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FLASHBACK

1987

Je n'aurais jamais cru ou imaginé me retrouvée ainsi. Aussi triste et désemparé, tant bien que mal à contenir le flot de larmes qui subsistaient dans mes pupilles émeraudes. Il était au loin, le visage impassible ne laissant transparaître aucune émotion, tenu comme un piquet écoutant religieusement les paroles du maître de cérémonie. Il était comme vidé de toute émotion, comme si son âme avait déserté son corps. Je n'osa pas m'en approché, trop intimidé et déjà assez anéanti pour lui en rajouté une couche. Je le regardais simplement, compatissant à sa douleur, lui envoyant le maximum d'ondes positifs. Devant nous tous vêtus de noir, Carolina paraissait si belle, comme plongé dans un sommeil éternel, son éternel sourire ornant presque ses lèvres inertes. Aujourd'hui je su que c'était les meilleurs personnes qui nous quittaient.

Un mois plus tôt, alors que j'étais en plein préparatifs pour mon mariage imminent, je reçus un appel de ma mère qui m'annonça une nouvelle à peine croyable. J'eu un instant de blocage et de déni ne voulant pas y croire. Carolina, cette femme joviale et aimante, nous avait bien quitté. Un stupide accident de la route en était la cause. Un stupide accident qui ne l'avait pas épargné! Un stupide accident qui laissait orphelin beaucoup de personnes ayant connu cette italienne au grand cœur. Le temps d'avertir toute la bande, je n'avais hésité une seconde et pris le premier vol disponible pour Mexico. Simon avait insisté pour m'accompagné, mais c'était quelque chose de bien trop intime et douloureux pour qu'il y face part. Il avait besoin plus que jamais de notre soutien. En un mois nous ne nous étions pas revus depuis nos retrouvailles. Ainsi me voilà serrant fermement mon père dans ses bras, sanglots après sanglots.

Le cercueil fut finalement fermé et enterré au fond du gouffre. Toute les personnes présentes souhaitèrent pour la énième fois leur condoléance à Matteo, lui toujours si impassible. Après cela un petit recueillement aurait lieu à sa villa. Je n'osa toujours pas aller le voir...

***

Franchir le portail de cette habitation après tant d'années me fit un peu bizarre. Surtout que cela me rappela ce lointain été, ma première venue avec mes amis sous l'invitation de Matteo. Je visionna Carolina nous accueillant chaleureusement et avec bienveillance. Je retint mes larmes; ce n'était plus le moment de craquer. La villa en elle même n'avait pas changé, toujours aussi gigantesque et démesuré. Mais cette fois ci l'aura qui l'entourait était funèbre. Je fit l'effort de mangé les petits fours mis à la disposition des invités, mais au bout d'une bouché fut prise de remontés immondes... Malgré le grand nombre de personnes présentes j'essayait de gardé un œil sur Matteo, je finie malheureusement par le perdre de vue, et ne tarda pas à m'inquiété en me renseignant auprès de la femme de ménage:

-" Désolé madame, M. Balsano c'est éclipsé vers le jardin, mais où? Je ne saurais le dire." je la gratifia d'un petit sourire et d'un merci par politesse. 

J'avais ma petite idée quant au lieu où il se trouvait.

Je m'engouffra dans le jardin me laissant guidé par mes pas. Un nombre de fois incalculable auparavant j'avais entrepris ce chemin. Et malgré les années sans s'y être, une partie de moi y avait demeuré depuis le début. Je me trouva enfin devant ce portillon caché par la verdure. Celui-ci me semblait bien plus difficile à ouvrir que dans mes souvenirs; la rouille avait certainement eu raison de lui. Après un petit combat non sans soupirs la clairière se dressa devant mes yeux. Je le vis enfin, en face du lac, debout, sa cravate enlever, sa chemise un peu déboutonné et froissé, son regard toujours aussi froid et inerte.

Près de lui je ne savais même plus comment réagir. Était-ce nécessaire de lui dire que je partageait une peine qu'il devait ressentir à des années lumières plus que moi? De lui souhaité mes condoléances? De lui dire que j'étais désolé? Je m'approcha simplement de lui ne voulant pas troublé ce combat intérieur qui avait l'air de l'animé. Je posa simplement ma main sur son épaule, voulant lui signalé ma présence. Il ne tarda pas à se retourné et plongé en moi son regard aussi meurtri que le mien. Je lui souris tristement lui offrant mes bras. Il s'y immisça presque immédiatement, de grand sanglots coupant presque sa respiration. Il s'accrochait à moi comme si sa vie en dépendait. Je le serrais aussi fort que je le pouvais, caressant tendrement ses petites bouclettes. Sa masse bien plus supérieur à la mienne nous fit tomber au sol, à genoux toujours dans notre étreintes.  

L'histoire de mon premier amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant