire qu'elles avaient des visages plutôt effrayants, des yeux exorbités et des dents pointues. Les deux leprechauns avaient pris la deuxième rame tandis que Danaginn tentait de les blesser avec sa petite épée de garde fée. En réalité, rien ne fonctionnait. Au contraire, j'avais l'impression que nos attaques ne faisaient que les énerver davantage. Notre embarcation ballottait de plus en plus dangereusement.

- Il n'y a rien à faire ! criai-je. Nous allons chavirer !

- Si nous tombons dans l'eau nous sommes morts ! lança Glinfen. Elles nous dévorerons en moins de dix minutes !

- Danaginn ! Tu peux aller chercher de l'aide ?

- Il n'aura pas le temps !

- Merde.

Je regardai autour de moi en panique. Je ne voulais pas mourir ! Surtout pas ici, dans un monde qui n'était pas le mien ! Je fouillai le petit sac en toile que les inlendis nous avaient donné pour le voyage, il s'agissait de provisions. J'y trouvai une bouteille de vin et une autre de leur eau de vie que j'avais pu goûter la veille. Elle était particulièrement forte. Je vidai les deux bouteilles dans l'eau. C'était dommage et je n'étais même pas certain du résultat mais c'est tout ce qui me passa par la tête.

Quelques instants plus tard, le bateau arrêta de se balancer, il n'y eu plus aucun coup sous la coque. Les sirènes s'étaient éloignées.

- Monsieur Will, vous êtes un génie !

- Merci Laufern.

Nous nous réinstallâmes convenablement et je repris la traversée du lac sans perdre un instant. Personne ne voulait revoir ces abominables créatures. Qui plus est, nous n'avions plus d'alcool.

Nous arrivâmes enfin à une embouchure où l'eau courait entre deux immenses falaises. Nous serpentâmes un bon moment entre ces rochers, observant ce magnifique décor.

- Vous pensez que l'on pourra rattraper les gobelins à temps ? demandai-je.

Oui. Si vous vous le demandez, même sur le moment, prononcer une telle phrase me semblait complètement improbable. En réalité, à présent, tout était à la fois banal et totalement fou. Mais bon.

- Les gobelins ne naviguent pas, me répondit Danaginn. Ils ont dû faire le tour du Loch, ce qui prend un certain temps. Sachant que les gobelins ne se déplacent pas très vite, nous devrions arriver pratiquement en même temps qu'eux dans la ville des Costes.

Nous arrivâmes jusqu'au bout de l'estuaire qui était traversé par un immense pont. Au delà, il y avait l'infinie étendue de la mer Sigur. Après avoir amarré notre embarcation, nous montâmes de petits escaliers de pierre qui nous menaient à la fameuse ville abandonnée.

En effet, elle portait bien son nom. Tout était vide. Les maisons étaient à moitié en ruine. Certains toits s'étaient effondrés, les bâtiments étaient parfois sans volet ou sans porte. L'herbe avait repoussé de partout, des feuillages et de la mousse grimpaient sur les murs. On aurait vraiment dit une ville fantôme. Cela aurait fait un parfait décor pour un film post-apocalyptique.

- Là-bas ! nous indiqua Danaginn. Les gobelins !

Les trois gobelins attendaient sur ce qui devait être la place centrale de la ville. Les nains n'étaient pas encore arrivés.

- Demandez-leur de nous rendre la couronne Will, me demanda la fée alors que nous marchions vers les voleurs.

- Hé vous ! lançai-je. Vous avez quelque chose qui nous appartient !

Les gobelins sursautèrent en nous voyant débarquer de la sorte.

- Quoi ? Comment ça ? s'étonna l'un d'eux. Qui êtes vous ?

- Nous venons de la part du roi des fées, Elsarinn ! La couronne que vous avez en votre possession lui appartient. Enfin elle appartient à sa femme mais qu'importe ! Vous devez nous la rendre !

- Mais nous ne lui avons rien volé nous. C'est une fée qui s'en est chargée. Nous n'avons fait que... trouver la couronne. Ainsi, elle nous appartient !

- Vous l'avez vous-même volée ! Le roi tient beaucoup à cette couronne, il est prêt à envoyer son armée si cela est nécessaire !

- Qu'importe puisque nous allons la vendre aux nains. Ça sera alors leur problème. Vous n'aurez qu'à vous arranger avec eux !

- Ne soyez pas stupide, nous ne vous laisserons pas faire.

- Et vous comptez nous attaquer avec deux leprechauns et une fée ?

En effet, ils portaient des armes et semblaient bien plus enclins au combat que nous. Danaginn était le seul qui pouvait se battre mais était bien trop petit par rapport aux gobelins. Nous étions trop peu nombreux et pas suffisamment équipés. Il me fallait être bien plus diplomate que ça.

- Écoutez, repris-je. Si vous la rendez, le roi vous versera sans doute une récompense.

- NON ! hurla Danaginn qui, pour rappel, comprenait quelques mots de gobelin. Ils ont tué Ihulï ! Ils n'auront rien ! Il mériterait même de tomber sous ma lame !

- En effet, poursuivis-je en faisant signe à la fée de ranger son épée. Vous avez tué un de nos amis ! Cela ne vous met pas dans une très bonne position.

- Ce n'est pas nous, se défendit le gobelin. Il était prisonnier quand nous sommes partis ! Mais nous sommes vraiment navrés de l'apprendre.

Je ne savais pas s'il était sincère ou non. Danaginn était sur le point de leur sauter à la gorge.

- Que se passe-t-il ici ? lança une voix grave derrière nous.

C'étaient les nains.