Chapitre 6

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La ville dans laquelle nous venions d'arriver était surprenante. L'eau était au centre de la vie ici. Tout fonctionnait grâce à elle.

Des ruisseaux couraient le long des rues, tel un système sanguin abreuvant tous les recoins de la cité.

Des fontaines installées à chaque coin de rue permettaient aux habitants de ne jamais être à court d'eau potable.

Des roues mises en place dans les ruisseaux alimentaient des moulins et quelques barques naviguaient sur les plus gros bras des rivières. Une odeur de sel flottait dans l'air, emportée depuis les bords de la mer que nous avions traversée.

La nuit étant tombé depuis un moment, il nous fallait trouver une auberge, mais avec le prix du billet du bateau, il ne nous restait pas grand-chose de ce que Martha nous avait glissé dans nos sacs. Toutes les tavernes où nous nous rendîmes étaient soit complètes, soit hors de nos moyens. A chaque fois que nous ressortions d'un bâtiment, je me sentais un peu plus découragée. La fatigue n'améliorant pas mon humeur, je perdis patience alors qu'un énième aubergiste nous annonçait que la chambre coûtait plus que cinquante pièces pour une nuit et par personne.

- Il n'existe pas une seule auberge dans cette ville pourrie qui est bon marché ou quoi ?! éclatai-je. On a cinquante pièces, ça ne vous suffit pas ! C'est quoi ce pays ?! On a marché toute la journée, je suis perdue ici, je...

Je savais bien que je devais sembler hystérique, mais je n'en pouvais plus. Je voulais me coucher dans un lit et me réveiller chez moi.

Jason posa un bras sur mon épaule en jetant des regards derrière nous.

- Hemera, calme-toi, tu attires l'attention.

L'aubergiste me regardait avec sévérité et s'apprêtait à nous mettre dehors avant que son regard tombe sur ma main posée sur le comptoir. Je baissai à mon tour les yeux sur elle et les écarquillai d'horreur. Quelques veines de mes doigts et du dos de ma main pulsaient d'une couleur bleutée. Je les glissai rapidement dans mes poches, mais le mal était fait.

- Qu'est-ce que tu as là ? demanda-t-il d'une voix enjouée, un sourire effrayant sur le visage.

Il s'approcha lentement de moi.

- Jason... chuchotai-je paniquée.

Nos yeux se croisèrent quelques secondes. Ses iris grises brillant d'appréhension. Ces stupides marques attiraient l'attention et ne servaient à rien. Comme si on n'avait pas déjà assez de problèmes pour passer incognito.

- On ferait mieux d'y aller, me souffla-t-il à l'oreille

J'acquiesçai et il me prit le bras pour me tirer vers la sortie juste au moment où deux hommes se déplaçaient pour nous la bloquer.

- Vous n'irez nulle part, intervint l'aubergiste en se plaçant devant nous. (Il se tourna vers un de ses employés) Préviens les gardes qu'on en a trouvé un. Et dis-leur de ne pas oublier la récompense !

Puis il s'approcha de moi et tendit le bras vers ma main.

- Ne la touchez pas !

Jason me poussa derrière lui, son bras brillant entourant mes côtes.

- Oh, il semblerait même qu'on en ait deux, sourit le propriétaire.

Jason regardait autour de lui, à la recherche d'une issue, mais la salle était pleine et personne n'allait gentiment nous laisser partir.

Une brise venue de nulle part s'était levée dans l'auberge, emmêlant mes cheveux et faisant voler quelques grains de poussières.

- vous... commença une femme dans la trentaine mal assurée, vous devriez les laisser partir. Ce sont des élus de dieux.

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