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FLASHBACK

2011-2018

Je m'approcha les mains tremblotantes, munie de cette boite, près du lac de la clairière. Pour une fois, après des mois de pleures, de colères, de dénis, de solitude malgré le monde qui m'entourais, je souris. Ce n'était pas une expression faciale assez large pour le définir comme tel mais, c'était déjà ça n'est-ce pas? J'entrepris enfin, entourée de cette brise matinale de l'ouvrir. Son contenu constitué de cendres se retrouva emporté par le vent, alors que l'espace désert hormis ma présence, se teinta de mes pleurs. Je pensais bien que cela faisait plus de quatre ou peut être six mois, que je gardais égoïstement tes cendres. De ce fait j'avais l'impression d'avoir un certain contact et une certaine présence autour de moi. Je te parlais longuement, dans la cabane de la clairière n'y étant ressorti que rarement. J'y redécouvris ces espèces d'objets ayant été témoins de notre amour longuement exprimé physiquement ici. Je me remémorais l'été de notre première rencontre mainte et mainte fois, Matteo. Je ne supportais plus tout univers ou référence me ramenant à toi. Je décidas alors de faire un premier pas et d'en quelque sorte te "libéré" de moi et de mon excès de déprime et d'amertume. Je te l'avouais, je ne remettrais probablement plus de si tôt les pieds à la clairière, elle regorgeait trop d'images et de souvenirs que je me forçais à penser sans pour autant éclater en sanglots.

Avant de partir, je me devais de laisser la cabane en bonne et due forme, c'est ce que je fis. Je me balada une dernière fois à travers cette verdure restée verdoyante malgré les années. La balançoire, bien qu'en fin d'existence, la rouille et le temps ne l'ayant pas épargnée, accueillis une dernière fois mon postérieur. Mais avant de partir, j'emmagasina dans une énorme boite en bois, plusieurs souvenirs. Photos, cassettes, quelques bricoles qui pouvaient paraître ridicules mais qui eurent tant d'importance pour nous, cartes postales, souvenirs provenant de tant de destinations. Malgré mon affaiblissement du au peu de nourriture consommés depuis lors, (et ma force de moineau), épaulée d'une pelle, je creusa le sol jusqu'à un niveau satisfaisant, logeant délicatement cette boite, qui au final fessait plus coffre ou malle. Je referma le trou et comme point de repère un de tes trophées parmi tant d'autres pour tout tes exploits en patinage. Finalement, ce n'était pas un adieu, ou un au revoir, je vis cela plus comme un " à plus tard, amore!". Tu me l'avais dit et je te croyais, Le Melon, tu m'attendrais ici même. Alors, je vivrais une vie pour nous deux.

-" A plus tard, Balsano..."

***

La première fois que mon portrait rentra en collision avec un miroir datait de deux ans plus tard. Selon toutes les personnes qui m'entouraient, deux ans suffisaient largement pour ne plus être l'ombre de sois-même, reprendre un train de vie adéquat et épanouie. Pour moi, après ce délais-ci j'osa enfin me confronter à moi-même. Le résultat était bel et bien désastreux. Oui, je savais bien que tu voulais que je m'en sorte et tout ça, mais c'était plus facile à dire qu'à faire! Repartie en Argentine, je donna une seconde chance à notre maison, pour y vivre plus près de l'horloge d'où je comptais les minutes ou heures restantes avant de sombrer dans un semblant de sommeil, me réveillant après un rêve constitué de bien trop de souvenirs. Détrompe toi, malgré mon état, je pris soin de ce qui fut malheureusement pour une courte durée notre cocon, sauf que moi, c'était une autre histoire... Nos amis se relayaient pour m'assister et voir si je me nourrissais et m'abreuvais un minimum, si je n'avais pas des idées sordides tels que le suicides ou je savais quoi. Ce chemin ne fit pas partis de mon deuil. Je savais que dans ta jeunesse tu fus acteur de plusieurs tentatives constituant celui-ci. Il était hors de question pour moi de te rejoindre d'une façon aussi  égoïste.

L'histoire de mon premier amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant