Chapitre 5

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La pièce dans laquelle je me réveillai était plongée dans les ténèbres. Une faible clarté étrangement multicolore entrait dans la pièce par la fenêtre. Il me fallut plusieurs secondes pour me souvenir où je me trouvais. Je me levai et me frottai les yeux afin de m'assurer que ce n'était pas un rêve. J'étais bel et bien encore dans ce monde étrange.

Je m'approchai de la fenêtre qui donnait sur la rue principale que nous avions traversé le matin-même. A présent, elle était presque déserte et éclairée par de faibles lampadaires projetant des ombres sur les pavés. Le soleil était déjà couché depuis longtemps. J'avais dormi toute la journée.

Grâce au faible éclairage de la ville, les étoiles qui parsemaient le ciel étaient brillantes. Elles ressemblaient à celles que je voyais depuis chez moi. Je n'avais jamais vraiment fait attention aux constellations, donc je ne savais pas trop différencier deux ciels. J'avais quand même noté une différence flagrante : quatre énormes planètes lumineuses remplaçaient l'unique et minuscule lune que j'avais toujours eu l'habitude de voir. Elles remplissaient une bonne partie du paysage. La plus imposante était bleue cristal. On pouvait voir des crevasses sur sa surface, témoignages de la collision du plusieurs météorites. C'était impressionnant de voir une planète aussi près. Sur terre, la Lune était tellement loin, qu'elle semblait faire la taille d'un bouchon de bouteille.

De chaque côté de cet astre se trouvaient trois autres sphères plus petites. L'une d'elles était rouge comme de la lave. Des geysers semblaient éclater à sa surface. Une autre était verte comme les aiguilles des sapins. La dernière était d'un bleu si foncé qu'on pouvait presque la confondre avec le noir du ciel. Ces quatre Lunes formaient un tableau magnifique devant lequel je restai muette pendant un moment.

Un bruit de vaisselle brisée me détourna de ce spectacle. Je sortis le plus discrètement possible de la chambre. Un rayon de lumière filtrait du bas des escaliers. Je pris le premier objet que je trouvai et armée de cette arme de fortune, j'entrepris de descendre le plus silencieusement possible les marches en bois.

La lumière était en fait la lueur vacillante d'une bougie posée sur le plan de travail. Juste à côté j'aperçus une armoire ouverte derrière laquelle se détachait une silhouette sombre. Le cœur battant, je serrai le manche du chandelier, des images d'hommes en noir défilant sous mes yeux. J'entendis à nouveau les coups de feu qui avaient mis fin à la vie de plusieurs personnes. Incapable de bouger, assaillie par ces visions, je sursautai quand la silhouette ferma la porte de l'armoire.

- Hemera ! Tu m'as fait peur !

Si je ne pouvais pas voir ses traits, je reconnus immédiatement sa voix et je baissai mon arme de fortune.

- Désolée, je croyais que tu étais l'un d'eux...

- Tu crois vraiment qu'ils fouilleraient dans une armoire avant de nous attaquer ? dit-il sur le ton de la plaisanterie.

Je lui souris les mains encore tremblantes.

Après un moment de silence, il me tendit un verre d'eau, avant de s'en servir un.

J'aperçus derrière lui une grande porte-fenêtre qui s'ouvrait sur le ciel moucheté d'étoiles. Après avoir bu une gorgée, je passai à côté de lui et observai la rue à travers la glace.

Jason prit place à côté de moi et nous observâmes ce ciel si semblable au notre et en même temps si différent. Le calme de la nuit semblait irréel après ce que nous avions vécu. C'était reposant.

Jusqu'à ce que des hommes armés, exactement comme ceux qui nous avaient tiré dessus, passent en courant devant nous. Le bruit de leurs bottes sur les pavés, leur arme sous le bras et leurs visages dénudés d'émotions. Je me figeai, mon sang sans ne fit qu'un tour dans mes veines. Mais ils ne nous jetèrent même pas un regard, trop absorbés par leur chasse. Jason m'éloigna quand même de la fenêtre en posant sa main sur ma bouche. Je compris alors que j'avais dû laisser échapper un cri. Cri qui avait apparemment réveillé notre logeuse. Elle sortit de derrière une porte, un couteau à la main. Cette image aurait pu être comique si je n'étais pas si terrifiée.

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