Jour 36

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Mes parents ont rapidement su que je m'entraînais, à la musculation, chez un pote. J'étais resté vague. Ils savent qu'il n'est pas de l'école, puisqu'il n'a pas participé à la dernière fête. J'ai tenté de les rassurer en leur disant qu'il faisait partie de l'équipe de natation. Ils ont quand même voulu le rencontrer. Sur les conseils de Steven, j'ai arrangé ça. Il vaut mieux qu'ils le voient plutôt que de laisser planer un doute. Je veux pouvoir continuer à aller chez lui librement.

— Donc, vous dirigez une agence de mannequins.

— Américaine, oui, je m'occupe de la succursale française.

— Et vous faites faire du sport à notre Mathieu pour qu'il finisse top-modèle ?

— C'est vrai qu'il serait parfait pour poser dans les magazines ou sur des affiches. Mais non, il a accès à ma salle de musculation personnelle, comme certains autres membres de l'équipe de natation, pour se muscler et accroître ses performances à la nage.


J'étais un peu mal à l'aise. J'avais peur que mes parents ne commencent à poser des questions gênantes. Parce qu'il s'agissait vraiment d'un interrogatoire. Personnellement, je n'ai jamais vu aucun mal à passer du temps chez Steven. Par contre, de l'extérieur, c'est autre chose. Je suis encore mineur. Steven a la trentaine. Il y a des esprits mal placés dans ce monde !

— Ça ne vous dérange pas qu'il dorme presque tous les week-ends chez vous ?

— Non, pas du tout. Je suis resté un peu adolescent dans ma tête, j'achète toujours les dernières consoles de jeu. C'est vrai qu'on ne voit pas le temps passer et on termine souvent de jouer vers deux heures du matin. Je préfère qu'il reste à la maison, plutôt que de savoir qu'il rentre seul, en pleine nuit. Mon canapé est très confortable !

Waouh, il a répondu de la meilleure manière qui soit. Ce que mes parents ont entendu c'est : « il fait attention à notre fils » et : « ils ne dorment pas ensemble ». Le reste du dîner a été beaucoup plus détendu.


Ensuite, j'ai montré ma chambre à Steven, réalisant qu'il ne l'avait jamais vue. Elle n'a rien d'exceptionnel non plus.

— Tu n'as pas beaucoup de posters aux murs. Moi ma chambre en était pleine quand j'étais ado.

— Je ne sais pas trop quoi accrocher.

— Les stars que tu préfères ! Ce ne seront pas des basketteurs ou des joueurs de foot, mais bon, c'est ton univers.

— Toi tu avais accroché quoi ?

— Des groupes de rock. C'était ma période rebelle. Bon, j'avoue que j'avais aussi un poster de Ricky Martin, c'était une autre époque.

— Ouais, je vois.

— Tes parents sont dans le salon, c'est ça ?

— Ils regardent les infos.


Steven a fermé la porte. Il a baissé mon pantalon et mon boxer.

— Ici ?

— Ouais, c'est excitant. Sur ton lit, là où tu as fait plein de cochonneries tout seul.

— Je, euh.

— Tourne-toi.

Et nous l'avons fait là, avec mes parents juste à côté. C'était excitant, vraiment, j'ai adoré. Bien sûr, il fallait être silencieux, alors que chez Steven je peux m'exprimer autant que je veux. L'interdit, la peur d'être surpris, je n'aurais jamais osé, mais quel bonheur !


Mes parents sont entrés dans la chambre un peu plus tard. Nous étions sagement assis devant la console.

— Ah les jeunes, accrochés à leurs jeux vidéo.

Nous sommes donc très bons comédiens. Enfin, je pense qu'ils n'auraient jamais osé imaginer ce que nous venions de faire ! À moins que...

— Pourquoi la porte était fermée ?

— On ne voulait pas faire trop de bruit avec notre jeu.

— Ça ne nous dérange pas.

Nous ne parlions pas du même jeu...


Enfin, nous avons quand même joué un bon moment, à la console.

— Je ne veux pas te vexer, Steven (je n'ai pas osé l'appeler chéri avec la porte entrouverte). Depuis le début, on joue toujours sans protection.

— Je voulais t'en parler aussi. La première fois, enfin la deuxième tentative, sous le coup de l'excitation, j'ai oublié. Ensuite, c'était conscient, c'est meilleur sans.

— Ce n'est pas que je n'ai pas confiance...

— Ne t'inquiète pas, c'est vrai que c'est con de le faire à découvert. Je ne me suis jamais mis en danger, mais on ne peut pas savoir. Tu m'accompagneras pour faire le test ?

— Pas de souci.

— D'ici là, on participera aux profits de Durex.

Au ton de sa voix, j'ai compris qu'il ne m'en voulait pas, qu'il trouvait ça normal. De toute façon, il est génial, c'est mon petit copain !

Le journal de Mathieu (4)Where stories live. Discover now