Jour 34

216 15 0
                                    

Jérémy est revenu en cours. Encore bien amoché ! Il a demandé à ne plus être mon binôme en physique chimie. Les profs ne sont pas sourds, ils ont connaissance des rumeurs. Donc la demande a été validée immédiatement et j'ai hérité d'un nouveau binôme : Céline. Je ne lui avais jamais vraiment parlé, mais bon, je ne peux pas non plus parler à tout le monde ! Elle a l'air sympa. Je ne suis pas très difficile, je pars toujours du principe que les gens sont cools. À eux de me démontrer si j'ai raison ou tort. Je commence toujours par un a priori positif.


J'ai quand même voulu parler à Jérémy, pour réussir à mettre un point final à cette histoire. J'ai bien remarqué qu'il a tout fait pour m'éviter, il ne voulait vraiment pas que nous discutions. Ça va être compliqué, nous sommes dans la même classe ! Le soir, après les cours, au café, Cyril est toujours présent. Il ne montre pas trop que nous commençons à devenir potes. Peut-être pour me protéger, plus sûrement pour se protéger lui. Et pour la discrétion, j'ai compris que les conversations devaient se passer... devant les urinoirs. J'y vais souvent, j'ai une petite vessie !


Cyril est venu se placer à côté de moi. C'est dingue le nombre de mecs que j'arrive à attirer aux toilettes alors qu'ils n'ont pas d'envie pressante...

— Je vois que Jérémy a compris la leçon.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Nous lui avons rendu une petite visite à l'hôpital.

— Pas de courtoisie, j'imagine !

— Nous lui avons bien mis dans le crâne que lui et ses potes ne devaient jamais plus t'approcher ni même te parler.

— Des menaces ?

— Pour ta propre protection. On connaît ce genre de mec. Il a commencé à dealer et il ne pourra pas s'arrêter. Il tentera de reprendre son petit commerce, en essayant de nous faire peur. Or il n'a qu'un seul moyen de nous donner une leçon : toi.

— Je ne comprends rien à vos histoires, je ne veux même pas y être mêlé.

— Tu n'as plus le choix. Il ne s'attaquera jamais à nous directement, mais il aurait pu vouloir te faire mal, juste pour nous lancer un avertissement. Si jamais tu le vois lui ou un de ses potes en train de te suivre ou de t'épier, tu nous appelles.

— D'accord.

J'ai dit ça pour stopper la conversation. Moi je ne veux pas être entre deux petites mafias. Je veux rester dans le monde des Bisounours !


En plus, je n'ai pas pu raconter ça à Steven en arrivant chez lui le soir. J'avais oublié que je ne pouvais rien lui cacher.

— Jérémy est revenu il paraît.

— Comment tu sais ça ?

— Sébastien. Il m'envoie beaucoup de textos ces derniers temps. Pour les choses dont il ne veut pas discuter directement avec toi. Il sait que j'ai beaucoup plus d'influence que lui en ce qui te concerne.

— Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

— En résumé : Jérémy t'évite et Cyril vient te parler devant les urinoirs.

— Donc tu sais tout. Je...

— Non, ne dis rien. Tu as tes raisons pour garder ce genre de secret, même si je n'apprécie pas du tout. Tu deviens pote avec Cyril ?

— Je crois, oui.

— Fais attention, mon beau gosse, il est dangereux.

— Je sais, mais quand on est que tous les deux, il est sympa, il a besoin d'un véritable ami, je ne peux pas non plus me le mettre à dos, c'est toi qui me l'as dit.

— Je veux que tu me racontes tout, sinon je ne peux pas te protéger.

— D'accord.

Tiens, je finis souvent les conversations par « d'accord », quand je n'ai pas envie de poursuivre sur un sujet. Donc au final, une seule personne veut me faire du mal, tous les autres sont là pour me protéger. Je devrais être rassuré.


Le journal de Mathieu (4)Where stories live. Discover now