Le destin d'Hadara

Chapitre 17 : En fuite

Sous la grande et belle capitale d'Elysea de nombreux souterrains s'entrecroisaient, formant un labyrinthe mystérieux que peu d'Élyséens connaissaient. Dans l'un des sous-sols les moins connus de Sanctum, un sous-sol crasseux et humide deux ombres marchaient aléatoirement.

- Tu vas enfin sortir de ton silence ?

Hadara ne répondit pas, Gaius avait tenté plus d'une fois de la faire parler. Curieux ou inquiet, elle ne savait pas et s'en fichait. Il ne cessait de lui demander comment elle était parvenu à échapper au général et à ses gardes. Curieux, il lui demandait également comment elle pouvait être aussi puissante à son âge. Lorsqu'il ne l'assaillait pas de questions, il essayait de la faire rire ou parlait de sa famille. Ainsi Hadara avait appris que Gaius avait une femme du nom de Margie. Ils s'étaient rencontrés sur le champ de bataille. Margie était une barde. Lorsqu'ils eurent leur premier enfant, elle quitta le champ de bataille pour consacrer son temps à son fils, Philip. Après Philip ils eurent Margaret, une fille. Dès qu'ils atteignirent l'âge adulte ils quittèrent la maison avec une certaine rancœur envers leur père. Les deux reprochèrent à Gaius de passer plus de temps avec son esprit qu'avec eux. Aujourd'hui Gaius regrettait sincèrement ses absences régulières, ses enfants ne lui parlaient plus et sa femme était devenu distante. Il venait tout juste de rencontrer la lassitude du champ de bataille. Seulement, pas de chance, il finit emprisonné. Dorénavant il n'aspirait plus qu'à rentrer chez lui pour présenter ses excuses à sa femme et à ses enfants. Le vieux spiritualiste se confiait sans cesse à la jeune assassine, plaçant en elle ses remords et sa tristesse. Hadara ne savait plus quoi dire ou faire pour qu'il cesse de la remercier de l'avoir libérer. L'assassine elle, se demandait pourquoi elle l'avait relâché. Il pensait qu'elle venait, comme lui, d'Asmodae. Comment réagirait-il s'il apprenait la vérité ? S'il apprenait qu'elle n'appartenait à aucun peuple précis ? Elle se considérait comme une aberration de la nature. Un monstre ni asmodien ni élyséen. Alors que penserait-il, lui ?

Une petite voix au fond d'elle lui soufflait d'achever cet homme qui pourrait faire échouer ses plans. Cette voix, elle la connaissait. C'était la voix du monstre, que Pernos appelait puissance ou pouvoir, qui vivait en elle. « Ne sois pas si méchante envers toi même. Nous ne formons qu'un, laisse moi te posséder complètement. On s'en sortira ensemble si tu m'accepte. » L'assassine ignora ses noirs pensées. Elle se rappelait que Pernos avait écrit dans sa lettre qu'elle devait accepter sa puissance. Mais il n'avait nullement précisé quel genre de puissance c'était, ni d'où elle venait. Il n'avait parlé que d'un destin compliqué. Beaucoup de questions étaient encore en suspens. Elle devait trouvé des réponses à ses questions. Mais d'abords elle devait retrouvé Ezekiel. Il était le seul ami qu'il lui restait. Son cœur se serra lorsqu'elle pensa à Melodae et Maho. Ses amis lui manquaient tant. Leur joie de vivre et leur fausse dispute, leurs surnoms ridicules, leur simple présence avait été pour elle un véritable réconfort. Leur absence laissait un vide énorme en elle. Elle ne se sentait pas capable de combler un tel gouffre. Néanmoins Ezekiel était sûrement en vie, elle devait s'accrocher à ça.

- Hadara, si on veut sortir de là il faudrait d'abord que l'on arrête d'errer ainsi comme des âmes perdues. Je veux bien accepter que tu ne sois pas une grande bavarde. Mais on fait équipe non ? Alors n'ignore pas ma présence.

Gaius croisa enfin le regard rosé de la jeune fille. Ce simple regard contenait trop de maux pour une si jeune âme.

- Pardonne moi. J'étais dans mes pensées. Je connais un peu Elyséa, il nous faut des provisions pour partir. Je sais où en trouver. Mais nous devrons être discret. Si je ne me trompe pas, cette galerie doit être situé sous le temple. Es-tu prêt à voir le monde extérieur ?

Il hocha la tête.

- Alors met ta capuche, tu restera dans l'ombre de la nuit lorsque j'irai piller un commerce.