Chapitre 3

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CHAPITRE 3

Je basculai sur la gauche et fus entraînée derrière un angle de mur. Tout se passa si vite que je n'eus pas le temps de crier. Ayant fermé les yeux par réflex, je les ouvris sur deux yeux noisettes me regardant avec inquiétude.

- Jason !

Il me tenait par le bras, ses doigts fermement serrés autour de mon poignet. Acculée contre le mur par son poids, je tentai de respirer ou même de parler, mais il plaqua sa main libre sur ma bouche. Il tendit le cou pour regarder dans le couloir d'où venaient des cris :

- La porte est fermée !

- Ils arrivent !

Puis des coups de feu, encore des cris, des bruits sourds, des supplications... S'en fut trop. Je m'effondrai par terre, rattrapée de justesse par Jason. Les larmes dévalèrent mes joues.

Un silence de mort s'abattit dans le couloir.

J'attendis assez longtemps pour être sûre que les hommes étaient partis puis me débattis contre mon sauveur. Je courus jusqu'au haut des escaliers et dû retenir un cri devant ce que je vis. L'entrée était vide mais des impacts de balles décoraient la porte et le mur.

Jason me tira à nouveau derrière la paroi, avec plus de douceur cette fois. Je m'écroulai par terre, les genoux recroquevillés contre moi, des larmes salées sur les joues. Si je ne les avais pas convaincus de me suivre, ils auraient peut-être pu être toujours vivants dans la classe.

- C'est ma faute, laissai-je échapper entre deux sanglots.

Jason qui surveillait les environs se tourna vers moi quelques secondes.

- Ils auraient de toute façon finit par quitter la salle à un moment ou à un autre. Tu n'y es pour rien.

Ces mots, se voulant réconfortants, ne me consolèrent pas. Mais mes larmes finirent tout de même par se tarir et mes sanglots s'espacèrent. Quand il me pensa prête à me déplacer, Jason revint vers moi et m'aida à me lever.

- On ne peut pas rester à découvert plus longtemps, on doit bouger.

J'acquiesçai incapable de parler sans fondre à nouveau en larme. Il jeta un œil dans le couloir avant de me faire signe de le suivre. Il se glissa silencieusement entre les deux portes de l'ascenseur. Je le suivis avec beaucoup moins de discrétion.

Il grimpa sur la barre accrochée contre les parois de l'ascenseur normalement faites pour se tenir, et donna un petit coup sur l'un des carrés de métal constituant le plafond de la cage d'ascenseur.

Il se mouvait en silence et savait parfaitement comment déplacer le métal pour qu'il n'émette aucun son. Une fois l'ouverture assez grande pour permettre à un homme de passer, il m'aida à grimper sur la barre, puis à me hisser à travers la trappe. Il me rejoint rapidement sur le toit de l'ascenseur. Il remit en place la plaque de métal avant de s'asseoir. L'espace était bien assez large pour nous permettre de ne pas se coller et l'absence de toit au-dessus de ma tête me donna l'impression d'être à découvert.

- Tu es sûr qu'on est en sécurité là ?

- Les ascenseurs ont cessé de fonctionner dès qu'ils sont arrivés. J'ai pensé que c'était une bonne cachette. Ils ne vont jamais voir les ascenseurs, expliqua-t-il. Tu as faim ?

Il me tendit un ballon de pain qu'il avait sorti d'un sac posé près de lui. À la vue de nourriture, je sentis la faim me tenailler. J'engloutis le pain avec avidité. Qui aurait cru qu'on pouvait avoir faim dans un rêve ? Si on pouvait encore appeler ça un rêve.

- D'où tu sors ça ? lui demandai-je la bouche pleine.

- Dans les cuisines. Elles n'ont pas tout de suite été surveillées, alors j'ai pu m'y faufiler le premier jour.

- Le premier jour ? répétai-je surprise.

Il baissa les yeux sur la bouteille d'eau qu'il avait dans les mains.

- Je suis bloqué ici depuis lundi. Quand tu as disparu dimanche, j'ai cru que... enfin, qu'ils t'avaient eu. Et puis je t'ai vu dévaler les escaliers avec tout un groupe, le feu aux fesses. Tu courrais droit dans un cul de sac alors je t'ai arrêtée.

J'acquiesçai, reconnaissante.

- Merci.

On resta assis en silence le temps que je finisse mon morceau de pain.

- Tu sais ce qu'ils nous veulent ? demandai-je.

- Nous tuer, je suppose. (Il haussa les épaules) Ils n'ont fait que ça depuis qu'ils sont arrivés.

On était fichus, vraiment fichus. Enfermés dans un bâtiment rempli d'hommes armés avec comme unique but de nous tuer.

- On va mourir, geignis-je.

- Hey, Héméra ! dit-il d'une voix douce.

Il s'approcha de moi.

- On est fichus... murmurai-je.

Je sentais les larmes couler à nouveau sur mon visage. Je haïssais ma faiblesse. Les yeux cachés par mes mains, je ne vis pas Jason se mettre à croupis en face de moi.

- Héméra, on va s'en sortir, tu m'entends ? Il ne faut pas abandonner. (Il posa ses mains sur mes épaules me faisant baisser les mains pour le regarder.) On va s'en sortir d'accord ? D'accord ? insista-t-il.

Les yeux plongés dans les siens, j'acquiesçai. Ça ne lui suffit pas, car il continua à me regarder de son regard intense.

- D'accord, soufflai-je.

Satisfait, il me lâcha les épaules et se rassit à côté de moi.

*****

 Et voila le troisième chapitre ! Je mettrai sûrement le prochain chapitre demain ou mercredi.

Comme d'habitude n'hésitez pas à commenter et à voter si vous avez aimé ^^


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