IX Eau et sang

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David claqua la porte et s'assit précipitamment.

-File-moi les clés, ordonna-t-il

Alma s'exécuta aussitôt.

-C'était qui ça ? demanda-t-elle alors qu'il mettait le moteur en marche.

-Je t'expliquerai plus tard... pour le moment, on doit se barrer d'ici.

Il entreprit de faire reculer le véhicule, quand subitement, un choc sourd se fit entendre à l'arrière. David jeta un coup d'œil dans le rétroviseur : en dépit de la pluie, il pouvait distinguer une silhouette postée derrière le coffre. Et qui s'avançait à présent vers le côté conducteur.

Merde.

-Quoi qu'il arrive, reste à l'intérieur, commanda-t'il, avant de sortir sous la pluie battante. Il referma la portière, et se retrouva nez à nez avec Calvin. Celui-ci n'avait pas daigné enfiler son anorak.

Trempé de la tête aux pieds, il le scrutait d'un air menaçant. Toute trace de légèreté avait disparu de son visage, et David remarqua avec inquiétude qu'il avait ôté ses gants.

-Tu comptais partir sans me présenter à tes amis ?

Son frère avait parlé sur un ton amer, nullement jovial. David comprit que son explosion était imminente. Nerveux, il retroussa les manches de sa chemise, puis croisa les bras sur son torse. Signe d'avertissement.

-Je ne vois pas de quoi tu parles.

Calvin poussa un profond soupir, et passa une main sur son crâne nu. Puis, il fit un pas en avant, gronda :

-Je te laisse une deuxième chance pour me répondre sans me raconter de salades, David... j'ai vraiment pas le cœur à te défoncer la gueule ce soir... qui est dans la voiture : la fille, le vieux, ou bien les deux ?

David crispa la mâchoire, prêt à lâcher ses pics ; l'affrontement était inévitable.

-Et moi je te laisse une deuxième chance pour que tu me laisses tranquillement remonter dans ma voit...

Il n'eut pas l'occasion de finir sa phrase ; avec une agilité foudroyante, son frère avait envoyé son poing contre sa trachée, écrasant violemment cette dernière. Malgré l'intense douleur qui le prit à la gorge, David parvint à réprimer son réflexe protecteur. Il ouvrit instantanément les bras, laissant ses pics sortir de leurs enveloppes charnelles. Mais Calvin se montra plus rapide : anticipant le geste, il saisit l'un de ses poignets, le força à dégager son torse. Puis, il envoya un puissant coup contre son plexus, lui coupant une deuxième fois le souffle.

Cet autre choc parvint à le déboussoler durant deux secondes. Ce fut tout le temps dont son frère eût besoin pour le saisir par derrière et envoyer un coup de pied derrière son genou droit. Il s'écroula aussitôt, et sentit une main griffue lui agripper fermement les cheveux à pleine poignée. Tout en cherchant à reprendre sa respiration, David s'évertua à libérer les pics qui se trouvaient au niveau de ses omoplates, en vain : le tissu de sa chemise les rendit inutiles, gâchant l'effet de surprise. Calvin était parvenu à les éviter, et avant que David ne parvienne à reprendre complètement ses esprits, sa tête vint s'enfoncer dans la portière de la voiture.

Il sentit la tôle se plier contre son front, dans une explosion de douleur et d'étoiles rougeâtres. En même temps, il crut percevoir un cri étouffé, provenant de l'habitacle. La poigne qui lui tenait les cheveux tira subitement sa tête en arrière, lui arrachant un cri de douleur.

-C'est assez triste de voir que tu n'as pas changé, David... toujours aussi menteur, et toujours aussi faible... vraiment dommage que tu ne puisses pas crever.

Eximius : Crâne d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant