CHAPITRE 16

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Deux semaines avant Noël...

-Louis !! Louis !! Entendis-je du séjour alors que je sursautais violemment en lâchant la petite voiture que j'avais dans la main.

Mon père venait d'hurler à s'en arracher les poumons alors que je le pensais sorti de la maison pour aller chercher à manger, maman étant parti depuis un petit moment pour retourner au travail. De grands bruits se faisaient entendre depuis le bas de ma petite chambre et j'accourais le plus rapidement en bas pour savoir ce qu'il se passait. Pourquoi mon père paraissait tellement paniqué tout d'un coup ? Je courrais dans les escaliers en oubliant les indications de mes parents et ce que je vis en arrivant me cloua sur place avec les membres paralysés et les yeux exorbités.

-Louis !! Louis !! Va chercher Madame Rose ! Maintenant ! Me cria mon père alors que mon visage se retrouva rapidement inondé par les larmes.

Sa voix semblait me transpercer comme un fantôme et j'eus pendant un instant l'impression réel d'en être un. Mes mains se mirent à trembler et ma main se porta tout droit vers ma bouche pour étouffer mes cris. Je n'avais que 5 ans mais vivant dans un monde où les vampires dominaient, je connaissais pas mal de chose et était bien avancé pour mon âge. Alors, quand mon père observa mon état et qu'il se pencha vers moi, le visage ravagé par les larmes et la voix tremblante pour me dire que tout irait bien et que ce n'était pas grave, j'avais vite compris qu'il me mentait. J'avais vu des tas d'horreurs, des tas de morts et savais très bien à quoi ressemblait un mort. Alors, j'avançais tout droit, sous les exclamations de mon père qui me disait de m'éloigner et attrapa la main de la femme allongée sur la table en bois entre mes petits doigts tout tremblant.

-Ça va aller maman...Soufflais-je alors que non, tout n'irait pas bien cette fois.

Mon esprit semblait incapable de comprendre réellement la situation, mon père se tenait derrière moi avec un de nos voisins qui semblait l'avoir aidé et j'étais certain que même en allant chercher madame rose, notre voisine, celle-ci ne pourrait rien faire. Elle avait travaillé en tant qu'infirmière durant sa jeunesse et connaissait pas mal de chose, à tel point qu'elle était vite devenue le médecin de notre petit quartier de Paris. Or, elle était médecin et pas sorcière, et elle ne ramenait pas les morts. Parce que oui, au vue de la vision qui s'offrait à moi, ma mère était morte. Je passais ma main dans ses cheveux châtains magnifiques aux reflets d'or et souffla encore une fois sans y croire :

-Réveille-toi maman...S'il-te-plait, je te promets que je ne courrais plus dans les escaliers.

Mon père arriva derrière moi, les joues rougies et ravagés par les larmes comme le mien et posa une main sur mon dos et l'autre sur la joue de sa femme tandis qu'il chuchotait pour lui-même des petits "non, non, non" semblables à une prière silencieuse pour la faire revenir tandis que ses yeux restaient clos. Maman se tenait au centre de la table, les yeux fermés par le mort, ses beaux vêtements fleuris tâchés de sang, les cheveux trempés de sueurs et le cou sectionné au niveau de la carotide. Son teint était blafard et semblable à un fantôme, son cou avait arrêté de coulé très certainement par l'absence de battements de cœur où parce que le monstre qui lui avait fait ça l'avait vidé complètement de son sang et de petites larmes étaient encore coincées dans les coins de ses yeux. Deux trous béants étaient présents dans sa peau encore couleur crème il y a quelques heures et impossible de voir encore la couleur azur de ses yeux. Je la voyais encore me chuchoter qu'elle m'aimait il y a encore quelques heures et la constatation qu'elle ne le ferait plus jamais me brisa le cœur en des millions de morceaux irréparable. La mort de ma mère avait causé un trou immense dans ma poitrine qui continuait de saigner abondamment depuis mon enfance et ce jour horrible marqua la fin de mon innocence, et le début de ma haine contre les vampires. Mon petit corps s'allongea sur la table à côté de maman et je me laissais pleurer contre son corps meurtri, dans l'espoir de la voir bouger encore mais rien ne se produisit. J'entendis la porte d'entrer s'ouvrir de nouveau et sentis une main sur ma joue qui me fit sursauter. Madame Rose se tenait à côté de moi, un sourire compatissant aux lèvres alors qu'elle devait avoir entendu comme moi les cris de mon père et elle laissa couler une larme à son tour. Elle m'attrapa dans ses bras et me berça contre elle tandis que j'haletais dans son cou. Elle posa sa main dans mon dos en me serrant fort contre elle et me laissa pleurer le temps que je me calme.

Les Liens du Sang Tome 1 (Version Larry) [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant