X Crânes d'ébène

12 3 5
                                    

David garda les yeux fermés, inspirant par sa bouche endolorie.

Du sang s'introduisait dans l'air qu'il respirait, compliquant sa tâche.

Même s'il sentait que ses plaies se refermaient, cela n'annulait pas la douleur pour autant. Il avait l'impression qu'un marteau-piqueur était passé au travers de son abdomen, réduisant ses entrailles en charpie. Ses intestins avaient été gravement endommagés, ainsi que la couche de muscles qui les recouvraient. De plus, il lui semblait qu'un de ses reins avait été atteint.

Dans cet état, il lui semblait compliqué de venir en aide à Alma. Pourtant, il ne pouvait pas se permettre de l'abandonner aux griffes de son frère. Il devait absolument se relever et rattraper ce dernier... ou au moins tenter de le ralentir.

Péniblement, il bascula sur le côté en s'appuyant sur un de ses bras, tandis qu'il s'efforçait de garder ses organes en place à l'aide de l'autre. Cet effort lui arracha un gémissement ; il avait perdu beaucoup trop de sang... un temps de repos était nécessaire. Son don de guérison était efficace, mais il n'était pas miraculeux ; après de telles blessures, il lui faudrait attendre non seulement que la chaire se referme, mais aussi que l'hémoglobine perdue soit remplacée. Seulement voilà : attendre davantage signifiait la mort d'Alma.

Il ne se faisait pas d'illusions sur ce que Calvin lui ferait subir. Quels que soient les ordres transmis par la CIA, elle l'avait mis bien trop en colère pour qu'il la laisse en vie. Et par-dessus le marché, il fallait qu'elle eût ses règles...

David serra les dents, et s'efforça de se redresser sur ses genoux. Il se rendit alors compte qu'au moins deux de ses incisives étaient sur le point de se décrocher de sa gencive... génial. Il allait devoir patienter pendant plus d'une semaine avant que celles-ci ne repoussent complètement. Il comprenait la fureur de son frère : être dépourvu de molaires pendant tout ce temps là allait beaucoup l'handicaper. Avec un peu de chance, cela allait peut-être refreiner sa soif de meurtre.

Prenant son courage à deux mains, David déplia douloureusement une de ses jambes pour s'appuyer dessus. Après avoir assuré son équilibre, il finit par se tenir debout, haletant.

Bien sûr, il avait connu des situations bien pires que celle-ci. Sa chair avait été plusieurs fois arrachée par le souffle des obus, ses organes criblés par les balles, ses poumons perforés par les gaz meurtriers. Il lui était même arrivé de marcher sur des mines. Mais tout cela s'était produit il y a très longtemps... depuis, son corps avait perdu l'habitude de gérer des blessures à répétition. De toute évidence, cela n'avait pas été le cas de Calvin.

La pluie continuait de tomber à verse, imperturbable. Elle rinçait son visage comme une douche bienfaisante, emportant avec elle les dernières traces de son combat. David renversa la tête en arrière, la bouche entrouverte. Curieusement, l'eau semblait avoir un effet vitalisant. Elle avait achevé de rendre inutiles les haillons qui restaient de sa chemise, mais au moins, elle avait tenté de le laver. De prendre soin de lui. Du moins était-ce l'impression qu'il avait.

Subitement revigoré, David s'élança en boitant dans la direction que son frère avait prise, laissant derrière lui la lumière prodiguée par les néons.

                                                                                             ⸭

Pétrifié, Calvin était incapable de détourner les yeux de ce qu'il voyait, comme pris au piège.

Suivre les traces de la fille n'avait pas été très compliqué ; au fur et à mesure qu'elle s'était enfoncée dans les bois, les marques de son passage s'étaient montrées de plus en plus claires, ses empreintes de plus en plus enfoncées. Même dans des conditions aussi mauvaises, la traquer n'avait pas posé problème. Curieusement, il avait même retrouvé ses baskets, comme si elle avait voulu être sûre qu'il ne s'égare pas... mais après peu de temps, il s'était aperçu que suivre sa piste était inutile. Une étrange agitation avait pris place à quelques centaines de mètres de lui, non loin de l'orée du bosquet. Les arbres s'étaient mis à s'agiter de manière aléatoire et brutale, et leurs mouvements étaient accompagnés de bruits qui n'avaient rien de rassurant. De plus, de fortes vibrations parcouraient le sol, signe que quelque chose de lourd se déplaçait.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 13, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Eximius : Crâne d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant