Bretagne, criquets et foutu mois de juin (Antoine x Marion, no spoil)

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Scène non canon !

Ploudalmézeau, Finistère, 14 juin 2017

Antoine jeta un œil morne au réveil indirectement éclairé par la lampe torche de Marion. Une heure du matin, qu'il était. Une heure du matin, et ils avaient passé la journée à se promener dans des champs avec sa sœur, et ils se retrouvaient désormais dans un vieux camping paumé à deux tentes pour trois, où personne d'autre qu'eux ne dormait...

Et son amie était assise sur leur duvet noir, ses yeux verts happés par ses fiches de révision.

« Marion », marmonna-t-il. Elle ne répondit pas. Non, toute son attention était fixée sur les différents courants littéraires qu'elle était censée connaître – et qu'elle connaissait déjà – sur le bout des doigts, pour l'épreuve de français qu'ils allaient joyeusement passer dans un peu plus de vingt-quatre heures.

Au beau milieu de leur génie commun, l'adolescent et la sœur de Marion, en voyant son angoisse maladive augmenter en flèche à l'approche du jour J, avaient décidé qu'une petite excursion de deux jours en Bretagne n'allait pas faire beaucoup de mal à la jeune fille.

Petit souci : ils n'avaient pas vérifié le contenu de sa valise. Si la lycéenne avait en effet paru s'amuser à rager sur les papillons qui avaient voleté par-ci par-là, elle s'enfermait désormais de nouveau dans cette manie... Qui irritait autant qu'inquiétait Antoine.

« Eh, Marion », répéta-t-il en tirant la manche de son haut blanc qui lui servait de pyjama. « Il est une heure du mat'. Dors. » Court silence, seulement brisé par le chant affreux des criquets. Et puisque ces deux appels ne suffisaient pas pour sortir sa meilleure amie de sa torpeur, il plissa les paupières, et passa d'étalé sur leur matelas raide spécial camping à agenouillé dans une détermination sans borne.

Là, il retira purement et simplement la fiche Bristol des mains de l'autre, et braqua son regard sur elle. Son petit visage rond afficha de l'étonnement, puis de la contrariété.

« Me dis pas que t'as envie de dormir. Tu joues à LoL jusqu'à cinq heures, d'habitude.

— Ton rythme de vie est différent du mien, tu connais déjà tes cours, et si tu continues comme ça, t'auras des cernes tellement larges que tu pourrais faire un cosplay de Livaï genderbent. »

Cette fois-ci, elle se tourna définitivement vers lui.

« Livaï genderbent..., songea-t-elle sérieusement. Mais j'ai pas assez de classe, si ?

— ... Non, en effet.

— Mais du coup, qui est-ce que je pourrais cosplayer ? Cheveux châtains, yeux verts... »

Quelques secondes. « Eren genderbent », dirent-ils en même temps. Ils échangèrent un coup d'œil entendu. Comme pour vérifier la crédibilité de cette opportunité, Antoine scruta sa figure avec concentration : bien évidemment, son cœur finit par s'emballer, et il se renfrogna d'une façon très peu honnête.

Antoine, ne te fais pas avoir. Ne change pas de sujet. « Ton objectif pour la prochaine journée déguisée », trancha-t-il donc. « Maintenant... » Il la prit par les épaules, la força à se coucher, éteignit la lampe, et s'enfouit dans leur duvet. « Pionce. »

Quelques secondes coulèrent. Enfin, pensa-t-il, mi-soulagé, mi-déçu. Il aimait parler tard avec elle, mais...

« En fait, tu veux que je dorme parce-que tu veux pas me parler. »

Il manqua de s'étouffer avec sa salive, et se retourna illico. Il ne discernait qu'à peine sa silhouette dans la nuit qui les enveloppait.

« De quoi tu parles ?

ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 : ʜᴏʀꜱ-ꜱᴇʀɪᴇꜱ ! ☜(⌒▽⌒)☞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant