Les Contes Fantastiques de Will Murphy - Saison 1 : Feurëlfia

Un leprechaun, une fée et des pierres

J'avais fini par m'endormir sur ma colline. Je me fis réveiller par plusieurs leprechauns, sans doute des voisins ou des paysans qui m'avaient aperçu étendu là. Je retournai au Gr'Ínn, ne sachant pas trop où aller. Évidemment, mes nouveaux amis étaient là.

- Bien dormi Monsieur Will ?

- Très bien, merci Bren.

Erendeen, après avoir terminé le fond de sa pinte, se leva et vint à ma rencontre.

- Ah ! Will ! Sacrée soirée n'est-ce pas ? J'espère que notre communauté vous a convenablement accueilli !

- Bien sûr ! Tout le monde a été très gentil.

- À partir du moment que vous n'étiez pas un elfe, tout ne pouvait que bien se passer ! Aucun leprechaun n'avait encore rencontré d'"homme" ! S'ils sont tous comme vous, on ne pourra que bien s'entendre. Bref, pour revenir à votre situation plutôt délicate, vous partez avec mon fils, Glinfen, que vous connaissez déjà assez bien. Il n'a pas encore 90 ans mais il est tout à fait apte à vous escorter. Il m'a soumis l'idée de partir avec ses amis Brenlow et Laufern. Si cela vous convient, je n'y vois aucun problème.

J'acquiesçai sans relever du tout cette histoire de 90 ans qui, finalement, était bien peu de chose. Les trois "jeunes" leprechauns étaient manifestement heureux de partir ensemble.

- Oui ! On va s'amuser Monsieur Will !

- Va préparer tes affaires Brenlow ! reprit Erendeen. Et demande à ta mère de te mettre quelques pâtisseries de côté.

- Bien chef !

Bren, Laufern et Glinfen, tout excités, s'éclipsèrent. Erendeen se retourna vers moi.

- Comme je vous l'ai dit hier, vous allez chez le vieux Folshean. C'est à quelques heures de marche, Glinfen connait bien la route. J'espère que lui pourra trouver des réponses car je n'ai aucune autre solution pour vous.

- C'est déjà un début. Je vous remercie en tout cas, vous et tous les habitants de votre magnifique village !

- Ce fut un plaisir ! Prenez soin de vous et bon courage !

C'est ainsi que je quittai Laubrunnen accompagné de trois leprechauns. On m'aurait dit ça la veille, en prenant ma voiture, j'aurais tout simplement explosé de rire. Je marchais assez lentement pour éviter à mes amis aux courtes jambes de courir. Ils étaient heureux de pouvoir m'accompagner.

- Vous savez Monsieur Will, me dit Laufern. Il n'y a pas grand chose qui se passe par ici alors c'est un honneur pour nous de prendre part à cette aventure !

- Plus personne ne passe à Laubrunnen, poursuivit Glinfen. Pas même les fées avec qui on partage la forêt de Mauren.

- Il y a un problème avec les fées ? Une question que j'ai l'habitude de poser, évidemment.

- Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que nos deux espèces ne se côtoient plus depuis plusieurs générations.

- On ne sait même pas pourquoi ! renchérit Bren.

- Alors quand on se croise dans la forêt, c'est toujours la guerre. Enfin, ça dépend pour qui... Il y'en a qui aime bien côtoyer les fées hein !

Glinfen lança un clin d'œil à Laufern.

- Tais-toi ! Tu dis n'importe quoi !

Glinfen et Bren étaient mort de rire. Ils se cachaient derrière moi alors que Laufern cherchait des choses à leur lancer à la figure.

- Wow ! Wow ! Du calme ! intervins-je. C'est quoi cette histoire ?

Laufern reposa le bout de branche par terre.

- Il est amoureux d'une fée, répondit Brenlow sous le regard noir du leprechaun.

- C'est vrai ? demandai-je, non sans curiosité.

- Il l'a rencontrée dans la forêt il y a environ un mois, m'informa Glinfen. Depuis ils se voient de temps à autre en cachette.

- Mais taisez-vous ! Monsieur Will n'en a rien à faire de cette histoire !

En réalité, Monsieur Will était très intrigué par cette histoire. Tout ce qui pouvait lui faire oublier sa situation et ses sombres pensées était bon à prendre.

- Quel est le problème ? demandai-je.

- C'est interdit, répondit tristement Laufern, la mine sombre.

- Et en plus, c'est la fille du roi Elsarinn ! ajouta Bren. Ce qui aggrave davantage la situation.

- Elsarinn c'est le roi des fées, c'est ça ? lançai-je.

- Exactement. Si l'un des deux camps est au courant, surtout leurs chefs, à savoir le père de la fille ou celui de Glinfen, ça sera vraiment la guerre.

- En effet, poursuivit Glinfen. Mon père ne laissera jamais passer ça. Même si je tentais de le résonner. Et le roi des fées est encore plus têtu et obstiné à ce qu'il paraît.

Je me tus un instant. Un silence plana au-dessus de nous.

- Eh bien, finis-je par dire. Je suis désolé pour vous. Cela me semble être une histoire compliquée et sans issue.

Nous reprîmes notre route, non sans une certaine tension plutôt palpable. Laufern conservait un regard sombre tandis que les deux autres respectaient simplement le silence. Au bout d'un petit moment de marche dans les bois, me souvenant de quelques brides de la veille, je dis à voix haute comme s'il s'agissait de pensées qui m'auraient échappé :

- Quoi qu'il arrive, tout ce qui doit se produire, se produira. Mais il y a toujours une bonne raison. Il faut avoir confiance au destin !

Laufern ne répondit pas mais il esquissa un sourire, ce qui était déjà un bon début.

Après plusieurs heures de marche nous arrivions devant un alignement de grandes pierres plates. Elles formaient un demi-cercle, en son centre, une unique pierre se dressait tel un menhir. On aurait dit une sorte de monument de recueillement naturel. Le tout était placé à côté du Thün (la rivière que j'avais traversée la veille pour rappel).

- C'est ici qu'on est sensé le trouver, nous dit Glinfen. Personne ne sait exactement où il habite mais il passe très souvent par ici. On n'a plus qu'à l'attendre.

Nous nous installâmes donc entre les pierres et la rivière pour manger un morceau.

- C'est quoi ces pierres là ? demandai-je aux leprechauns. Ça a une signification particulière ou pas ?

- Je ne sais pas, répondit Glinfen. Je crois qu'on les appelle "Les Prophètes", mais je ne me souviens plus de leur histoire.

- Les Prophètes de Mëos ! lança une voix derrière moi.

- Folshean !

Un vieux leprechaun arriva vers nous tandis que nous nous levions pour l'accueillir.

- Oh ! Vous êtes qui vous ? s'exclama-t-il en me voyant de plus près. Vous n'êtes ni un elfe, ni un mage, ni même un inlendi !

Aucune idée de ce qu'était un inlendi à ce moment là. Mais je ne l'ai pas relevé et j'expliquai à Folshean ma situation.

- Donc vous êtes un "homme" d'un autre monde et vous vous êtes retrouvé à Feurëlfia à cause d'une lumière bleue ? résuma le vieux leprechaun. Et maintenant vous voulez de l'aide pour retourner chez vous ?

- C'est vrai que c'est un peu idiot résumé comme ça mais oui.

Folshean réfléchit un instant.

- Eh bien, je ne peux rien pour vous.