Livaï et la pose magique

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Une grande plaine, aux longues herbes entraînées par la douce valse du vent. Personne ne pouvait en voir le bout : les Murs eux-mêmes étaient vaincus par son infinité. Ce n'était qu'une marée verte, une marée verte s'éveillant sous le soleil de l'aube naissante.

Ici étaient réunis trois guerriers hardis. Annie Leonhart, dont les cheveux platine dissimulaient partiellement son visage pâle ; Mike Zacharias, le pilier du Bataillon, l'officier d'élite, le Résistant exemplaire. Et, enfin, posté face à eux à côté de son fier destrier...

Livaï.

Livaï, aux mèches fines aussi ébènes que la robe de son cheval. Ses yeux clairs et acérés ne se lassaient pas de fixer les deux personnes qui avaient daigné lui donner rendez-vous au beau milieu de rien. Que lui voulaient-elles ? Il ne pouvait qu'attendre que ce silence sifflant se voit violé par les propos que ces combattants avait probablement préparés avec soin.

Et ils le scrutèrent, ils le scrutèrent sans jamais desceller leurs lèvres. Une minute passa, sonna avec impatience dans le crâne du soldat le plus fort de l'humanité. Une autre reprit son flambeau irritant. Une troisième se pointa avec ses gros sabots, une quatrième s'amusa à jouer avec un violon mal accordé, une cinquième...

« Putain de merde », cracha finalement le petit homme. « Vous allez ouvrir votre gueule, oui ? » Les intéressés échangèrent un long regard. Puis, la plus petite soupira légèrement.

« À vous l'honneur, dit-elle platement à son supérieur.

— Je t'en prie, tu es bien plus experte que moi.

— Nous avons échafaudé cette formule ensemble. Cependant, vous êtes le plus âgé et le plus mature... Je ne pourrais possiblement vous voler cette place si spéciale.

— Les jeunes d'abord, se plaisaient à dire mes ancêtres.

— Si je puis me permettre, la pertinence de cet argument me paraît douteuse.

— ... Nous n'avons donc pas le choix. »

« Qu'est-ce que vous baragouinez ? » s'apprêta à leur demander Livaï ; il n'en eut pas le temps. Déjà les deux avaient-ils énergiquement brandit le poing. Ce fut éberlué qu'il vit la flamme du défi naître dans leurs prunelles. Leurs bouches s'ouvrirent, une sentence incompréhensible tomba.

« Chi... Fou... Mi ! » s'exclamèrent-ils avec rage. La paume de Mike s'ouvrit à la seconde où se ferma celle d'Annie. La face de celle-ci tourna au lugubre. « Très bien », articula-t-elle. Elle se tourna vers un caporal-chef suspicieux, et inspira longuement.

« Caporal. Vous êtes le plus puissant de ces Murs, mais quelque chose manque à votre force. » Il se contenta de plisser les paupières.

« Nous vous avons demandé de venir ici dans l'optique de vous transmettre un pouvoir... Un pouvoir qui pourra ajouter un talent non négligeable aux nombreux autres que vous possédez.

— Tu te fous de ma gueule, jeta-t-il.

— Je n'attends pas de vous que vous en saisissiez tout le sens... Ce savoir vient du vingt-et-unième siècle, après tout. Sa compréhension est peut-être hors de votre portée... »

Il se contenta de serrer brièvement les dents, un poil irrité.

« Accouche, lâcha-t-il.

— Un geste. Vous aurez besoin d'un simple geste.

Lequel ? »

Elle jeta un œil au chef d'escouade, qui ferma brièvement les paupières. « Mats tes bras droits devant toi... » développa-t-il. « À l'horizontale, voilà. » L'intéressé fronça le nez, mais obtempéra tout de même. « Maintenant, baisse légèrement la tête... » Il obéit encore, un peu moins suspicieux. « Et jette-les sur la gauche avec énergie ! »

Il le clama, il le clama si puissamment que Livaï le fit avec urgence. Puis, il resta immobile dans l'attente de quoi que ce soit... En vain. Il patienta pourtant, tenta de raviver l'ombre d'once d'espoir qui l'avait brièvement saisi. Rien, rien de rien. Alors, il retrouva sa position initiale, plus irrité que jamais...

Pour écarquiller des yeux la seconde d'après. Les deux étaient dos à lui, secoués d'un rire parfaitement silencieux. « Un dab... » hoqueta finalement Annie. Elle se redressa avec difficulté, pour s'appuyer sur son supérieur tout aussi hilare.

« Livaï vient de claquer un dab... »

L'histoire raconte qu'ils passèrent la nuit à récurer les écuries du quartier général.

ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 : ʜᴏʀꜱ-ꜱᴇʀɪᴇꜱ ! ☜(⌒▽⌒)☞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant