Chapitre 10

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Le sol sur lequel je reposais était régulièrement pris de secousses. Je sentais quelque chose autour de mon dos et sous mes jambes ainsi qu'une douce chaleur contre ma joue. Une faible lumière perçait derrière mes paupières closes. Mes sens s'éveillèrent et je me rappelai que j'étais dans les bras de Jason, les mains posées sur son torse. Je dus cligner plusieurs fois des yeux avant de ne plus être éblouie par la lumière du soleil de l'après-midi. J'avais la tête si près de son cou que je sentais son odeur, un mélange entre la terre humide et un parfum que je n'identifiais pas.

Encore engourdie par mon petit somme, je profitai qu'il n'ait pas remarqué mon réveil pour me blottir un peu plus contre lui. À ma surprise, il raffermit sa prise avant de commencer à ralentir. Il me déposa sur une surface moelleuse. Les bruns d'herbes me chatouillèrent les bras et la brise fraîche me donna des frissons.

Je finis par ouvrir les yeux. Des branches d'arbres se balançaient au-dessus de moi, cachant presque totalement le ciel. Je me redressai et tournai la tête. Je n'avais jamais vu de bois aussi dense. Les arbres prenaient toute la place, il n'y avait aucun moyen de passer au travers sans se griffer sur les branches basses. Pourtant je n'avais rien senti m'effleurer pendant que Jason me portait. Il me regardait, assis à côté de moi, un sourire sur le visage.

- Ça va mieux ?

J'acquiesçai. C'était vrai. Je n'avais plus de nausée et mes jambes semblaient être à nouveau capables de me porter. Derrière Jason, un petit sentier s'enfonçait dans la forêt. Voilà pourquoi je n'avais rien sentis. Aucune branche ne dépassait, elles formaient un tunnel aux murs parfaitement lisses, comme si une barrière invisible les retenait hors du chemin. L'herbe aussi était parfaitement plate sur ce chemin, ce qui était étrange puisque celui-ci ne semblait pas très fréquenté. Je promenai mes yeux sur les arbres qui nous entouraient, cherchant la suite du chemin sans le trouver. Nous étions dans un cul de sac.

- Où est-ce qu'on est ?

- Je ne sais pas trop, répondit-il avec un sourire contrit. Sur la feuille, c'était écrit qu'on devait se diriger à l'est, alors c'est ce que j'ai fait. Pendant une demi-heure.

- Tu m'as portée tout ce temps ? fis-je surprise.

- Tu sais que je suis-

- Jason Feuerwerk, répondis-je par habitude. Oui, oui, je sais.

Il me sourit.

- Et puis, tu n'es pas si lourde que tu en a l'air.

Il avait un sourire malicieux que je tentai de lui enlever avec un coup sur l'épaule, mais ça ne le fit que rire de plus belle. Je finis par lever les yeux au ciel en souriant.

- "Que j'en ai l'air" ? T'as de la chance que je ne me vexe pas facilement.

Il n'ajouta rien et reprit soudain son sérieux.

- Il y a quelque chose de bizarre qui s'est passé pendant que je marchais...

- Tes bras ont commencés à faiblir ?

- Mais non ! Bien que je doive avouer que je commençais à ne plus les sentir... (Il rit puis reprit son sérieux.) Les arbres... l'herbe... ils bougeaient.

- C'est normal, il y a du vent. C'est une forêt, dis-je en regardant la végétation bouger au gré de la brise.

- Non, non, ce n'est pas ça. Ils s'éloignaient pour former un chemin. (Il désigna le sentier) Il n'existait pas avant qu'on le traverse.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Je... je ne sais pas...

Il se passa une main dans les cheveux, ce qu'il faisait souvent quand il était troublé.

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