IV Sécurité rapprochée

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-Tu es sûre que tu ne veux pas de casse-croûte ? T'en auras pour plus de six heures quand même...

David avait parlé sur un ton soucieux.

Alma secoua la tête.

-C'est gentil de ta part, mais je n'en n'ai vraiment pas besoin... normalement, j'aurai le droit à un bon repas chaud en arrivant.

-Et si ton ami a du retard ?

Elle soupira.

Peu après avoir fini leur petit déjeuner, ils s'étaient tous deux mis en route. La gare routière se situait à un peu plus d'un quart d'heure de marche de chez David, et celui-ci avait insisté pour l'accompagner. Au départ, elle avait trouvé son attention touchante... mais à présent, son excès de zèle commençait à l'étouffer. Ils avaient passé la quasi intégralité du chemin dans un mutisme gênant, échangeant quelques phrases incomplètes. Maintenant, elle avait hâte de le quitter. Et puis, elle avait des affaires plus importantes à gérer que le « casse-croûte » ...

Finalement, elle avait dû fourrer ses quelques affaires dans un malheureux sachet en plastique. Il était urgent qu'elle se trouve un nouveau sac à dos, et malheureusement, ce n'était pas la seule chose qu'elle devait remplacer. Elle espérait qu'en voyant l'état de ses vêtements, Wilfried serait suffisamment apitoyé pour lui proposer une virée shopping spontanée.

Elle finit par répondre à David, lassée.

-Si jamais il a du retard, et bien, je l'attendrai... puisque je te dis que tout est planifié.

-Très bien, c'est toi le boss.

Enfin, la gare routière était en vue.

Il s'agissait d'un petit bâtiment plat, aux murs délavés. Autour de lui rayonnaient des trottoirs de bitume, délimitant ainsi les arrêts de cars. Une poignée de véhicules étaient déjà présents, entourés de potentiels passagers. Alma pressa le pas, suivie de près par David, de nouveau silencieux. Ils traversèrent la chaussée (au niveau du passage piétons cette fois), et arrivèrent devant le hall d'entrée. Une massive horloge suspendue au-dessus des portes indiquait huit heures et vingt-deux minutes.

-Bon, David, je crois qu'il est temps de faire nos adieux », dit-elle en se tournant vers lui, « je te remercie encore pour tout ce que tu as fait pour moi, et je m'excuse pour tout le tracas que je t'ai causé... et sans rancune pour mon sac.

Elle accompagna ses paroles d'un sourire qu'elle voulait aimable, mais qui ressemblait plus à une grimace. David ne réagit pas tout de suite, le regard fixé sur l'horloge.

-Tout le plaisir est pour moi, » marmonna-t- 'il, « mais attends un peu avant de partir, j'ai un truc à régler...

Il se détourna d'elle, et entra à l'intérieur du bâtiment d'un pas précipité. D'abord surprise, Alma finit par hausser les épaules. Décidément, c'était un original... Finalement, peut-être qu'il allait lui manquer un peu avec ses réactions inattendues.

Sans se poser plus de questions, elle se dirigea vers un des cars déjà stationnés. Une petite file d'attente s'était formée devant, composée de voyageurs qui s'apprêtaient à embarquer. Elle se joignit à la queue, avant de sortir son ticket pour vérifier qu'il s'agissait bien du bon bus : effectivement, celui-ci était bien le numéro 7732, dont le départ était prévu dans sept minutes. Rassurée, Alma se cala sur le rythme de la file, et se prépara mentalement aux six heures de route qui allaient suivre.

Cinq minutes plus tard, elle s'était installée contre une fenêtre, vers le fond du car. Tout le monde était à bord, et plus de la moitié des sièges étaient vides. Le chauffeur s'était installé à son poste, et avait sorti le micro pour annoncer les différents points d'arrêt et rappeler les consignes de sécurité. Alma poussa un soupir léger.

Eximius : Crâne d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant