Chapitre 11

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Malgré toute la bonne volonté de Jason, la nuit tomba avant que l'on ne retrouve la civilisation. Les arbres qui nous entouraient étaient toujours le seul et unique paysage qu'on pouvait admirer quand il décida de s'arrêter pour la nuit. Les lunes brillaient dans le ciel, nous plongeant dans une atmosphère verdâtre irréelle.

- D'après ce que j'ai vu, il ne fait pas trop froid la nuit, remarqua Jason. Si on porte nos capes comme couverture, ça devrait aller.

J'acquiesçai, mais j'avais une autre idée derrière la tête. J'avais eu tout le temps que je voulais pour réfléchir. Si je pouvais faire bouger les branches des arbres, peut-être pouvais-je aussi les bouger de manière à nous faire une petite maison.

Je m'éloignai un peu de Jason et fermai les yeux. Durant l'après-midi, j'avais tenté de comprendre comment et pourquoi les arbres m'ouvraient le passage. A force de persévérance, j'avais fini par la sentir, cette faible chaleur provenant de ma poitrine et se déversant dans mes veines.

Je fermai les yeux et plongeai en moi à la recherche cette sensation. Malheureusement, je trouvai la mauvaise et un pouvoir tempétueux se déversa dans mes veines. Je sentis un pincement sur un de mes doigts. Mes cheveux me fouettèrent le visage et le vent siffla à mes oreilles.

- Era !

Sa voix me parvint assourdie, perdue dans le vent qui hurlait tout autour de moi. Réalisant que j'étais en train de créer une tempête, je tentai de l'arrêter, de stopper ce flot incessant de pouvoir qui s'échappait de moi, sans résultat. Le pouvoir pulsait toujours rageusement dans mes veines.

Deux mains se posèrent soudain sur mes épaules et j'aperçus Jason devant moi. Les arbres commençaient sérieusement à plier sous les assauts du vent que j'avais créé. Ses cheveux lui tombaient sur le visage et s'envolaient sous le vent. Ses yeux aussi gris que les nuages dans le ciel regardaient autour de nous avec horreur.

- Era, il faut que tu arrêtes ! Tu vas nous faire repérer !

Ses mots ne me calmèrent pas. Au contraire, je devins esclave de la peur de me faire capturer et le vent s'accentua. Jason dû se rendre compte de ma panique car il jura avant de planter ses yeux plissés par le vent, dans les miens.

- Concentre-toi. Comme je te l'ai dit quand tu as eu ta crise de panique. Respire, inspire, expire, inspire...

Je fis ce qu'il dit. Lentement, mon cœur se calma et ma respiration retrouva un rythme normal. Les bourrasques se firent moins fortes jusqu'à ce qu'une simple brise n'atteste de ce qu'il venait de se passer.

Quand il fut certain que j'avais retrouvé mon calme, il me lâcha. Il se passa une main dans les cheveux en s'éloignant, s'arrêta, laissa retomber son bras et se tourna vers moi les yeux brûlants.

- Qu'est-ce qui t'a pris ?! Tu veux nous faire repérer ou quoi ?

Je reculai, les yeux humides. Son regard était déformé par la colère et la peur. Je ne l'avais pas fait exprès. Je n'avais même pas eu l'intention d'utiliser ce pouvoir. Je baissai la tête, honteuse. Si ma tempête avait traversé la forêt, les hommes nous sauteraient dessus d'une minute à l'autre. On avait aucun moyen de s'échapper. On était pris au piège.

Marius avait raison. Il fallait qu'on apprenne à nous défendre car on était loin d'être impuissant... à condition qu'on sache utiliser nos dons.

- Il va bien falloir qu'on s'entraine, protestai-je d'une petite voix.

- Peut-être, mais pas maintenant.

Son ton était sans appel et il était clair que son « pas maintenant » voulait dire jamais. Il me tourna le dos, mettant fin à la discussion. Mais je n'avais pas fini.

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